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Paisani in anda pà a fiera di u Niolu. LC Canniccioni v 1910

29/10/17

Chère Hughette (4)

Saint Diè, ce 29 octobre 1917,

Ma vie ressemble à votre dernière lettre: sans cesse en retard.
Votre lettre, je l'ai reçue hier. Elle était datée de Noël 1916. Vous m'y souhaitiez la plus belle soirée possible et une joyeuse année à venir.
Je vous souhaite à mon tour donc, une belle et heureuse année 1917.
Et pour que cette année soit vraiment belle, il vous faudra m'oublier.
On n'aime plus un cadavre, fut-il encore en vie, on le pleure. On l'évoque et avec lui, on joue des souvenirs. On mime des monologues, c'est tout. Rien de tout cela n'est vrai. Je n'ai pas existé.
L'amour on le doit aux vivants car ils sont l'avenir. Nous sommes le passé.
Je vous ai pourtant tant aimée. Vous êtes irremplaçable, si seulement j'avais su vous le dire. Je suis un imbécile.
Ici, le ciel ce soir...

Votre Sarratu