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Paisani in anda pà a fiera di u Niolu. LC Canniccioni v 1910

30/05/18

E pò leghja !

E se maladessi, eiu, l'amori...

Lighjivu i pagini scritti da Lejean, opara santa, e mi pinsava à ciò chi Zi Gattupardu di a Midunetta aviva dettu (u ghjornu che nò chjappedemi, à a funtana di a Muneta, à Ghjuvan'Carlu dettu Nabulità cù Maria Stella di i Lianumeddi).
"L'amori ? Un annu di focu e di fiara, tren'anni di cenari..."
Tandu eiu : "O zì, è listessu par u mal' d'amori, sapeti ! Sò anni e anni di disgrazii e anni e anni di fredori."
E Ghjuvan'Carlu à cantà, in la sò lingua. Mi n'invengu ancu sempri:

"E par amar' à tia,
Sogu surdu e muttu,
Pattu più che nun patti,
Un dannatu,
Stò ind'i l'infernu,
E ti dumandu aiutu !"*



DaRobert Benson, Sketches of Corsica; Or, A Journal Written During a Visit to that Island, p151, London 1825.

27/05/18

Morfina (3)

Avril 1914*

"Puis, l'hiver arriva et passa et nous fûmes vaincus. Alors, tu fis un long voyage. Et Marie-Madeleine, témoin du tombeau vide, cette fois-ci se tut."


*Sempri stratu da u libru à u tintu Lejean (marcatu: "da dicembri à marzu di u 14". Quattru mesi e trè frasi, umbeh !).

26/05/18

Diluvià

Diluviu,
Diluvii
Diluvia
Diluviiami
Diluviati
Diluviani

À C (27)

Absence: n.f. emprunté au latin abstensia, de ab (> à) et de esse (> être). Abens est le participe présent de abesse: "être éloignée de". Remplace les formes anciennes apsence (1308), aucence (1318).
Fait pour quelqu'un, quelque chose de se trouver matériellement en un lieu déterminé réalisant le sens de "qui est là" et désignant le fait d'occuper puissamment toutes les pensées, tous les espaces jusqu'au moindre interstice de ce "là".
Synonymes: existence, compagnie, rayonnement.

A C. (26)

J'avais beau croire à Dieu et à ses saints, décidément, mes prières ne suffiraient pas à soulager mes peines. Je m'étais construit à l'image d'un homme fort. De ces hommes qui ne cèdent pas devant des niaiseries. Mais rien n'y faisait, je la portais dans moi comme un secret perpétuel. Au contraire même, plus.
Les prisons n'ont pas d'âge mais elles ont un début.

12/05/18

Morfina (2)

Je tournais les pages du cahier à Lejean...

Novembre 1913*

"Tu sais, il faut croire à l'histoire, il faut "interroger les temps anciens"(1)...
Ainsi, après la ville de L., ses parcs, les faubourgs (inutilement tristes) de V., les noms de notre histoire allaient se déplacer, plus loin, à l'ouest. Cet ouest aux embruns peu salés mais aux ciels puissants, aux soleils inspirants.
Les noms de ces là-bas, se finissaient souvent en "fleur", en "ville" ou en "bourg". Parfois additionnés de Saintes qui portent ton doux nom clair, quand ce n'était pas le nom, même, d'une fine rivière qui venait se jeter en équerre, là, au bord du port de H.
Pour notre plus grand bonheur les trains y arrivaient déjà. Tu riais, et sous ton linge blanc savait battre ton coeur.
T'en souviens-tu, il y avait de ces plages immenses où nous aimions marcher la nuit ? Donc, il y avait des ports. Des ports sombres, aux bateaux suspendus ! Des ports pathétiques que notre grand amour transfigurait d'un rien. 
Il y avait aussi ces rues âgées aux maisons, levées, serrées les unes contre les autres comme nulle part ailleurs. Ces maisons qui semblaient, pour certaines, tendues vers d'infinies marées où l'on savait déjà que des marins vivaient mais, qu'une fois partis, tous ne reviendraient pas. 
Mers nourricières, meurtrières ou mers douces... toutes à la fois!
Il y avait, sur une butte, un clocher étayé de madriers tordus, et à peine plus loin, cette église de bois, en coque renversée. On dit que cette église fut construite par d'habiles charpentiers plutôt habitués à dessiner les flancs ronds de navires terreneuviers. 
T'en souviens-tu ? Nous y sommes entrés et y avons prié mais sans être entendus: communion inutile. D'autres (et je parle au pluriel), pendant ce temps là, adressaient leurs prières au diable et elles parlaient plus forts et elles couvraient nos voix !
Tous ces noms peuvent, légitimement, te paraître étrangers. Je t'assure pourtant qu'ils ont tous existés et qu'ils furent, chacun, sur la carte de notre histoire ratée.

Et plus ces soirs passaient, et plus je sentais que ma vie allait partir de Toi.
Nous nous aimions si fort.

