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Paisani in anda pà a fiera di u Niolu. LC Canniccioni v 1910

12/08/16

Lettara sunniata

Paris, le 10 août 1916

Cher Sarratu,

Je vous écris de Paris où ma tante et moi avons décidé, enfin, de nous réfugier chez une petite parente. Une aristocrate très originale.
D du B... est une personne adorable, cultivée et très débrouillarde. Tante dit affectueusement d'elle qu'elle est une contesse aux nus pieds...
Que vous dire si ce n'est que ses journées sont rythmées par la peinture, le chant, la lecture et d'autres petites choses insignifiantes qui, dans sa bouche, deviennent instantanément des histoires extraordinaires ?!
Nous nous sommes entendues: tante donnera chaque mois l'équivalent d'un petit loyer, déduction faite de menus travaux ménagers que je me suis engagée à faire pour nous rendre service à toutes trois (...)
Mon passe-temps favori est de me promener sur les quais près de la maison, où une infinité de commerces proposent une infinité d'oiseaux et autres animaux exotiques (...)
Votre Ouguetta qui pense sans arrêt à vous, mais qui vous laisse bien seul, n'est-ce pas ? Et qui s'est en plus éloignée de vous, mais ne ne vous oublie pourtant pas.
M'autorisez vous à vous dire tout cela ?
Et puis, zut ! Je vous aime.