"Il y avait avec nous un fier jeune homme, il avait 23 ans. Lui aussi venait de la montagne. Il creuse et sculpte le bois. Regardez capitaine, ma canne, celle qui donne les assauts, vous la connaissez, n'est-ce pas : Sylvestre Perronton !
Il parlait de ces cascades qui, dès novembre, naissent des montagnes, toujours au même endroit et, qui disent, à ceux qui savent, si l'hiver sera rude. Il parlait de ses bêtes rentrées, pour des mois, dans les maisons, en bas. Il parlait des merles philomèles. Il nous parlait aussi du bruissement de la pluie, quand elle mouille la neige, lors des redoux d'hivers.
Mais lui c'était Céline, Céline de Thyzet. Oh, comme ses yeux s'illuminaient quand il nous parlait d'elle.
Il nous parlait aussi de sa vallée de l'Arve. Au début, (lorsque je parlais mal), je croyais qu'il parlait de "la vallée de larmes" (un proverbe de chez nous dit bien : "A vita è un vaddi di lacrimi...").
Ici, l'alboche était toujours battu par nos conversations de pays et de femmes. Elles avaient toutes, pour chacun, le pouvoir de nous transporter en rêves, loin d'ici.
Heureusement que nous les avions, car nous n'avions que ça !"
.
30/01/18
29/01/18
28/01/18
Muvimenti (2)
Le C.H.R et le 1e Bataillon font mouvement et gagnent, le 1e Btn, le Fays et Prey où ils stationnent. La C.H.R rejoint le EM (sic) du Régiment et le 3e Bataillon à Lépange.
État Major, 2e Bataillon et 3e Bataillon sans changement.*
*Op. cité
État Major, 2e Bataillon et 3e Bataillon sans changement.*
*Op. cité
27/01/18
La Samaritaine (2)
Paris, ce 26 janvier 1918
Cher Sarratu,
J'ai tellement de choses à vous dire mais vous devez savoir, avant tout, que, depuis hier, je travaille à la Samaritaine !
J'ai la charge d'une partie d'un rayon qui s'occupe principalement de petites réparations de couture. Nous pouvons aller jusqu'à faire des reprises à un accroc, sur l'instant. M Brulelliot, notre responsable, est adorable et aidant. Il est ancien combattant de cette sale guerre...
Je suis à moins de dix minutes de marche de la maison. Mais je vous en dirai plus dans quelques jours.
A propos de jours, j'en ai comptés déjà huit, sans aucune nouvelles de vous. Je suis triste, assaillie de mille questions. Cette année est bizarre. J'incrimine les postes, la météorologie, les trains, les nuages...
Vous devez me répondre.
Dans l'attente, je vous adresse mon expiante pensée.
Votre Marie-Hughette
Cher Sarratu,
J'ai tellement de choses à vous dire mais vous devez savoir, avant tout, que, depuis hier, je travaille à la Samaritaine !
J'ai la charge d'une partie d'un rayon qui s'occupe principalement de petites réparations de couture. Nous pouvons aller jusqu'à faire des reprises à un accroc, sur l'instant. M Brulelliot, notre responsable, est adorable et aidant. Il est ancien combattant de cette sale guerre...
Je suis à moins de dix minutes de marche de la maison. Mais je vous en dirai plus dans quelques jours.
A propos de jours, j'en ai comptés déjà huit, sans aucune nouvelles de vous. Je suis triste, assaillie de mille questions. Cette année est bizarre. J'incrimine les postes, la météorologie, les trains, les nuages...
Vous devez me répondre.
Dans l'attente, je vous adresse mon expiante pensée.
Votre Marie-Hughette
Muvimenti (1)
Avemi marchjatu a nuttata intera da u fronti à "l'arriera".
La C.H.R* et le 1er Btn quittent Mondrayet se rendent à Yvoux, où ils cantonnent.
Le 2e Btn se rend à Le Roulier où il stationne. L'E.M du Régiment, le 3e Btn se rendent à Lépange et Deycimont où ils stationnent.
Mouvements effectués sans incident*.
*Compagnie Hors Rang.
** JMO op. cité
La C.H.R* et le 1er Btn quittent Mondrayet se rendent à Yvoux, où ils cantonnent.
Le 2e Btn se rend à Le Roulier où il stationne. L'E.M du Régiment, le 3e Btn se rendent à Lépange et Deycimont où ils stationnent.
Mouvements effectués sans incident*.
*Compagnie Hors Rang.
** JMO op. cité
24/01/18
Dettu (2)
"Sturzuleghja u lumi di a mimoria di fronti à i piaghi prufondi."*
*Aragon, Le roman inachevé, p 99, Gallimard, 1956.
25 janvier 1918
La relève s'est effectuée sans incident.
Le 2e Bataillon (u meiu) se porte sur Aumontzey et le 3e sur Vienville. Mouvements effectués sans incident.
Pertes néant.*
*JMO op. cité
Le 2e Bataillon (u meiu) se porte sur Aumontzey et le 3e sur Vienville. Mouvements effectués sans incident.
Pertes néant.*
*JMO op. cité
20/01/18
Tarra ingorda
Sanguinava.
I tanghi pinzuti l'intazzavani i carri, l'intagliavani lu fronti. A minima gucciaredda di lu sò sangui, era una gucciaredda di lu nostru chi si perdiva, in tarra. Agna goccia chi puntava e pò li sgucciulava in fronti, era goccia di lu nostru, u sangui. Agna, agna goccia di li nostri pienti era lacrima di soii, i pienti.
Era Eddu, erami noi, suffarenza. Ma, Eddu, era amori, dinò !
I tanghi pinzuti l'intazzavani i carri, l'intagliavani lu fronti. A minima gucciaredda di lu sò sangui, era una gucciaredda di lu nostru chi si perdiva, in tarra. Agna goccia chi puntava e pò li sgucciulava in fronti, era goccia di lu nostru, u sangui. Agna, agna goccia di li nostri pienti era lacrima di soii, i pienti.
Era Eddu, erami noi, suffarenza. Ma, Eddu, era amori, dinò !
Cristo coronato di spina, (ditagliu)
Beato Angelico
1430-1450
Livorno
Noces de paille
Très chère Marie-Hughette,
Ainsi donc la censure a-t-elle retenu mes mots. Peut-être est-ce mieux ainsi ?
