(à Mo.P.)
Carrughji di a città: ci stà l'amori meiu.
Poccu importa induva eddu và, in ssu tempu divisu.
Un è più ' me amori, ch'agnunu li pò parlà.
Si ramentarà quali ci fù ad amaddu ?
Ind'u votu di li occhji, cerca a sò sumiglia
U spaziu ch'eddu parcorri è la fideltà meia.
Ci disegna a sperenza e lebiu, lebiu, a rinvia.
È punteddu maiò, ma parti nun ci piglia.
Vivu, eiu, in cori à eddu, o ruvina felici.
E senza ch'edda a sappii, l'esiliu meiu fà u tisoru soiu.
Ind'u grand' merdianoni, si scriva u sò sviluppu, a meia a libartà, l'asulcina e u scava.
Carrughji di a città: ci stà l'amori meiu.
Poccu importa induvà eddu và eddu, in ssu tempu divisu.
Un è più ' me amori, ch'agnunu li pò parlà.
Un si ramenti, mancu, quali ci fù ad amaddu e à fà li lumi da luntanu, ch'Edda ùn caschi micca e ch'Edda si ripiglii ?
Dans les rues de la ville...
René Char
Stratu da
"Eloge d'une soupçonnée"
Poésie/Gallimard, Paris 1988.
.
Paisani in anda pà a fiera di u Niolu. LC Canniccioni v 1910
17/03/18
12/03/18
12 mars 1918
12 mars
Le Régiment reçoit, de la Division, les instructions complémentaires nécessaires à l'embarquement du Régiment.
A la suite de ces instructions, le Colonel, donne l'ordre suivant:
N°3363 Ordre pour l'embarquement du 171° R.I les 14 et 15 mars 1918
I- Répartition des trains, heures, des embarquements et départs (voir le tableau ci-joint).
II- L'Officier de reconnaissance de chaque train doit se présenter à la gare au moins une heure à l'avance et faire la reconnaissance détaillée du matériel (voitures et trucs*). Il s'entendra avec l'officier du 32° Btn du 171° R.I charger d'assurer la permanence le 14 mars en gare de Genevrouille.
En attendant le moment de l'embarquement, les détachements sont arrêtés à au moins 300m de la localité qu'ils doivent ensuite traverser sans arrêt pour gagner le quai. Il appartient aux Cdts des dits détachements, de mettre leur troupe en route au moment voulu, d'après les renseignements reçus de l'Officier de reconnaissance.
Les heures mentionnées au tableau, dans la colonne "embarquement" sont celles auxquelles les détachements doivent arriver sur le quai.
III- Les voiturettes des C.M doivent être démontées sur le quai, de façon qu'un seul truc suffise pour une C.M.
IV- Aucun matériel appartenant au Corps ne devra être laissé dans la zone actuelle.
V- Avant le départ de la troupe les cantonnements devront être en parfait état, tous les locaux remis en ordre. Les paillasses non vidées de leur paille seront transportées dans les magasins préparés à cet effet. Le matériel de zone sera rassemblé pour être livré aux Majors de groupes de cantonnement ou aux casernes, comme il est prescrit ci-après.
VI- Dans chaque cantonnement, chaque Corps ou Service laissera au départ un petit détachement commandé par un officier. Cet officier assumer la remise du cantonnement et du matériel divers de zone au Service, des Camps et cantonnements. Un état de remise du matériel, en 2 expéditions, sera établi pour chaque cantonnement. Il sera signé contradictoirement par l'Officier et le représentant du Service des Camps et cantonnements. Une expédition sera emportée par l'Officier. Cet Officier retirera également le certificat de bien vivre. Les détachements ainsi laissés s'embarqueront comme suit, à la gare la plus proche :
Détachements laissés le 13 :
(234° R.A.C et 294° R.I): train 17, le 14.
Détachements laissés le 14:
Trains 29 et 30, le 15.
VII- Au 1er train (16°1S) partiront :
a) un officier, et les campements strictement nécessaires (l'Adjudant de Btn, un comptable et 2 hommes par Cie) pour préparer le cantonnement de leur bataillon.
B) un sous-officier par Btn, chargé d'indiquer, à la gare de débarquement, le lieu où cantonne son unité.
VIII- Ravitaillement
1 jour de vivres de chemin de fer, (à percevoir sur le quai de la gare).
Nota - Pour permettre l'embarquement du T.R, le 1er Btn laissera libre : 1 truc 1/2. Les 2e et 3e Btn 3 trucs chacun.
M. Les Chefs de Btn donneront tous les ordres de détail pour la mise en route de leur unité.
Le 12 mars 1918,
Le Chef d'Et. Blavier, cdt prov. le 171° R.I :
Signé : Blavier**
*Vagoni piattu, senza tettu
**JMO op. cité
Le Régiment reçoit, de la Division, les instructions complémentaires nécessaires à l'embarquement du Régiment.
A la suite de ces instructions, le Colonel, donne l'ordre suivant:
N°3363 Ordre pour l'embarquement du 171° R.I les 14 et 15 mars 1918
I- Répartition des trains, heures, des embarquements et départs (voir le tableau ci-joint).
II- L'Officier de reconnaissance de chaque train doit se présenter à la gare au moins une heure à l'avance et faire la reconnaissance détaillée du matériel (voitures et trucs*). Il s'entendra avec l'officier du 32° Btn du 171° R.I charger d'assurer la permanence le 14 mars en gare de Genevrouille.
En attendant le moment de l'embarquement, les détachements sont arrêtés à au moins 300m de la localité qu'ils doivent ensuite traverser sans arrêt pour gagner le quai. Il appartient aux Cdts des dits détachements, de mettre leur troupe en route au moment voulu, d'après les renseignements reçus de l'Officier de reconnaissance.
Les heures mentionnées au tableau, dans la colonne "embarquement" sont celles auxquelles les détachements doivent arriver sur le quai.
III- Les voiturettes des C.M doivent être démontées sur le quai, de façon qu'un seul truc suffise pour une C.M.