L'hiver qui arrivait, lui, allait nous vaincre mais ça, nous ne le savions pas, ou du moins, pas encore. Il avançait, patient. Et il allait passer et nous le pressentions, n'est-ce pas ? T'en souviens-tu ? Je t'aime mille ans après."


*Stratu da u libru di u tintu Lejean

Eugène Boudin


(1) Libru di u Deuteronomiu 4:32.

10/05/18

Stella

Ma d'induva mi sarà vinuta st'immaghjina, sta stella, ritagliulata in qualchi libru culuritu, sguiddata da u caiè di u tintu Lejean. "Pulpacciuti, sò curaddi li tò labbri, perli fini li tò denti..."


Giuditta e Oloferni (1598 c.)
Ditagliu
U Caravaggiu
 Roma, Palazzu Barberini.
(Cù l'aiutu di Paulu Filippi, à ringraziaddu)


07/05/18

À C. (25)

30 octobre 1913*,

(Très chère à mon coeur),

"Il ne savait plus rien, sur rien. Juste deux ou trois choses qui lui serviraient de guide.
Il savait seulement, après avoir tout oublié, qu'il n'avait jamais aimé personne d'autre qu'Elle. Il savait encore que cela n'avait désormais plus aucune importance, puisqu'il l'avait perdue depuis si longtemps.
Reconstruisant, alors comme un enfant, le mécanisme du monde à son image, il se dit, que l'on ne pouvait connaître vraiment l'amour qu'une seule fois dans une vie d'homme et qu'il en allait de même pour nous tous et, donc, qu'il en allait de même pour Elle aussi. 
Et, patatras, il ne savait plus s'il se trompait ou pas ? Il vacilla, le goût amer de la douleur de leurs étreintes prit le dessus, jusqu'à ne plus en pouvoir. Il ne domit pas cette nuit là, ni la nuit suivante d'ailleurs. Fatigué, blessé, balafré, il se dit que le désordre des choses allait pouvoir reprendre sa place: il allait oublier.
Cette nuit là, il allait sans doute écouter, égoïstement, sur son gramophone le nocturne n°...** de Chopin, son préféré. Et alors, comme à l'habitude, Elle lui parlerait d'Elle enfin, et il pourrait dormir !"

Stratu da u caiè di u tintu Lejean.
** U numaru, cui, un si pò leghja bè.

Conjugaison du verbe f

17 Octobre 1913*,

J'eff...
Tu t'effaces,
Il efface...
Je réécris, je souligne, je relis et réitère.

*Da u caiè di u tintu Lejean.

05/05/18

Caiè

"Eterni mari muti"* datteci una parodda, cà una, una sola, ma una quantunqua.
U caiè di u tintu Lejean era pienu à voci muti chi m'intratinivani.
M'arristava à leghja lu, e basta. Era u me duveri duvutu à a mimoria di l'amicu sparitu e chi m'aviva laccatu ssi pocchi scritti.

*Da P Croce

03/05/18

Septissemia

(Ci vuliva a didda e à ghjunghja à basgià u pomu ch'andavami da vescu in preti dipoi anni e anni...)
A mani Junot ci aviva mandatu una stafetta speciali. Appena arrivata à u campu, fui chjamatu.
U suldatu, tandu, à mè : "J'arrive d'Amiens. Voulez-vous, adjudant, me conduire auprès du colonel Cremillot, je vous prie? J'ai une terrible nouvelle: le capitaine Lejean est mort d'une septicémie, à l'hôpital, ce matin à 4 heures !"
Lejean, mortu, erani compii le sò peni...
Me ciarbeddu, imbambulitu, subissò in timpesta. Mi pariva d'avè persu e à babbu, e un amicu, e un parenti caru. Pinseti, mi rimittivu à eddu e cà à eddu. Mi vensini tandu sti primi paroddi: "Emi fattu tantu insemi o Lejean ! E quali ci ha da essa, avali, à cuntammi i sò provi amurosi, cù li sò "Ut duo" e li sò "Tête d'Or".
S'era spusatu à a morti, tintacciu, e a morti è cumpagna fideli, mirè.
Parò, dipoi a l'iniziu di sta guerra, a morti l'avivami guasgi dumata, accuncciata, si pò dì, parò u "guasgi" un era cà "guasgi", si capisci...
A sera, à 5 ori fui chjamatu, eiu, da u stessu culuneddu Cremillot. Senta, sintivu u sò discorsu, ma à pizzateddi stracciati : "Lejean... soldat valeureux...adjudant, cette guerre est si dure... nous nous devons... nos compagnons... morts... combat... force, courage, abnegation... dernières volontés... remets... carnet... il a demandé... Vous."

Eru scomossu e mi truvedi, quidda sera, cù lu sò caiè in manu, prontu ad annigammi in stu mari d'inchjostru, di disgrazii disumani, ch'eddu ùn n'avarà mancatu di purtà in scrittura. Puvarettu.