La censure nous lit, nous suit, commente la douleur. La censure nous épie, mais ça, vous le saviez déjà, bref.
Je disais simplement dans ma dernière lettre, combien je tiens encore à vous... Je vous disais d'autres choses...
Je vous disais, enfin je crois, que nous irons ensemble, un jour, "au Café bleu", tu riras et moi, j'en serai fier..."
Sf
Ainsi donc la censure a-t-elle retenu mes mots. Peut-être est-ce mieux ainsi ?
La censure nous lit, nous suit, commente la douleur. La censure nous épie, mais ça, vous le saviez déjà, bref.
Je disais simplement dans ma dernière lettre, combien je tiens encore à vous... Je vous disais d'autres choses...
Je vous disais, enfin je crois, que nous irons ensemble, un jour, "au Café bleu", tu riras et moi, j'en serai fier..."
Sf
18/01/18
18 janvier 1918
Paris ce 18 janvier 1918,
Mon cher soldat, mon amour immense,
J'ai été confrontée hier a une énigme, après avoir reçu une lettre vide de tout signe et provenant visiblement de vous.
Je me suis dit alors que la censure militaire avait agi et me privait de vos chères paroles.
Sans doute me parliez-vous, en détail, de vos conditions de vie, de vos douleurs, de vos combats ? Comment savoir ? Pouvez-vous me récrire tout cela ? Nous saurons vaincre la censure, n'est-ce pas?
Permettez-moi de vous adresser toute la chaleur de mon amour infini, pour ce que vous êtes, pour ce que vous avez été et pour ce que vous serez. Et tout cela malgré les contraintes qui pèsent tant sur nous.
Ici, la ville a retrouvé son rythme habituel...
Mon cher soldat, mon amour immense,
J'ai été confrontée hier a une énigme, après avoir reçu une lettre vide de tout signe et provenant visiblement de vous.
Je me suis dit alors que la censure militaire avait agi et me privait de vos chères paroles.
Sans doute me parliez-vous, en détail, de vos conditions de vie, de vos douleurs, de vos combats ? Comment savoir ? Pouvez-vous me récrire tout cela ? Nous saurons vaincre la censure, n'est-ce pas?
Permettez-moi de vous adresser toute la chaleur de mon amour infini, pour ce que vous êtes, pour ce que vous avez été et pour ce que vous serez. Et tout cela malgré les contraintes qui pèsent tant sur nous.
Ici, la ville a retrouvé son rythme habituel...
17/01/18
Ban de Laveline (6)
Ban de Laveline, ce 1er janvier 1918
Ma bien chère Marie-Hughette,
Le froid s'est emparé de tout. La glace a même figé l'encre de ma plume. Impossible de former une seule lettre.
Je ne vous écrirai plus.
Je ne dérangerai plus l'ordre que vous vous appliquez à mettre dans votre vie.
Je vous laisse quelque part entre Chatelet, les Gobelins, Port-Royal, les rues de commerces et ailleurs.
Il vous faut avancer et cesser de me lire. Il y a, pour vous, tant de paysages à voir, de vies à inventer, d'univers à explorer, d'eaux chaudes à gouter, de musiques nouvelles à entendre, de réussites à venir...
Je ne suis que désordre, boue et tracas.
Sachons être déloyaux à chacune de nos promesses intimes et si l'un de nous devait leur rester fidèle, alors tant pis pour lui.
Puisse la mort venir et puisse-t-elle avoir votre vrai* prénom.
Je vous aime.
Sf
*(Le mot est souligné, c'est ici la seule trace vraiment visible de la pointe du stylographe, laissé en creux, sur le papier. Le reste demeure indéchiffrable.)
(NdlA: on dit a Ban de Laveline que la température était descendue à -27°C cette nuit là).
Ma bien chère Marie-Hughette,
Le froid s'est emparé de tout. La glace a même figé l'encre de ma plume. Impossible de former une seule lettre.
Je ne vous écrirai plus.
Je ne dérangerai plus l'ordre que vous vous appliquez à mettre dans votre vie.
Je vous laisse quelque part entre Chatelet, les Gobelins, Port-Royal, les rues de commerces et ailleurs.
Il vous faut avancer et cesser de me lire. Il y a, pour vous, tant de paysages à voir, de vies à inventer, d'univers à explorer, d'eaux chaudes à gouter, de musiques nouvelles à entendre, de réussites à venir...
Je ne suis que désordre, boue et tracas.
Sachons être déloyaux à chacune de nos promesses intimes et si l'un de nous devait leur rester fidèle, alors tant pis pour lui.
Puisse la mort venir et puisse-t-elle avoir votre vrai* prénom.
Je vous aime.
Sf
Lettara muta
*(Le mot est souligné, c'est ici la seule trace vraiment visible de la pointe du stylographe, laissé en creux, sur le papier. Le reste demeure indéchiffrable.)
(NdlA: on dit a Ban de Laveline que la température était descendue à -27°C cette nuit là).
16/01/18
16 janvier 1917
A 3h30 le P.P. 37 (P.A. de 766) 11 Cie est attaqué par une vingtaine d'allemands. Malgré la faible composition du P.P (1 sergent*, 1 caporal et 5 hommes) il résista opiniâtrement.
L'ennemi a procédé par encerclement. Le vent O-E, très violent permit à l'ennemi de s'approcher. Ce ne fut que quand il se trouva à quelques mètres du P.P qu'il fut éventé par les guetteurs.
L'affaire fut menée très violemment et nos renforts n'eurent pas le temps d'arriver. Devant notre résistance, les boches se replièrent en emportant leurs blessés. Le F.M du P.P se mit en batterie et tira dans la direction du repli.
L'ennemi était armé de revolvers et de poignards. Il avait en outre des grenades reliées par trois et faisant par conséquent triple charge. Une mitrailleuse tira sur 766 quelques instants avant et après l'affaire.
Tués Blessés
Pertes
Officier
Troupe 1 2 (dont le chef de poste*, grièvement)**
*(M'hani dettu cusì: ch'eddu c'era statu stu colpu ch'e vi dicu. Ch'eddi si sò trovi inchjustrati. Hani persu un omu di quiddi di Uceine e cà essa firtu, d'una manera grava, era statu appuntu à Uceine. L'hani purtatu, doppu à l'aritrosa, à u spidali, cù un antru. È ch'eddu era statu brusgiatu à i mani e a faccia da una vampa di focu di fosforu. È cusì chi m'ha dettu à Junot).