IV- Aucun matériel appartenant au Corps ne devra être laissé dans la zone actuelle.
V- Avant le départ de la troupe les cantonnements devront être en parfait état, tous les locaux remis en ordre. Les paillasses non vidées de leur paille seront transportées dans les magasins préparés à cet effet. Le matériel de zone sera rassemblé pour être livré aux Majors de groupes de cantonnement ou aux casernes, comme il est prescrit ci-après.
VI- Dans chaque cantonnement, chaque Corps ou Service laissera au départ un petit détachement commandé par un officier. Cet officier assumer la remise du cantonnement et du matériel divers de zone au Service, des Camps et cantonnements. Un état de remise du matériel, en 2 expéditions, sera établi pour chaque cantonnement. Il sera signé contradictoirement par l'Officier et le représentant du Service des Camps et cantonnements. Une expédition sera emportée par l'Officier. Cet Officier retirera également le certificat de bien vivre. Les détachements ainsi laissés s'embarqueront comme suit, à la gare la plus proche :
Détachements laissés le 13 :
(234° R.A.C et 294° R.I): train 17, le 14.
Détachements laissés le 14:
Trains 29 et 30, le 15.
VII- Au 1er train (16°1S) partiront :
a) un officier, et les campements strictement nécessaires (l'Adjudant de Btn, un comptable et 2 hommes par Cie) pour préparer le cantonnement de leur bataillon.
B) un sous-officier par Btn, chargé d'indiquer, à la gare de débarquement, le lieu où cantonne son unité.
VIII- Ravitaillement
1 jour de vivres de chemin de fer, (à percevoir sur le quai de la gare).
Nota - Pour permettre l'embarquement du T.R, le 1er Btn laissera libre : 1 truc 1/2. Les 2e et 3e Btn 3 trucs chacun.
M. Les Chefs de Btn donneront tous les ordres de détail pour la mise en route de leur unité.
Le 12 mars 1918,
Le Chef d'Et. Blavier, cdt prov. le 171° R.I :
Signé : Blavier**
*Vagoni piattu, senza tettu
**JMO op. cité
11/03/18
11 mars 1918
Préparation à l'embarquement qui doit avoir lieu conformément aux ordres ci-dessous.*
*JMO, op. cité.
Syndrome de Cotard
U tempu, u tempu, digu di u tempu, quiddu chi passa, u tempu, quiddu chi si perdi.
*Aragon, Le Roman inachevé, p 99, Gallimard, collection "Poésies/Gallimard", Paris 1956
U tempu s'era frimatu. Oramai i me ghjorni erani fatti d'un presenti ad eternam. Mora, ùn pudiva mora ch'eru dannatu (eru mezzu à l'indrentu, cù u cori di petra, e cù lu sgardu persu). Mortu eru ghjà mortu, eru.
"L'omu è ipocondriacu cù una pincundria neurastenica miscata di melinculia prufonda. U sindromi di Cotard !", ha dettu duttamenti u duttori Calan. A sapè quali m’era davanti, di pettu à stu specchju, quand'e mi fighjulava ?
Frascicatu da a guerra intima tra eiu e me stessu... "Una sera di Londra, marchju ind'i fumaci di farraghju, solu cù un amori chi nasci."* U meiu, u meiu l'amori s'era spintu d'un cantu e d'un focu battenti da l'altru. È cusì ch'e fù ritruvatu à Linard, smagritu, persu, ma vivu, in bordu di strada.
"L'omu è ipocondriacu cù una pincundria neurastenica miscata di melinculia prufonda. U sindromi di Cotard !", ha dettu duttamenti u duttori Calan. A sapè quali m’era davanti, di pettu à stu specchju, quand'e mi fighjulava ?
Frascicatu da a guerra intima tra eiu e me stessu... "Una sera di Londra, marchju ind'i fumaci di farraghju, solu cù un amori chi nasci."* U meiu, u meiu l'amori s'era spintu d'un cantu e d'un focu battenti da l'altru. È cusì ch'e fù ritruvatu à Linard, smagritu, persu, ma vivu, in bordu di strada.
*Aragon, Le Roman inachevé, p 99, Gallimard, collection "Poésies/Gallimard", Paris 1956
10/03/18
Treni e treni
Muvivani (e Junot à scriva ghjurnati interi).
10 mars 1918
10 mars 1918
Le Régiment reçoit l'ordre suivant:
166e D.I Au Q.G le 10 mars 1918
R° 1865/3
Ordre d'Opérations Préparatoires N°129
I- La 166° D.I quittera la zone de Noroy-le-Bourg par voie ferrée à partir du 13 mars.
II- Embarquement aux gares de Genevreuille- Vesoul-Villers le Sec.
III- Les ordres ultérieurs règleront les détails de l'embarquement, les répartitions de l'emploi dans la zone de débarquement.
IV- L'artillerie sera transportée les coffres demi-pleins.
V- Ravitaillement : 1 jours de vivres de chemin de fer, 1 jour de débarquement.
05/03/18
P2
Avivu pinsatu di mandà li (à M-H) sta fotografia e scriva li : "Voici une photographie de votre cher soldat." Un paremi più astuti cusì, nò ?
E pò, aghju presu e stracciatu u tuttu ! Chi tantu malinconia ! Nun aghju fattu votu d'un scriva li più, nò !?
*Saveriu Valentini
E pò, aghju presu e stracciatu u tuttu ! Chi tantu malinconia ! Nun aghju fattu votu d'un scriva li più, nò !?
"Sò milli anni ch'e sò natu*."
*Saveriu Valentini
27/02/18
Genesi 3, 19
"Magnarè u pani cù lu sudori di u tò visu, fin tantu che tu sighi vultatu à a tarra, chi da edda fussi estratu; postu chi polvara sei, ed in polvara turnarè".
24/02/18
Milena J
Sintedi una bucciaredda, (focu vivu), chi s'intratiniva cù me stessu, in lingua francesa. Comu sarà statu chi, sta lettara appuntu, diciva di i sentimenti mei ? E, par ciò chi era di fantasmi o finzioni, mi viniva una brama prufonda di nuttriscia li. Quantu ch'Edda, tintaredda, fussi stata di i mei.
