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Paisani in anda pà a fiera di u Niolu. LC Canniccioni v 1910

08/08/17

Chemin des dames

Soupir, front de l'Aisne ce 20 avril 1917, à François Guillaume Blanchet.

Ma quali sarà ad avemi truvatu un nomi cusigna :
"Chemin des Dames"? Mancu à dì.
"Strittoni di u Maceddu", sì !
Accantu à mè, u suldatu Fleurovent pigniva. M'ha dettu: "Adjudant, si je meurs, dites-lui que je n'avais rien à lui offrir si ce n'est nos mauvais souvenirs blessés, ceux de notre enfance. Je suis un monstre et si je pleure c'est par égoïsme, et de ne plus pouvoir pleurer dans ses bras, la pauvre. Nous sommes fichus et je ne peux même pas le lui dire. À quoi elle sert, adjudant, cette guerre nouvelle? Savez-vous? Et vers où montons nous à l'assaut? Si je meurs, vous me promettez de lui dire ce message: "Je t'ai toujours aimée. Je vais mourir, pourquoi ne fais-tu rien? À Claire Deffe 3 chemin du Hasard, à Mont Jouet près Toulon. Promettez-moi."
"Je te promets, soldat, je te le promets."
"Et vous mon adjudant, il vous arrive de pleurer ?"
"Il y a longtemps que je n'ai plus de larme soldat, longtemps. Mais je peux aussi mourir avant toi soldat, je peux" (pinsedi : "Mischinu à chi un ha nimu à piegnalu").
Parò, ssu Chemin des Dames aviva da essa a strada nostra, quidda di stu povaru disgraziatu. A strada che noi avivami da piglià nò, à ghjugna in Paradisu. Un caminu dedicatu à a morti. Noi altri listessi à eddu, listessi à Fleurovent.
Trà campà u patimentu e campà u nienti, Fleurovent s'era sceltu u patimentu*, tintacciu.

*D'appressu à W. Faulkner, The Wild Palms: "Given the choise between the expérience of pain and nothing, I would choose pain."