** JMO, op cité.
15/01/18
14 janvier
14 janvier,
Journée calme. Faible activité des patrouilles, par suite du mauvais temps*
Pertes: néant.*
*JMO. Op cité
14/01/18
Bonne année !
Paris, ce 1er janvier 1918
Mon cher soldat,
Que vous dire sinon que votre présence innonde mes sens. Moins vous m'écrivez et plus il me semble recevoir de longues lettres de vous, tant vous occupez chacun de tous mes monologues.
Il y a quelques jours de cela, notre logeuse, nous a amenées, tante et moi à la Samaritaine.
Le magasin, malgré les restrictions, était bondé d'une foule insouciante de la guerre et de ses méfaits, toute à sa frénésie de fêter le nouvel an.
Mme D du B. a vraiment insisté pour que l'on fasse une photographie de moi, sans coiffe et avec son collier et ses boucles d'oreilles. J'ai dû aussi enfiler sa robe. J'ai eu, un moment, l'impression de ressembler à une guirlande. Ne riez pas, non plus, de ma coiffure! Et puis, foin de tout cela, je me suis dit qu'au moins vous auriez une image de moi, à jeter aux orties ou à glisser dans votre portefeuille, au choix !
Mon cher guerrier je rêve tant à ce jour, doublement de paix, qui nous réunira, puisse-t-il venir bientôt et être en tous points conforme à mon souhait secret.
Je vous aime.
(On me dit que le courrier militaire est très en retard en ce moment, mais, écrivez-moi vite, je vous en prie), vous m'apportez la vie.
Votre Marie-Hughette
Mon cher soldat,
Que vous dire sinon que votre présence innonde mes sens. Moins vous m'écrivez et plus il me semble recevoir de longues lettres de vous, tant vous occupez chacun de tous mes monologues.
Il y a quelques jours de cela, notre logeuse, nous a amenées, tante et moi à la Samaritaine.
Le magasin, malgré les restrictions, était bondé d'une foule insouciante de la guerre et de ses méfaits, toute à sa frénésie de fêter le nouvel an.
Mme D du B. a vraiment insisté pour que l'on fasse une photographie de moi, sans coiffe et avec son collier et ses boucles d'oreilles. J'ai dû aussi enfiler sa robe. J'ai eu, un moment, l'impression de ressembler à une guirlande. Ne riez pas, non plus, de ma coiffure! Et puis, foin de tout cela, je me suis dit qu'au moins vous auriez une image de moi, à jeter aux orties ou à glisser dans votre portefeuille, au choix !
Mon cher guerrier je rêve tant à ce jour, doublement de paix, qui nous réunira, puisse-t-il venir bientôt et être en tous points conforme à mon souhait secret.
Je vous aime.
(On me dit que le courrier militaire est très en retard en ce moment, mais, écrivez-moi vite, je vous en prie), vous m'apportez la vie.
Votre Marie-Hughette
Edith Florence Carter-Wood
09/01/18
À C. (20)
Addurmentati.
Cusì pagna è la notti,
Quidda chi t'ha cumpagna.
U mè cori à l'abbotu,
Và innambulatu,
Mi scoti e mi riscoti,
Addurmentami.
Chi, lu
Nostr'amori è vintu,
Nostr'amori è ridottu !
Cusì pagna è la notti,
Quidda chi t'ha cumpagna.
U mè cori à l'abbotu,
Và innambulatu,
Mi scoti e mi riscoti,
Addurmentami.
Chi, lu
Nostr'amori è vintu,
Nostr'amori è ridottu !
Richard E Miller
At the Windows (ditagliu) c.a 1911
Nelson-Atkins Museum of art
Kansas City
08/01/18
8 janvier
Calme. Faible activité de patrouille de part et d'autre, suite au mauvais temps.
Pertes: néant*.
E noi altri ad attizzà i brasgi indi a cennara spinta di i cirtezzi cecchi !
E un frettu chi, basta! Era ssu cotru binidettu. S'era presu omi, animali, mascini, mutori, culatti ecc... tutti oramai vanni.
E Talamasca, partutu, frimavu solu.
E a vita cusigna...
* JMO du 171e Régiment d'infanterie
5 avril 1917 - 31 mars 1918 26 N 708/7 in:
http://www.memoiredeshommes.sga.
defense.gouv.fr
Pertes: néant*.
E noi altri ad attizzà i brasgi indi a cennara spinta di i cirtezzi cecchi !
E un frettu chi, basta! Era ssu cotru binidettu. S'era presu omi, animali, mascini, mutori, culatti ecc... tutti oramai vanni.
E Talamasca, partutu, frimavu solu.
E a vita cusigna...
* JMO du 171e Régiment d'infanterie
5 avril 1917 - 31 mars 1918 26 N 708/7 in:
http://www.memoiredeshommes.sga.
defense.gouv.fr
05/01/18
4 janvier 1918
Une patrouille d'embuscade* reçoit à proximité de la maison Forestière de la Gravelle quelques grenades à ailettes et rafales de mitrailleuse.
En face du P.P. 7 du P.A Réduit, une patrouille ennemie tente de s'approcher de notre chicane. Les guetteurs ouvrent le feu et elle se replie immédiatement. 4 grenades sont trouvées à proximité et une échelle en corde.N°1214 Ordre de Relève (...)
Pertes: néant**
*(Saria statu a pattruglia cummandata da Uceine)
**JMO, op. cité
01/01/18
1er Janvier 1918
Journée calme.
Perte, néant*.
C'era una massa di canadiani in villa e ci vuliva à senta ssi : "Api in un ghjieru" ch'eddi si lampavani.
Andarè pò tù à sapè l'usi di l'uni e di l'altri, e a cunnoscia i sò lingui?!
*JMO. Op. cité.
Perte, néant*.
C'era una massa di canadiani in villa e ci vuliva à senta ssi : "Api in un ghjieru" ch'eddi si lampavani.
Andarè pò tù à sapè l'usi di l'uni e di l'altri, e a cunnoscia i sò lingui?!
*JMO. Op. cité.