Andeti voi à capiscia...
Andeti voi à capiscia...
"Prague, printemps 1922
Voilà si longtemps que je ne ne vous ai pas écrit Madame Milena. Tout le malheur de ma vie (ce qui ne veut pas dire que je me plains, mais que je veux faire une constatation, dans l'intérêt général), tout le malheur de ma vie vient, si l'on veut, des lettres ou de la possibilité d'en écrire. Les êtres humains ne m'ont presque jamais trompé mais les lettres toujours. Mais, en fait, pas celles des autres, les miennes. La facilité de l'écriture des lettres, d'un point de vue simplement théorique, doit avoir causé une effroyable désagrégation des âmes dans le monde. C'est une fréquentation des fantômes et pas seulement du fantôme du destinataire, mais aussi de son propre fantôme qui se développe sous la main, dans la lettre qu'on écrit. Écrire des lettres c'est se dénuder devant des fantômes, ce qu'ils attendent avidement. Les baisers écrits ne parviennent pas jusqu'à destination, mais les fantômes les boivent sur les chemins jusqu'à la dernière goutte. Les fantômes ne mourront pas de faim, mais nous serons anéantis.
Cette histoire de lettres m'a donné l'occasion d'écrire une lettre et, puisque j'écrivais, comment aurais pu alors ne pas vous écrire Madame Milena ? À vous qui êtes celle à qui j'aime, peut-être, le plus écrire ?"*
Cette histoire de lettres m'a donné l'occasion d'écrire une lettre et, puisque j'écrivais, comment aurais pu alors ne pas vous écrire Madame Milena ? À vous qui êtes celle à qui j'aime, peut-être, le plus écrire ?"*
Spartedi stu fattu cù Lejean e tandu eddu, mi dissi :
"Eux aussi, nos fantômes, ont le droit de s'abreuver aux miels et aux sucres doux de nos maux, ne croyez-vous pas adjudant ?"
"Petit fantôme, pauvre petite fille seule, je t'aime, tu le sais et je t'embrasse. Tu me manques tant."
"Eux aussi, nos fantômes, ont le droit de s'abreuver aux miels et aux sucres doux de nos maux, ne croyez-vous pas adjudant ?"
"Petit fantôme, pauvre petite fille seule, je t'aime, tu le sais et je t'embrasse. Tu me manques tant."
*F Kafka, Lettres à Milena, Imaginaire Gallimard, 1998.
22/02/18
Ut duo...
Lejean : "Regardez adjudant, jai fait une mixture de mots et de cordes, pour La faire revenir, je lis":
"Ut duo te video non quinque te alligo, cor tibi manduco, sanguinem tibi bibo. Aly aly comttates baptissan et patre et filio Dei non Chjara Gnugnedda tibi impero ut quaedam que voluero et velim adimpleas et facias."
- "Voilà, j'attends, voyez-vous. Parce que je ne peux pas faire d'Elle une fiction. Vous comprenez ?"
- "Pas toujours, mon capitaine, pas toujours..."
"Ut duo te video non quinque te alligo, cor tibi manduco, sanguinem tibi bibo. Aly aly comttates baptissan et patre et filio Dei non Chjara Gnugnedda tibi impero ut quaedam que voluero et velim adimpleas et facias."
- "Voilà, j'attends, voyez-vous. Parce que je ne peux pas faire d'Elle une fiction. Vous comprenez ?"
- "Pas toujours, mon capitaine, pas toujours..."
18/02/18
Ombra
A little bread
Some spring water,
A tree shadow and your eyes !
No sultan is happier than I,
No beggar is more depressed.
U pizzatteddu di pani,
E un pò d'acqua chjara,
D'un arburu l'ombra e li tò occhji !
Un ci n'è sultanu biatu cum'à mè.
Ne più tristu paciaghju.
Omar Khayyām (1048-1131)
Some spring water,
A tree shadow and your eyes !
No sultan is happier than I,
No beggar is more depressed.
U pizzatteddu di pani,
E un pò d'acqua chjara,
D'un arburu l'ombra e li tò occhji !
Un ci n'è sultanu biatu cum'à mè.
Ne più tristu paciaghju.
Omar Khayyām (1048-1131)
17/02/18
Please be there...
Dogliu.
Fighjulgu à Lejean. Era quantu ch'eddu ci fussi in me dui parsonni. Quidda, francesa (piena à sanguicianghi), e quidd'altra fatta d'oru e di dulcezza (oramai persi). È cusì ch'edda mi viniva.
Un sappivu ciò ch'edda era?
Speziu di mischiumu trà puerizia e maturità ? Trà nucienza e rucitu ? Trà culà ed altrò. Trà soli e sangui.
Trà surisi e sugnozzi ? Dogliu e doglia.
Fighjulgu à Lejean. Era quantu ch'eddu ci fussi in me dui parsonni. Quidda, francesa (piena à sanguicianghi), e quidd'altra fatta d'oru e di dulcezza (oramai persi). È cusì ch'edda mi viniva.
Un sappivu ciò ch'edda era?
Speziu di mischiumu trà puerizia e maturità ? Trà nucienza e rucitu ? Trà culà ed altrò. Trà soli e sangui.
Trà surisi e sugnozzi ? Dogliu e doglia.
14/02/18
Je te veux
Lejean vicinu à u gramofonu :"Écoutez adjudant, cette diction, ce cerveau musical et... ce coffre ! Si, si, tenez regardez la pochette". (risi)
"Je n'ai pas de regrets,
Et je n'ai qu'une envie,
Près de toi là tout près
Vivre toute ma vie.
Que mon corps soit le tien,
et ta lèvre la mienne,
Que ton coeur soit le mien,
Et que toute ma chair soit tienne."*
Ch'avivu da dì ? Sugnavami di poccu !
*Je te veux, Erik Satie, paroles H. Pacory (1903)
"Je n'ai pas de regrets,
Et je n'ai qu'une envie,
Près de toi là tout près
Vivre toute ma vie.