31/12/17
30/12/17
Uceine
Si le sort t'abandonne va à lui d'un pied sûr.
Erami sempri à tola cù Talamasca, quandi intrò à Uceine (u chjamavani cusì ma nantu à i sò papiers c'era scrittu Houcine). St'Uceine che vi dicu, marucanu, era una massa tamanta à un scaloni. L'avivami fattu sargenti ch'ancun'eddu i "colpi di manu" che nò faccivami? Ni surtivami sempri vincitori, sempri. Cù a forza d'un torru, cù a malizia paisana di a volpi. Sappiva manighjà i sò omi, sappiva.
Eiu: "Viens, sergent te poser avec nous."
Prisentazioni fatti, agnunu diciva a soia...
Tandu à Uceine (ind'a sò lingua): "Oh comme j'ai ri ce matin en entendant ceci:
"Ayanna tannay titt inw ayanna ittay uyari,
Ila ykkat sa, meskin, ayn i serman nnes ggWAsal !"*
Eiu (à Talalasca): Aghju capitu ch'eddi erani "mischini in Sermanu", e tù ?
Talamasca: Eiu (...)? Listessu !
Eiu (à Uceine): "Sergent, si tu me fais la traduction en français, je te donne celle en corse".
Uceine: "Nous étions ce matin au combat quand un de mes soldats me dit (en poésie):
"Ce que perçoit l'oeil, la balle peut l'atteindre,
Le mortel qu'elle frappe a aussitôt les tripes à l'air."*
Alors j'ai ri, mais ri, de toute cette insouciance !"
Tandu, eiu à Uceine: "Ciò chi cù l'occhju si vedi, a badda u pò tuccà,
E quiddu chi a si busca, civi in tarra, sigura, ch'eddu si truvarà !"
Ridivami di tuttu (ma massimu di noi).
Talamasca: "Cortche qu'on est !!!"**
Eiu: "Si le sort t'abandonne..."
E Uceine cù megu: "Va à lui d'un pied sûr..." (È Lejean chi diciva sempri cusì, i seri di varmazzu maiori (veni à dì tutti i seri, o guasgi)).
O a risata... fattu si sta chi a notti s'e passata cusì.
*Poésies berbères, testu 16, p. 106, Arsène Roux, Edisud/"Bilingues", 2002.
**(Corci à noi).
Erami sempri à tola cù Talamasca, quandi intrò à Uceine (u chjamavani cusì ma nantu à i sò papiers c'era scrittu Houcine). St'Uceine che vi dicu, marucanu, era una massa tamanta à un scaloni. L'avivami fattu sargenti ch'ancun'eddu i "colpi di manu" che nò faccivami? Ni surtivami sempri vincitori, sempri. Cù a forza d'un torru, cù a malizia paisana di a volpi. Sappiva manighjà i sò omi, sappiva.
Eiu: "Viens, sergent te poser avec nous."
Prisentazioni fatti, agnunu diciva a soia...
Tandu à Uceine (ind'a sò lingua): "Oh comme j'ai ri ce matin en entendant ceci:
"Ayanna tannay titt inw ayanna ittay uyari,
Ila ykkat sa, meskin, ayn i serman nnes ggWAsal !"*
Eiu (à Talalasca): Aghju capitu ch'eddi erani "mischini in Sermanu", e tù ?
Talamasca: Eiu (...)? Listessu !
Eiu (à Uceine): "Sergent, si tu me fais la traduction en français, je te donne celle en corse".
Uceine: "Nous étions ce matin au combat quand un de mes soldats me dit (en poésie):
"Ce que perçoit l'oeil, la balle peut l'atteindre,
Le mortel qu'elle frappe a aussitôt les tripes à l'air."*
Alors j'ai ri, mais ri, de toute cette insouciance !"
Tandu, eiu à Uceine: "Ciò chi cù l'occhju si vedi, a badda u pò tuccà,
E quiddu chi a si busca, civi in tarra, sigura, ch'eddu si truvarà !"
Ridivami di tuttu (ma massimu di noi).
Talamasca: "Cortche qu'on est !!!"**
Eiu: "Si le sort t'abandonne..."
E Uceine cù megu: "Va à lui d'un pied sûr..." (È Lejean chi diciva sempri cusì, i seri di varmazzu maiori (veni à dì tutti i seri, o guasgi)).
O a risata... fattu si sta chi a notti s'e passata cusì.
*Poésies berbères, testu 16, p. 106, Arsène Roux, Edisud/"Bilingues", 2002.
**(Corci à noi).
29/12/17
27 décembre 1917
Tir de nos mitrailleuses sur le Bois Menaçant (sic), Côte 607 et les mitrailleuses du Dansant de la Fête (re sic) - Exercices d'alerte dans le P.A Wisembach en cas d'attaque brusquée.
Rien à signaler.
Pertes: néant*
*JMO op cité.
Rien à signaler.
Pertes: néant*
*JMO op cité.
Pauraccia
C'erami trovi una cantina nant' a traversa vicinu à a ghjesgia. Era ind'à Manetta o un nomi cusigna. Ci riscaldavami.
Parlavami di i tempi (chi sti tempi cuì erani cum'à i tempi d'avali: c'erami cunnisciuti à a guerra ed era appuntu sempri a listessa che noi t'avivami oghji cuì...)
Era statu "virsatu" indi u 265 RI, sempri sargenti e senza prumozioni e c'era vulsutu ch'eddu passessi par St Diè, à ritruvà u sò regimentu.
Infini chi passavani l'ori quandi d'un colpu Talamasca fù pigliatu da a diciaredda.
Persu tandu ind'i sò discorsi di verità vera (dendummi, sta volta, di voi) dissi:
"Chereti, à mè, ciò ch'aghju fattu eiu ?
È cusì ?
Tandu a v'aghju da dì ni: aghju viaghjatu d'una stedda à l'altra senza mancu sapè induva andava. Aghju fattu, eiu, esercizii, passatu rivisti e rivisti, zappatu ind'i tranchées, trascinatu bilfarru e sacchi piena à tarra, tinutu notti e notti di vardia. T'aghju avutu a fami senza avè da magnà, t'aghju avutu a setti senza mancu un avè da bia, t'aghju avutu u sonnu senza pudè dorma, t'aghju avutu u frettu senza pudè scaldammi, pidochji senza pudè grattammi... eccu!
Eccu, basta ?
Iè, eccu e basta... ancu megliu, nò, chi tuttu quista un è nudda. V'aghju da dì l'occupazioni maiori di sta guerra, a sola chi conta: AGHJU AVUTU A PAURA."*
Puvarettu era sinceru. À chi un la cunnisciuta un pò parlà.
*La peur, Gabriel Chevallier, Le Dilettante, 2008
Parlavami di i tempi (chi sti tempi cuì erani cum'à i tempi d'avali: c'erami cunnisciuti à a guerra ed era appuntu sempri a listessa che noi t'avivami oghji cuì...)
Era statu "virsatu" indi u 265 RI, sempri sargenti e senza prumozioni e c'era vulsutu ch'eddu passessi par St Diè, à ritruvà u sò regimentu.
Infini chi passavani l'ori quandi d'un colpu Talamasca fù pigliatu da a diciaredda.
Persu tandu ind'i sò discorsi di verità vera (dendummi, sta volta, di voi) dissi:
"Chereti, à mè, ciò ch'aghju fattu eiu ?
È cusì ?
Tandu a v'aghju da dì ni: aghju viaghjatu d'una stedda à l'altra senza mancu sapè induva andava. Aghju fattu, eiu, esercizii, passatu rivisti e rivisti, zappatu ind'i tranchées, trascinatu bilfarru e sacchi piena à tarra, tinutu notti e notti di vardia. T'aghju avutu a fami senza avè da magnà, t'aghju avutu a setti senza mancu un avè da bia, t'aghju avutu u sonnu senza pudè dorma, t'aghju avutu u frettu senza pudè scaldammi, pidochji senza pudè grattammi... eccu!
Eccu, basta ?
Iè, eccu e basta... ancu megliu, nò, chi tuttu quista un è nudda. V'aghju da dì l'occupazioni maiori di sta guerra, a sola chi conta: AGHJU AVUTU A PAURA."*
Puvarettu era sinceru. À chi un la cunnisciuta un pò parlà.
*La peur, Gabriel Chevallier, Le Dilettante, 2008
24/12/17
U ritornu di Talamasca
D'una boci cunnisciuta:
"Ô Sarrà, infilacastreghji sempri ? T'aghju sculunatu da luntanu mirè !"
Pigliu, mi voltu e à quali mi vegu ???"
À Talamasca !!!
Appena, appena invicchjatu, a barba tagliata. Ben' missu...
È statu, stu mumenti, u rigalu più beddu ch'eddi mi pudivani fà.
Talamasca, l'amicacciu castagnicciaiu, mancu à dì ! U mè sargenti istruttori ! Un paisanu, un'amicu, e di i veri !
Eiu: "Comu sarà chi tù ti sì persu par sti Saint Diè, cuì ?!"
Tandu eddu: " Ohh uhhh ch'anche tù... Mi che tu sè aghjutenti ! Ti devu u rispettu, ti devu, veni, chi t'aveni tantu da cuntà..."
"Una minuta, o amicu, vogu à veda u capitanu, chi m'ha fattu chjamà, e voltu e tandu ci spiigaremi. Passemi sta veghja natalesca insemi ?"
"Abbò, nò !!!"
"Ô Sarrà, infilacastreghji sempri ? T'aghju sculunatu da luntanu mirè !"
Pigliu, mi voltu e à quali mi vegu ???"
À Talamasca !!!
Appena, appena invicchjatu, a barba tagliata. Ben' missu...
È statu, stu mumenti, u rigalu più beddu ch'eddi mi pudivani fà.
Talamasca, l'amicacciu castagnicciaiu, mancu à dì ! U mè sargenti istruttori ! Un paisanu, un'amicu, e di i veri !
Eiu: "Comu sarà chi tù ti sì persu par sti Saint Diè, cuì ?!"
Tandu eddu: " Ohh uhhh ch'anche tù... Mi che tu sè aghjutenti ! Ti devu u rispettu, ti devu, veni, chi t'aveni tantu da cuntà..."
"Una minuta, o amicu, vogu à veda u capitanu, chi m'ha fattu chjamà, e voltu e tandu ci spiigaremi. Passemi sta veghja natalesca insemi ?"
"Abbò, nò !!!"
24 décembre 1917
À 15 heures, après une forte préparation d'artillerie, un coup de main est exécuté sur la Saillant des Yaux, sous les ordres du Lt Bonnière, a pénétré dans les lignes ennemies qui avaient été complètement évacuées.
Après avoir détruit quelques abris, il rentre dans nos lignes. Violents tirs de barrage d'Artillerie d'A.T. et de mitrailleuses.
Pertes:
Officier: Lt Bonnière Cdt la 3ème Cie du 171e: tué.
Troupe: 4 hommes du 171e: tués
1 sapeur du Génie: blessé
3 hommes du 171e: blessés
N° 876, Ordre de Relève...*
*JMO, op cité
Après avoir détruit quelques abris, il rentre dans nos lignes. Violents tirs de barrage d'Artillerie d'A.T. et de mitrailleuses.
Pertes:
Officier: Lt Bonnière Cdt la 3ème Cie du 171e: tué.
Troupe: 4 hommes du 171e: tués
1 sapeur du Génie: blessé
3 hommes du 171e: blessés
N° 876, Ordre de Relève...*
*JMO, op cité
16/12/17
L'eau sacrée
Lejean, à lu sò scagnu: in uni scorru cù l'appareghju di transmissioni à dritta, u gramofonu vicinu à l'arecchja manca.
Tamantu accuncciamentu da sminticà u rumori guerrieri chi li vinivani megliu i lagni longhi e languenti di a cantatrici! Fila cori, fila.
"Ecoutez donc ces voix qui nous appellent, adjudant:"
"Ecoutez donc ces voix qui nous appellent, adjudant:"
"Lakmé
Tu m'as donné le plus doux rêve
Qu'on puisse avoir sous notre ciel,
Tu m'as donné le plus doux rêve
Qu'on puisse avoir sous notre ciel,
Reste encore pour qu'il s'achève
Ici, loin du monde réel ...
Tu m'as dit des mots de tendresse
Que les hindous ne savent pas,
Et tu m'as appris l'ivresse
Des aveux murmurés tout bas.