Que mon corps soit le tien,
et ta lèvre la mienne,
Que ton coeur soit le mien,
Et que toute ma chair soit tienne."*
Ch'avivu da dì ? Sugnavami di poccu !
*Je te veux, Erik Satie, paroles H. Pacory (1903)
12/02/18
Tempu e patimentu
Accuppiavami a miseria cù a puvertà, tribuli cù suffrimenti, pena cù dogliu e curdogliu.
E cusì, passedimi nuttati, ghjorni, nuttati, settimani e mesi e anni: carchi à dulori, e ch'apparturivani... a morti.
E cusì, passedimi nuttati, ghjorni, nuttati, settimani e mesi e anni: carchi à dulori, e ch'apparturivani... a morti.
(C) RMN
11/02/18
Muvimenti (4)
L'ottu di farraghju, muvimentu versu à Montbéliard, a sera, u 3u batagioni stazziunnò in Velleminfroy, u primu in La Creuse, e u meiu (u sicondu) in Châtenois.
I 9, 10, 11, aghju ripurtatu nantu à u ghjurnali, (u JMO, che nò dicivani). L'aghju ripurtatu eiu chi Junot dava i sò lezzioni, postu ch'eddu era Major, Aghjutenti-Maiori, diciva à Talamasca:
"Installation, revue des détails, réparation des effets et du matériel, exercices du port du masque, instructions sur les précautions à prendre contre les gaz et contre l'Yperite, passage en chambres à gaz. Reconnaissances et installations des champs de tir et de manoeuvre. Aménagement des terrains pour les exercices de combats pour les petites unités d'infanterie, d'artillerie et de cavalerie. Études des règlements pour les cadres, sous la direction des Chefs de Bataillons et des Adjudants-Majors. Entraînement physique une demie-heure matin et soir.
L'instruction est reprise conformément aux prescriptions de la note du G.G 1749/3 en date du 3 Février 1918."*
*J.M.O op. cité.
I 9, 10, 11, aghju ripurtatu nantu à u ghjurnali, (u JMO, che nò dicivani). L'aghju ripurtatu eiu chi Junot dava i sò lezzioni, postu ch'eddu era Major, Aghjutenti-Maiori, diciva à Talamasca:
"Installation, revue des détails, réparation des effets et du matériel, exercices du port du masque, instructions sur les précautions à prendre contre les gaz et contre l'Yperite, passage en chambres à gaz. Reconnaissances et installations des champs de tir et de manoeuvre. Aménagement des terrains pour les exercices de combats pour les petites unités d'infanterie, d'artillerie et de cavalerie. Études des règlements pour les cadres, sous la direction des Chefs de Bataillons et des Adjudants-Majors. Entraînement physique une demie-heure matin et soir.
L'instruction est reprise conformément aux prescriptions de la note du G.G 1749/3 en date du 3 Février 1918."*
*J.M.O op. cité.
07/02/18
05/02/18
Carnettinu (2)
Avivu decisu, parechji settimani fà, di scriva i tuntii amurosi à Lejean.
"Alors, elle me dit: "Nous savons tous les deux que tout cela est déjà mort, mais vivons le quand même, si vous le voulez bien !"
"Si-vous-le-voulez-bien !!!"
"Comment pouvais-je lui résister ?"
04/02/18
Carnettinu (1)
Di ciò ch'e sappivu di francesu, di ciò che ni sappivu, m'eru fattu un carnettinu, cù la sò cupertina russina, dà marcà ciò chi mi passava in capu: di paroddi imparati, pinsamenti, passati e puesie (avariu da dì, megliu, rimi !). Infini chi, scriva, scrivivu e certi volti, ancu, faccivu qualchi disegnu. Ciò ch'e pudiva, oh ! Talentu, poccu e micca, ma ci vuliva à passà u tempu...
E, chi vuleti !?
Una notti, di farraghju, m'eru scrittu:
Éphémère soldat,
De cités étrangères
La boue des tranchées te façonne,
Quand le canon résonne,
Tu te terres, il t'abbat.
Éphémère soldat,
Tu portes bien ton nom,
Tu n'es là pour personne,
Tu rêves, passes et t'en vas !
Tu n'es là pour personne,
Ton temps est suspendu,
Toi, tu es nè trouvé et tu te meurs perdu.
Une vie étrangère,
Voilà ce que tu as vécu.
E, chi vuleti !?
Una notti, di farraghju, m'eru scrittu:
Éphémère soldat,
De cités étrangères
La boue des tranchées te façonne,
Quand le canon résonne,
Tu te terres, il t'abbat.
Éphémère soldat,
Tu portes bien ton nom,
Tu n'es là pour personne,
Tu rêves, passes et t'en vas !
Tu n'es là pour personne,
Ton temps est suspendu,
Toi, tu es nè trouvé et tu te meurs perdu.
Une vie étrangère,
Voilà ce que tu as vécu.
03/02/18
Muvimenti (3)
Viaghjà? Viaghjavami ! N'emi vistu: fin' di ghjinnaghju : Pouxeux, Eloyes, Saint-Nabor, Remiremont, Plombières e pò in Aillevillers: riposu, dui ghjurnati. Faraghju, u trè: muvimentu (pà u 1mu Btne, u Statu Maiori ed u C.H.R): Francalmont, (u 2du, u meiu e u 3rzu), Saint Loup, Ainvelle, Hautevelle... marchjavami. È cusì.
02/02/18
Perinde ac cadaver
Paris, ce 1er février 1918.
In omnibus, je vous obeirai.
Je vous le promets.
Je vous en supplie.
Marie-Huguette
In omnibus, je vous obeirai.
Je vous le promets.
Je vous en supplie.
Marie-Huguette
30/01/18
Sylvestre
"Il y avait avec nous un fier jeune homme, il avait 23 ans. Lui aussi venait de la montagne. Il creuse et sculpte le bois. Regardez capitaine, ma canne, celle qui donne les assauts, vous la connaissez, n'est-ce pas : Sylvestre Perronton !