Gérald
Ce que je lis sur ton visage,
Ma Lakmé, me glace d'effroi.
De tout, mon âme se dégage
Et je ne serai plus qu'à toi.
Lakmé
Ah! maintenant, je veux te croire,
Voici la coupe où je vais boire.
Prends! ...
(...)
Gérald
Non ! Ce n'est pas la mort,
C'est la vie ardente
Qui coule à plein bord
Sur ta lèvre frémissante.
Ah!
Qu'autour de moi tout sombre."*
Ici, loin du monde réel ...
Tu m'as dit des mots de tendresse
Que les hindous ne savent pas,
Et tu m'as appris l'ivresse
Des aveux murmurés tout bas.
Gérald
Ce que je lis sur ton visage,
Ma Lakmé, me glace d'effroi.
De tout, mon âme se dégage
Et je ne serai plus qu'à toi.
Lakmé
Ah! maintenant, je veux te croire,
Voici la coupe où je vais boire.
Prends! ...
(...)
Gérald
Non ! Ce n'est pas la mort,
C'est la vie ardente
Qui coule à plein bord
Sur ta lèvre frémissante.
Ah!
Qu'autour de moi tout sombre."*
* Lakmé, attu III n°19, L Delibe (1883), libriolu di E Gondinet e P Gille.
15/12/17
Filusufia ?
Lejean :"Je lis... Adjudant, si le corse est si riche, il peut dire aussi la philosophie, non? Dites-moi, comment diriez vous en corse : "C'est une erreur de prétendre que la contradiction est inconcevable, car c'est bien dans la douleur du vivant qu'elle a son existence réelle"*
Eiu: "Je ne sais pas, certains prétendent même que notre langue ne se parle pas mais se siffle... Peut-être est-ce vrai ? Sinon, j'essayerais de dire: À chi pratenda chi u cuntradittoriu è inconcipivuli, si sbaglia, chi, è puru ind'i u dulori di u vivu ch'eddu teni u sò soffiu, u veru."*
Lejean : "Tous vos mots se terminent en "ou", on dirait !"
Eiu :"Vous savez capitaine, tous nos mots auront un jour une fin."
*Hegel
Eiu: "Je ne sais pas, certains prétendent même que notre langue ne se parle pas mais se siffle... Peut-être est-ce vrai ? Sinon, j'essayerais de dire: À chi pratenda chi u cuntradittoriu è inconcipivuli, si sbaglia, chi, è puru ind'i u dulori di u vivu ch'eddu teni u sò soffiu, u veru."*
Lejean : "Tous vos mots se terminent en "ou", on dirait !"
Eiu :"Vous savez capitaine, tous nos mots auront un jour une fin."
*Hegel
06/12/17
Survivre
Lejean: "J'imagine les survivants et leurs mots inutiles. Vous verrez qu'un jour, nous aurons droit à ce genre de phrases écrites par de faux poètes :
"Nous avons le souvenir, ils ont l'immortalité."
Oh comme j'imagine ce type de phrases niaises à inventer pour décorer nos monuments aux morts à l'avenir.
Car après les hommes, adjudant, viendra le tour des pierres et, comme nous, elles finiront soumises, domestiquées, repensées et porteuses de messages surranés à destination de générations à venir. Générations qui, elles, n'auront plus rien à faire de tous ces morts là. C'est ainsi, que voulez-vous !
Imaginez, chez vous : "Aux enfants de Petri Rossi, morts pour la France. 1914-19??" Bon... voilà, restera à préciser la seconde date..."
"Sait-on seulement si cette guerre aura jamais une fin ? "
"Nous avons le souvenir, ils ont l'immortalité."
Oh comme j'imagine ce type de phrases niaises à inventer pour décorer nos monuments aux morts à l'avenir.
Car après les hommes, adjudant, viendra le tour des pierres et, comme nous, elles finiront soumises, domestiquées, repensées et porteuses de messages surranés à destination de générations à venir. Générations qui, elles, n'auront plus rien à faire de tous ces morts là. C'est ainsi, que voulez-vous !
Imaginez, chez vous : "Aux enfants de Petri Rossi, morts pour la France. 1914-19??" Bon... voilà, restera à préciser la seconde date..."
"Sait-on seulement si cette guerre aura jamais une fin ? "
05/12/17
02/12/17
Samedi 1er décembre 1917
Tirs violents de minens sur 766 et 762. Tirs d'artillerie (300 coups) sur P.A Réduit et P.A 766.
Pertes, néant*.
JMO Op. cité
Pertes, néant*.
JMO Op. cité
28/11/17
Dictionnaire corse-français (999)
Claire de lune: bughju neru !
Pleine lune: luna biotta...
Pleine lune: luna biotta...
Georges Paul Leroux (1877-1957) :
Aux Eparges, soldats enterrant leurs camarades au clair de lune.
(Musée National du Château de Versailles)
26/11/17
Francesu e lingua nostra...
Lejean :"Adjudant, vous aimez votre langue n'est-ce pas?"
Eiu: " Je n'ai sais pas, capitaine si je l'aime ou pas, mais c'est elle qui me permet le mieux de dire les choses que j'ai en moi. Enfin, je vous dis cela, mais depuis que j'ai appris la vôtre, de langue, je vous avoue que je n'en suis plus sûr. Ainsi je ne saurais pas comment dire en corse, ces mots de Junot: "Le souvenir n'est qu'un succédané de nos nos chagrins passés."*
Non, j'apprends à dire les choses d'une autre façon, peut-être sont-çe là des choses d'une autre époque ?
Et puis avec toute cette machine à effacer les sentiments, qu'est la guerre, il me semble que le français suffit (sic).
Voilà, mais cela me touche que vous pensiez à ça."
*(U rimorsu, un sarà pò fattu cà d'i nostri peni passati ???)
Eiu: " Je n'ai sais pas, capitaine si je l'aime ou pas, mais c'est elle qui me permet le mieux de dire les choses que j'ai en moi. Enfin, je vous dis cela, mais depuis que j'ai appris la vôtre, de langue, je vous avoue que je n'en suis plus sûr. Ainsi je ne saurais pas comment dire en corse, ces mots de Junot: "Le souvenir n'est qu'un succédané de nos nos chagrins passés."*
Non, j'apprends à dire les choses d'une autre façon, peut-être sont-çe là des choses d'une autre époque ?