Il parlait de ces cascades qui, dès novembre, naissent des montagnes, toujours au même endroit et, qui disent, à ceux qui savent, si l'hiver sera rude. Il parlait de ses bêtes rentrées, pour des mois, dans les maisons, en bas. Il parlait des merles philomèles. Il nous parlait aussi du bruissement de la pluie, quand elle mouille la neige, lors des redoux d'hivers.
Mais lui c'était Céline, Céline de Thyzet. Oh, comme ses yeux s'illuminaient quand il nous parlait d'elle.
Il nous parlait aussi de sa vallée de l'Arve. Au début, (lorsque je parlais mal), je croyais qu'il parlait de "la vallée de larmes" (un proverbe de chez nous dit bien : "A vita è un vaddi di lacrimi...").
Ici, l'alboche était toujours battu par nos conversations de pays et de femmes. Elles avaient toutes, pour chacun, le pouvoir de nous transporter en rêves, loin d'ici.
Heureusement que nous les avions, car nous n'avions que ça !"
Il parlait de ces cascades qui, dès novembre, naissent des montagnes, toujours au même endroit et, qui disent, à ceux qui savent, si l'hiver sera rude. Il parlait de ses bêtes rentrées, pour des mois, dans les maisons, en bas. Il parlait des merles philomèles. Il nous parlait aussi du bruissement de la pluie, quand elle mouille la neige, lors des redoux d'hivers.
Mais lui c'était Céline, Céline de Thyzet. Oh, comme ses yeux s'illuminaient quand il nous parlait d'elle.
Il nous parlait aussi de sa vallée de l'Arve. Au début, (lorsque je parlais mal), je croyais qu'il parlait de "la vallée de larmes" (un proverbe de chez nous dit bien : "A vita è un vaddi di lacrimi...").
Ici, l'alboche était toujours battu par nos conversations de pays et de femmes. Elles avaient toutes, pour chacun, le pouvoir de nous transporter en rêves, loin d'ici.
Heureusement que nous les avions, car nous n'avions que ça !"
29/01/18
28/01/18
Muvimenti (2)
Le C.H.R et le 1e Bataillon font mouvement et gagnent, le 1e Btn, le Fays et Prey où ils stationnent. La C.H.R rejoint le EM (sic) du Régiment et le 3e Bataillon à Lépange.
État Major, 2e Bataillon et 3e Bataillon sans changement.*
*Op. cité
État Major, 2e Bataillon et 3e Bataillon sans changement.*
*Op. cité
27/01/18
La Samaritaine (2)
Paris, ce 26 janvier 1918
Cher Sarratu,
J'ai tellement de choses à vous dire mais vous devez savoir, avant tout, que, depuis hier, je travaille à la Samaritaine !
J'ai la charge d'une partie d'un rayon qui s'occupe principalement de petites réparations de couture. Nous pouvons aller jusqu'à faire des reprises à un accroc, sur l'instant. M Brulelliot, notre responsable, est adorable et aidant. Il est ancien combattant de cette sale guerre...
Je suis à moins de dix minutes de marche de la maison. Mais je vous en dirai plus dans quelques jours.
A propos de jours, j'en ai comptés déjà huit, sans aucune nouvelles de vous. Je suis triste, assaillie de mille questions. Cette année est bizarre. J'incrimine les postes, la météorologie, les trains, les nuages...
Vous devez me répondre.
Dans l'attente, je vous adresse mon expiante pensée.
Votre Marie-Hughette
Cher Sarratu,
J'ai tellement de choses à vous dire mais vous devez savoir, avant tout, que, depuis hier, je travaille à la Samaritaine !
J'ai la charge d'une partie d'un rayon qui s'occupe principalement de petites réparations de couture. Nous pouvons aller jusqu'à faire des reprises à un accroc, sur l'instant. M Brulelliot, notre responsable, est adorable et aidant. Il est ancien combattant de cette sale guerre...
Je suis à moins de dix minutes de marche de la maison. Mais je vous en dirai plus dans quelques jours.
A propos de jours, j'en ai comptés déjà huit, sans aucune nouvelles de vous. Je suis triste, assaillie de mille questions. Cette année est bizarre. J'incrimine les postes, la météorologie, les trains, les nuages...
Vous devez me répondre.
Dans l'attente, je vous adresse mon expiante pensée.
Votre Marie-Hughette
Muvimenti (1)
Avemi marchjatu a nuttata intera da u fronti à "l'arriera".
La C.H.R* et le 1er Btn quittent Mondrayet se rendent à Yvoux, où ils cantonnent.
Le 2e Btn se rend à Le Roulier où il stationne. L'E.M du Régiment, le 3e Btn se rendent à Lépange et Deycimont où ils stationnent.
Mouvements effectués sans incident*.
*Compagnie Hors Rang.
** JMO op. cité
La C.H.R* et le 1er Btn quittent Mondrayet se rendent à Yvoux, où ils cantonnent.
Le 2e Btn se rend à Le Roulier où il stationne. L'E.M du Régiment, le 3e Btn se rendent à Lépange et Deycimont où ils stationnent.
Mouvements effectués sans incident*.
*Compagnie Hors Rang.
** JMO op. cité
24/01/18
Dettu (2)
"Sturzuleghja u lumi di a mimoria di fronti à i piaghi prufondi."*
*Aragon, Le roman inachevé, p 99, Gallimard, 1956.
25 janvier 1918
La relève s'est effectuée sans incident.
Le 2e Bataillon (u meiu) se porte sur Aumontzey et le 3e sur Vienville. Mouvements effectués sans incident.
Pertes néant.*
*JMO op. cité
Le 2e Bataillon (u meiu) se porte sur Aumontzey et le 3e sur Vienville. Mouvements effectués sans incident.
Pertes néant.*
*JMO op. cité
20/01/18
Tarra ingorda
Sanguinava.
I tanghi pinzuti l'intazzavani i carri, l'intagliavani lu fronti. A minima gucciaredda di lu sò sangui, era una gucciaredda di lu nostru chi si perdiva, in tarra. Agna goccia chi puntava e pò li sgucciulava in fronti, era goccia di lu nostru, u sangui. Agna, agna goccia di li nostri pienti era lacrima di soii, i pienti.
Era Eddu, erami noi, suffarenza. Ma, Eddu, era amori, dinò !
I tanghi pinzuti l'intazzavani i carri, l'intagliavani lu fronti. A minima gucciaredda di lu sò sangui, era una gucciaredda di lu nostru chi si perdiva, in tarra. Agna goccia chi puntava e pò li sgucciulava in fronti, era goccia di lu nostru, u sangui. Agna, agna goccia di li nostri pienti era lacrima di soii, i pienti.
Era Eddu, erami noi, suffarenza. Ma, Eddu, era amori, dinò !
Cristo coronato di spina, (ditagliu)
Beato Angelico
1430-1450
Livorno
Noces de paille
Très chère Marie-Hughette,
Ainsi donc la censure a-t-elle retenu mes mots. Peut-être est-ce mieux ainsi ?
La censure nous lit, nous suit, commente la douleur. La censure nous épie, mais ça, vous le saviez déjà, bref.
Je disais simplement dans ma dernière lettre, combien je tiens encore à vous... Je vous disais d'autres choses...
Je vous disais, enfin je crois, que nous irons ensemble, un jour, "au Café bleu", tu riras et moi, j'en serai fier..."
Sf
Ainsi donc la censure a-t-elle retenu mes mots. Peut-être est-ce mieux ainsi ?
La censure nous lit, nous suit, commente la douleur. La censure nous épie, mais ça, vous le saviez déjà, bref.
Je disais simplement dans ma dernière lettre, combien je tiens encore à vous... Je vous disais d'autres choses...
Je vous disais, enfin je crois, que nous irons ensemble, un jour, "au Café bleu", tu riras et moi, j'en serai fier..."
Sf
18/01/18
18 janvier 1918
Paris ce 18 janvier 1918,
Mon cher soldat, mon amour immense,
J'ai été confrontée hier a une énigme, après avoir reçu une lettre vide de tout signe et provenant visiblement de vous.
Je me suis dit alors que la censure militaire avait agi et me privait de vos chères paroles.
Sans doute me parliez-vous, en détail, de vos conditions de vie, de vos douleurs, de vos combats ? Comment savoir ? Pouvez-vous me récrire tout cela ? Nous saurons vaincre la censure, n'est-ce pas?
Permettez-moi de vous adresser toute la chaleur de mon amour infini, pour ce que vous êtes, pour ce que vous avez été et pour ce que vous serez. Et tout cela malgré les contraintes qui pèsent tant sur nous.
Ici, la ville a retrouvé son rythme habituel...
Mon cher soldat, mon amour immense,
J'ai été confrontée hier a une énigme, après avoir reçu une lettre vide de tout signe et provenant visiblement de vous.
Je me suis dit alors que la censure militaire avait agi et me privait de vos chères paroles.
Sans doute me parliez-vous, en détail, de vos conditions de vie, de vos douleurs, de vos combats ? Comment savoir ? Pouvez-vous me récrire tout cela ? Nous saurons vaincre la censure, n'est-ce pas?
Permettez-moi de vous adresser toute la chaleur de mon amour infini, pour ce que vous êtes, pour ce que vous avez été et pour ce que vous serez. Et tout cela malgré les contraintes qui pèsent tant sur nous.
Ici, la ville a retrouvé son rythme habituel...
17/01/18
Ban de Laveline (6)
Ban de Laveline, ce 1er janvier 1918
Ma bien chère Marie-Hughette,
Le froid s'est emparé de tout. La glace a même figé l'encre de ma plume. Impossible de former une seule lettre.
Je ne vous écrirai plus.
Je ne dérangerai plus l'ordre que vous vous appliquez à mettre dans votre vie.
Je vous laisse quelque part entre Chatelet, les Gobelins, Port-Royal, les rues de commerces et ailleurs.
Il vous faut avancer et cesser de me lire. Il y a, pour vous, tant de paysages à voir, de vies à inventer, d'univers à explorer, d'eaux chaudes à gouter, de musiques nouvelles à entendre, de réussites à venir...
Je ne suis que désordre, boue et tracas.
Sachons être déloyaux à chacune de nos promesses intimes et si l'un de nous devait leur rester fidèle, alors tant pis pour lui.
Puisse la mort venir et puisse-t-elle avoir votre vrai* prénom.
Je vous aime.
Sf
*(Le mot est souligné, c'est ici la seule trace vraiment visible de la pointe du stylographe, laissé en creux, sur le papier. Le reste demeure indéchiffrable.)
(NdlA: on dit a Ban de Laveline que la température était descendue à -27°C cette nuit là).
Ma bien chère Marie-Hughette,
Le froid s'est emparé de tout. La glace a même figé l'encre de ma plume. Impossible de former une seule lettre.
Je ne vous écrirai plus.
Je ne dérangerai plus l'ordre que vous vous appliquez à mettre dans votre vie.
Je vous laisse quelque part entre Chatelet, les Gobelins, Port-Royal, les rues de commerces et ailleurs.
Il vous faut avancer et cesser de me lire. Il y a, pour vous, tant de paysages à voir, de vies à inventer, d'univers à explorer, d'eaux chaudes à gouter, de musiques nouvelles à entendre, de réussites à venir...
Je ne suis que désordre, boue et tracas.
Sachons être déloyaux à chacune de nos promesses intimes et si l'un de nous devait leur rester fidèle, alors tant pis pour lui.
Puisse la mort venir et puisse-t-elle avoir votre vrai* prénom.
Je vous aime.
Sf
Lettara muta
*(Le mot est souligné, c'est ici la seule trace vraiment visible de la pointe du stylographe, laissé en creux, sur le papier. Le reste demeure indéchiffrable.)
(NdlA: on dit a Ban de Laveline que la température était descendue à -27°C cette nuit là).