Et puis avec toute cette machine à effacer les sentiments, qu'est la guerre, il me semble que le français suffit (sic).
Voilà, mais cela me touche que vous pensiez à ça."
*(U rimorsu, un sarà pò fattu cà d'i nostri peni passati ???)
25/11/17
24 Novembre.
N° 7430 Ordre de Relève.
I. Le 2e Bataillon relèvera le 3eme Btn dans la soirée du 26 au 27 Novembre dans le b.R de la Croix le Prêtre.
Tb à Coinchimont
II. Après relève le Bataillon Bernaud occupera les emplacements suivants:
- E.M, Une Cie et T.C à Ban de Laveline
- Une compagnie à Honville
- Une compagnie à Lesseux de Chapis
Les compagnies de mitrailleuses restent en place.
III. Le mouvement de relève sera réglé après entente entre les Cdts des 2e et 3eme Btns.
Les éléments du 2eme Bataillon devront être en place dans la matinée du 26 à partir de 7h.
Les mouvements devront se faire par petits groupes largement espacés.
IV. Le 3eme Bataillon quittera le secteur Croix le Prêtre à partir de 17 heures, suivant les ordres du Capitaine Baulieux, pour aller dans ses cantonnements.
V. Les reconnaissances à faire par les cadres du 3ème Btn pour les cantonnements et la continuation des travaux seront terminés pour le 23 novembre au soir.
Nota: Pour les prescriptions de détails se conformer aux paragraphes VI. VII.VIII et IX de l'Ordre de Relève du 24 Octobre 1917.
Le 24 Novembre 1917
Le Chef d'Escadron Blairer Cdt provisoirement le 171e RI
Da : JMO 26 N 708/7, in: http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
I. Le 2e Bataillon relèvera le 3eme Btn dans la soirée du 26 au 27 Novembre dans le b.R de la Croix le Prêtre.
Tb à Coinchimont
II. Après relève le Bataillon Bernaud occupera les emplacements suivants:
- E.M, Une Cie et T.C à Ban de Laveline
- Une compagnie à Honville
- Une compagnie à Lesseux de Chapis
Les compagnies de mitrailleuses restent en place.
III. Le mouvement de relève sera réglé après entente entre les Cdts des 2e et 3eme Btns.
Les éléments du 2eme Bataillon devront être en place dans la matinée du 26 à partir de 7h.
Les mouvements devront se faire par petits groupes largement espacés.
IV. Le 3eme Bataillon quittera le secteur Croix le Prêtre à partir de 17 heures, suivant les ordres du Capitaine Baulieux, pour aller dans ses cantonnements.
V. Les reconnaissances à faire par les cadres du 3ème Btn pour les cantonnements et la continuation des travaux seront terminés pour le 23 novembre au soir.
Nota: Pour les prescriptions de détails se conformer aux paragraphes VI. VII.VIII et IX de l'Ordre de Relève du 24 Octobre 1917.
Le 24 Novembre 1917
Le Chef d'Escadron Blairer Cdt provisoirement le 171e RI
Da : JMO 26 N 708/7, in: http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
21/11/17
22 rue de la Krutenau
Lejean pariva imburdatu di si sò paroddi stessi :
"Ainsi donc, voyez-vous adjudant, il est des adresses qui auront toujours été inutiles. Des adresses qui annocent des séparations. Des rues qui se finissent en impasse, voilà.
Mais ça, on le savait deja, n'est-ce pas.
Et pourquoi vous dis-je cela ?
Je repense à ma première incorporation, voyez-vous, je me souviens que je l'aimais très fort. Pourtant, je n'arrivais pas à le lui dire: le ressentiment.
Quel mot bizarre que le ressentiment. Et combien de vies perdues pour cela... Le ressentiment, oui... c'ėtait cela la maladie infantile de notre amour."
"Et moi.. (dissi, tandu, à Junot), je connais des boulevards qui finissent en impasse !!! Boulevard Peirere à Paris. (Oh lu sgardu à Lejean).
Tandu à Junot: "Ben quoi ?"
Andeti voi à capiscia... c'è da rida certi volti a vi dicu eiu.
"Ainsi donc, voyez-vous adjudant, il est des adresses qui auront toujours été inutiles. Des adresses qui annocent des séparations. Des rues qui se finissent en impasse, voilà.
Mais ça, on le savait deja, n'est-ce pas.
Et pourquoi vous dis-je cela ?
Je repense à ma première incorporation, voyez-vous, je me souviens que je l'aimais très fort. Pourtant, je n'arrivais pas à le lui dire: le ressentiment.
Quel mot bizarre que le ressentiment. Et combien de vies perdues pour cela... Le ressentiment, oui... c'ėtait cela la maladie infantile de notre amour."
"Et moi.. (dissi, tandu, à Junot), je connais des boulevards qui finissent en impasse !!! Boulevard Peirere à Paris. (Oh lu sgardu à Lejean).
Tandu à Junot: "Ben quoi ?"
Andeti voi à capiscia... c'è da rida certi volti a vi dicu eiu.
18/11/17
17 novembre 1917 (patrouilles)
Une patrouille ennemie entre PP5 et 6 à Wisembach se heurte à une de nos patrouilles et est repoussée. Un blessé chez l'ennemi. Un calot et un fusil sont trouvés sur le terrain.*
Pertes: néant.
*JMO, op. cité.
Lucca II, 33
"I tò occhji sò à lumera di la tò parsona; quand'eddi sò in piena saluta, tandu à tò parsona è luminosa; s'eddi sò malati, à tò parsona cambia ed è bughja. Cusigna, abbii primura, e ch'eddu un sighi scuru, u lumi chi tu porti in tè stessu. Cusì, se à tò parsona è luminosa, senza tristezza indocu, sarà tandu piena à lumi cum'è quandi a lumera ti richjari e t'alumineghja."
Fussi edda pura.
Fussi edda pura.
13/11/17
11/11/17
A C. (17)
Cuscogliuli chi sò casciapuli...
Fusti, tù, "la fini di u mondu"*...
Fusti, tù, "la fini di u mondu"*...
Sarah Birch (c. 1910)
Lamport Hall, Northampton (UK)
In, Books & Art
*(Manera di dì napulitana).