16/01/18
16 janvier 1917
A 3h30 le P.P. 37 (P.A. de 766) 11 Cie est attaqué par une vingtaine d'allemands. Malgré la faible composition du P.P (1 sergent*, 1 caporal et 5 hommes) il résista opiniâtrement.
L'ennemi a procédé par encerclement. Le vent O-E, très violent permit à l'ennemi de s'approcher. Ce ne fut que quand il se trouva à quelques mètres du P.P qu'il fut éventé par les guetteurs.
L'affaire fut menée très violemment et nos renforts n'eurent pas le temps d'arriver. Devant notre résistance, les boches se replièrent en emportant leurs blessés. Le F.M du P.P se mit en batterie et tira dans la direction du repli.
L'ennemi était armé de revolvers et de poignards. Il avait en outre des grenades reliées par trois et faisant par conséquent triple charge. Une mitrailleuse tira sur 766 quelques instants avant et après l'affaire.
Tués Blessés
Pertes
Officier
Troupe 1 2 (dont le chef de poste*, grièvement)**
*(M'hani dettu cusì: ch'eddu c'era statu stu colpu ch'e vi dicu. Ch'eddi si sò trovi inchjustrati. Hani persu un omu di quiddi di Uceine e cà essa firtu, d'una manera grava, era statu appuntu à Uceine. L'hani purtatu, doppu à l'aritrosa, à u spidali, cù un antru. È ch'eddu era statu brusgiatu à i mani e a faccia da una vampa di focu di fosforu. È cusì chi m'ha dettu à Junot).
** JMO, op cité.
15/01/18
14 janvier
14 janvier,
Journée calme. Faible activité des patrouilles, par suite du mauvais temps*
Pertes: néant.*
*JMO. Op cité
14/01/18
Bonne année !
Paris, ce 1er janvier 1918
Mon cher soldat,
Que vous dire sinon que votre présence innonde mes sens. Moins vous m'écrivez et plus il me semble recevoir de longues lettres de vous, tant vous occupez chacun de tous mes monologues.
Il y a quelques jours de cela, notre logeuse, nous a amenées, tante et moi à la Samaritaine.
Le magasin, malgré les restrictions, était bondé d'une foule insouciante de la guerre et de ses méfaits, toute à sa frénésie de fêter le nouvel an.
Mme D du B. a vraiment insisté pour que l'on fasse une photographie de moi, sans coiffe et avec son collier et ses boucles d'oreilles. J'ai dû aussi enfiler sa robe. J'ai eu, un moment, l'impression de ressembler à une guirlande. Ne riez pas, non plus, de ma coiffure! Et puis, foin de tout cela, je me suis dit qu'au moins vous auriez une image de moi, à jeter aux orties ou à glisser dans votre portefeuille, au choix !
Mon cher guerrier je rêve tant à ce jour, doublement de paix, qui nous réunira, puisse-t-il venir bientôt et être en tous points conforme à mon souhait secret.
Je vous aime.
(On me dit que le courrier militaire est très en retard en ce moment, mais, écrivez-moi vite, je vous en prie), vous m'apportez la vie.
Votre Marie-Hughette
Mon cher soldat,
Que vous dire sinon que votre présence innonde mes sens. Moins vous m'écrivez et plus il me semble recevoir de longues lettres de vous, tant vous occupez chacun de tous mes monologues.
Il y a quelques jours de cela, notre logeuse, nous a amenées, tante et moi à la Samaritaine.
Le magasin, malgré les restrictions, était bondé d'une foule insouciante de la guerre et de ses méfaits, toute à sa frénésie de fêter le nouvel an.
Mme D du B. a vraiment insisté pour que l'on fasse une photographie de moi, sans coiffe et avec son collier et ses boucles d'oreilles. J'ai dû aussi enfiler sa robe. J'ai eu, un moment, l'impression de ressembler à une guirlande. Ne riez pas, non plus, de ma coiffure! Et puis, foin de tout cela, je me suis dit qu'au moins vous auriez une image de moi, à jeter aux orties ou à glisser dans votre portefeuille, au choix !
Mon cher guerrier je rêve tant à ce jour, doublement de paix, qui nous réunira, puisse-t-il venir bientôt et être en tous points conforme à mon souhait secret.
Je vous aime.
(On me dit que le courrier militaire est très en retard en ce moment, mais, écrivez-moi vite, je vous en prie), vous m'apportez la vie.
Votre Marie-Hughette
Edith Florence Carter-Wood
09/01/18
À C. (20)
Addurmentati.
Cusì pagna è la notti,
Quidda chi t'ha cumpagna.
U mè cori à l'abbotu,
Và innambulatu,
Mi scoti e mi riscoti,
Addurmentami.
Chi, lu
Nostr'amori è vintu,
Nostr'amori è ridottu !
Cusì pagna è la notti,
Quidda chi t'ha cumpagna.
U mè cori à l'abbotu,
Và innambulatu,
Mi scoti e mi riscoti,
Addurmentami.
Chi, lu
Nostr'amori è vintu,
Nostr'amori è ridottu !
Richard E Miller
At the Windows (ditagliu) c.a 1911
Nelson-Atkins Museum of art
Kansas City
08/01/18
8 janvier
Calme. Faible activité de patrouille de part et d'autre, suite au mauvais temps.
Pertes: néant*.
E noi altri ad attizzà i brasgi indi a cennara spinta di i cirtezzi cecchi !
E un frettu chi, basta! Era ssu cotru binidettu. S'era presu omi, animali, mascini, mutori, culatti ecc... tutti oramai vanni.
E Talamasca, partutu, frimavu solu.
E a vita cusigna...
* JMO du 171e Régiment d'infanterie
5 avril 1917 - 31 mars 1918 26 N 708/7 in:
http://www.memoiredeshommes.sga.
defense.gouv.fr
Pertes: néant*.
E noi altri ad attizzà i brasgi indi a cennara spinta di i cirtezzi cecchi !
E un frettu chi, basta! Era ssu cotru binidettu. S'era presu omi, animali, mascini, mutori, culatti ecc... tutti oramai vanni.
E Talamasca, partutu, frimavu solu.
E a vita cusigna...
* JMO du 171e Régiment d'infanterie
5 avril 1917 - 31 mars 1918 26 N 708/7 in:
http://www.memoiredeshommes.sga.
defense.gouv.fr
05/01/18
4 janvier 1918
Une patrouille d'embuscade* reçoit à proximité de la maison Forestière de la Gravelle quelques grenades à ailettes et rafales de mitrailleuse.
En face du P.P. 7 du P.A Réduit, une patrouille ennemie tente de s'approcher de notre chicane. Les guetteurs ouvrent le feu et elle se replie immédiatement. 4 grenades sont trouvées à proximité et une échelle en corde.N°1214 Ordre de Relève (...)
Pertes: néant**
*(Saria statu a pattruglia cummandata da Uceine)
**JMO, op. cité
01/01/18
1er Janvier 1918
Journée calme.
Perte, néant*.
C'era una massa di canadiani in villa e ci vuliva à senta ssi : "Api in un ghjieru" ch'eddi si lampavani.
Andarè pò tù à sapè l'usi di l'uni e di l'altri, e a cunnoscia i sò lingui?!
*JMO. Op. cité.
Perte, néant*.
C'era una massa di canadiani in villa e ci vuliva à senta ssi : "Api in un ghjieru" ch'eddi si lampavani.
Andarè pò tù à sapè l'usi di l'uni e di l'altri, e a cunnoscia i sò lingui?!
*JMO. Op. cité.
31/12/17
30/12/17
Uceine
Si le sort t'abandonne va à lui d'un pied sûr.
Erami sempri à tola cù Talamasca, quandi intrò à Uceine (u chjamavani cusì ma nantu à i sò papiers c'era scrittu Houcine). St'Uceine che vi dicu, marucanu, era una massa tamanta à un scaloni. L'avivami fattu sargenti ch'ancun'eddu i "colpi di manu" che nò faccivami? Ni surtivami sempri vincitori, sempri. Cù a forza d'un torru, cù a malizia paisana di a volpi. Sappiva manighjà i sò omi, sappiva.
Eiu: "Viens, sergent te poser avec nous."
Prisentazioni fatti, agnunu diciva a soia...
Tandu à Uceine (ind'a sò lingua): "Oh comme j'ai ri ce matin en entendant ceci:
"Ayanna tannay titt inw ayanna ittay uyari,
Ila ykkat sa, meskin, ayn i serman nnes ggWAsal !"*
Eiu (à Talalasca): Aghju capitu ch'eddi erani "mischini in Sermanu", e tù ?
Talamasca: Eiu (...)? Listessu !
Eiu (à Uceine): "Sergent, si tu me fais la traduction en français, je te donne celle en corse".
Uceine: "Nous étions ce matin au combat quand un de mes soldats me dit (en poésie):
"Ce que perçoit l'oeil, la balle peut l'atteindre,
Le mortel qu'elle frappe a aussitôt les tripes à l'air."*
Alors j'ai ri, mais ri, de toute cette insouciance !"
Tandu, eiu à Uceine: "Ciò chi cù l'occhju si vedi, a badda u pò tuccà,
E quiddu chi a si busca, civi in tarra, sigura, ch'eddu si truvarà !"
Ridivami di tuttu (ma massimu di noi).
Talamasca: "Cortche qu'on est !!!"**
Eiu: "Si le sort t'abandonne..."
E Uceine cù megu: "Va à lui d'un pied sûr..." (È Lejean chi diciva sempri cusì, i seri di varmazzu maiori (veni à dì tutti i seri, o guasgi)).
O a risata... fattu si sta chi a notti s'e passata cusì.
*Poésies berbères, testu 16, p. 106, Arsène Roux, Edisud/"Bilingues", 2002.
**(Corci à noi).
Erami sempri à tola cù Talamasca, quandi intrò à Uceine (u chjamavani cusì ma nantu à i sò papiers c'era scrittu Houcine). St'Uceine che vi dicu, marucanu, era una massa tamanta à un scaloni. L'avivami fattu sargenti ch'ancun'eddu i "colpi di manu" che nò faccivami? Ni surtivami sempri vincitori, sempri. Cù a forza d'un torru, cù a malizia paisana di a volpi. Sappiva manighjà i sò omi, sappiva.
Eiu: "Viens, sergent te poser avec nous."
Prisentazioni fatti, agnunu diciva a soia...
Tandu à Uceine (ind'a sò lingua): "Oh comme j'ai ri ce matin en entendant ceci:
"Ayanna tannay titt inw ayanna ittay uyari,
Ila ykkat sa, meskin, ayn i serman nnes ggWAsal !"*
Eiu (à Talalasca): Aghju capitu ch'eddi erani "mischini in Sermanu", e tù ?
Talamasca: Eiu (...)? Listessu !
Eiu (à Uceine): "Sergent, si tu me fais la traduction en français, je te donne celle en corse".
Uceine: "Nous étions ce matin au combat quand un de mes soldats me dit (en poésie):
"Ce que perçoit l'oeil, la balle peut l'atteindre,
Le mortel qu'elle frappe a aussitôt les tripes à l'air."*
Alors j'ai ri, mais ri, de toute cette insouciance !"
Tandu, eiu à Uceine: "Ciò chi cù l'occhju si vedi, a badda u pò tuccà,
E quiddu chi a si busca, civi in tarra, sigura, ch'eddu si truvarà !"
Ridivami di tuttu (ma massimu di noi).
Talamasca: "Cortche qu'on est !!!"**
Eiu: "Si le sort t'abandonne..."
E Uceine cù megu: "Va à lui d'un pied sûr..." (È Lejean chi diciva sempri cusì, i seri di varmazzu maiori (veni à dì tutti i seri, o guasgi)).
O a risata... fattu si sta chi a notti s'e passata cusì.
*Poésies berbères, testu 16, p. 106, Arsène Roux, Edisud/"Bilingues", 2002.
**(Corci à noi).
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