07/11/17
Ciò che nò semi...
Sunniava: aghju vistu un lettinu, forsi quiddu d'un ziteddinu. Nò, megliu: u lettu era quiddu di una zitidduccia. Accantu à ssu lettinu, in quidda camara, un lettu più maiori, quiddu di i parenti. In quidda casa, vidivu dui parsonni vivi. Una mamma, ghjovana, t'avarà avutu 20 anni, o mancu, nobuli di maneri, graziosa e biundinetta e svighjata di poccu. I capeddi erani inturchjuliti da fà un cocculeddu garbatu e raru. Era a bidezza di u mondu. U surisu era apartu, dolci e generosi. Dolci, dolci cum'era dolci lu sò cori, com'erani dolci i sò labbri. Pariva ch'edda vighjessi nantu à sò famigliaredda, puvaretta...
A ciuccia intargava, trà sonnu e scità. L'agnuli di ssa tarra li baddavani à l'intornu.
L'omu, chi c'era statu, di siguru, un omu in quiddi locchi. L'omu s'era dighjà pisatu e s'era laccatu l'appartementu senza che nò pudessimi dì s'edd'era partutu sta mani, arimani o quindici ghjorni fà.
Senza pudè dì s'eddu era à a guerra, in cafè in villa o s'eddu era scappatu par sti Francie o puri in l'Africa fonda, fonda ?
U fattu è chi a mamma s'era ritruvata sola in casa cù a zitedda.
Fù una stonda.
Fù una stonda, una stunddaredda.
A bomba schiattò. Ghjunta di un si sà induva e fecci falà a mittà di u palazzu. Ghjustu da laccà nantu à a facciata sempri arrita, a marca d'unu solu di i quattru muri di l'appartementu. E cusì à tutti i piani sfundati, à l'insù, à l'inghjò !
Si vidiva ch'eddu c'era statu una famiglia à campà cuì ci. Arristavani i traccii di carta bianca nantu à unu di ssi quatru muri e basta.
A vita, massimu i surisi, si n'erani andati in fulmini e polvariccia. In una stonda.
Ciò che nò semi ? Nudda, ciò chi era, ciò chi un è più.
A ciuccia intargava, trà sonnu e scità. L'agnuli di ssa tarra li baddavani à l'intornu.
L'omu, chi c'era statu, di siguru, un omu in quiddi locchi. L'omu s'era dighjà pisatu e s'era laccatu l'appartementu senza che nò pudessimi dì s'edd'era partutu sta mani, arimani o quindici ghjorni fà.
Senza pudè dì s'eddu era à a guerra, in cafè in villa o s'eddu era scappatu par sti Francie o puri in l'Africa fonda, fonda ?
U fattu è chi a mamma s'era ritruvata sola in casa cù a zitedda.
Fù una stonda.
Fù una stonda, una stunddaredda.
A bomba schiattò. Ghjunta di un si sà induva e fecci falà a mittà di u palazzu. Ghjustu da laccà nantu à a facciata sempri arrita, a marca d'unu solu di i quattru muri di l'appartementu. E cusì à tutti i piani sfundati, à l'insù, à l'inghjò !
Si vidiva ch'eddu c'era statu una famiglia à campà cuì ci. Arristavani i traccii di carta bianca nantu à unu di ssi quatru muri e basta.
A vita, massimu i surisi, si n'erani andati in fulmini e polvariccia. In una stonda.
Ciò che nò semi ? Nudda, ciò chi era, ciò chi un è più.
Tore Y Johnson
À ringrazià di cori
à Paulu Filippi
05/11/17
Les 3 Maries
Cher Sarratu,
J'ai reçu votre lettre qui ne m'a pas surprise mais m'a bien sûr contrariée.
Le train est donc devenu est ma maison: figurez vous que notre logeuse, ravie de son séjour en Normandie a décidé, cette fois, de nous faire decouvrir "l'air de la Méditerranée" a-t-elle dit. Nous voici donc au bout du monde, au bout d'un interminable voyage. Dans un village dont le nom doit beaucoup, dit-on, au débarquement des 3 Maries, ici, il y a bien longtemps...
Il est paraît-il aussi une Vierge noire que les romanichels implorent avec une très grande piété.
Je ne vous en dit pas plus, mais sachez que dès demain, je m'en vais l'entetenir et puis j'attendrai. On dit bien qu'elle fait des miracles.
Pour l'heure, je vais me coucher, ce voyage et ces transbordements m'ont épuisée (je suis sûre que vous auriez aimé les arlesiennes et leurs habits). Je vais aussi penser à mon méchant soldat !
Puisse cette nuit être douce pour vous autant que puisse être douce une nuit à la guerre.
Je vous aime même si vous ne voulez pas l'entendre. Je ne me cache pas et je n'efface pas mes traces. Je ne vous efface pas, non plus.
C'est ma vie. Et c'est aussi, j'espère, beaucoup de la vôtre.
Votre Marie-Hughette.
J'ai reçu votre lettre qui ne m'a pas surprise mais m'a bien sûr contrariée.
Le train est donc devenu est ma maison: figurez vous que notre logeuse, ravie de son séjour en Normandie a décidé, cette fois, de nous faire decouvrir "l'air de la Méditerranée" a-t-elle dit. Nous voici donc au bout du monde, au bout d'un interminable voyage. Dans un village dont le nom doit beaucoup, dit-on, au débarquement des 3 Maries, ici, il y a bien longtemps...
Il est paraît-il aussi une Vierge noire que les romanichels implorent avec une très grande piété.
Je ne vous en dit pas plus, mais sachez que dès demain, je m'en vais l'entetenir et puis j'attendrai. On dit bien qu'elle fait des miracles.
Pour l'heure, je vais me coucher, ce voyage et ces transbordements m'ont épuisée (je suis sûre que vous auriez aimé les arlesiennes et leurs habits). Je vais aussi penser à mon méchant soldat !
Puisse cette nuit être douce pour vous autant que puisse être douce une nuit à la guerre.
Je vous aime même si vous ne voulez pas l'entendre. Je ne me cache pas et je n'efface pas mes traces. Je ne vous efface pas, non plus.
C'est ma vie. Et c'est aussi, j'espère, beaucoup de la vôtre.
Votre Marie-Hughette.
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