A v'aghju detta, u varmazzu li si rudava u ciarbeddu, à Linard.
"Tu sais Sarratu, il est des souvenirs qui te poignardent, qui (...)
Cuntinuò, ripigliu:
...Un jour, alors que je partais, je partais à la guerre, j'ai refermè derrière moi cette porte du 36, abandonnant ainsi ma femme, me disant, sans toutefois lui dire, "Un jour je reviendrai".
Puis, je suis revenu, car je suis revenu, et c'est elle, alors, qui manquait à l'appel... ("l'appel", pinseti !) Et depuis ce jour là, depuis ce rendez-vous manqué, je l'attends, sans un espoir aucun de la revoir encore.
Sarratu, excuse-moi...
Non, c'est juste que cette attente s'est installée en moi et depuis ce jour là, comme s'installent dans le corps la vérole ou bien le choléra, elle me fait souffrir. Moi, j'ai chopè l'attente, comme on chope la teigne, les poux, la syphilis, la bronchite chronique, le thyphus ou bien le choléra. Attente définitive qui affronte son silence, son mépris, sa force et sa faiblesse ensemble, peut-être ses sarcasmes, ou bien ses moqueries, inutilement vengeuses ? Ou son indifférence, ou sa fausse pudeur, ou peut-être sa peur d'être encore dérangée ? Que sais-je.
Elle seule le sait.
Ou bien peut-être encore son silence se heurte-t-il lui-même à son propre précipice, son désir d'oublier, mais oublie-t-on vraiment ?
Tu sais, le pire Sarratu, même si je n'ai plus à espérer, cela ne m'empêche, en rien, de continuer à l'attendre.*
Tintacciu, era toccu da una parasia seria. Parò, ciò ch'eddu diciva m'era tuttu capiscitoghju. U tempu v'impara, u tempu v'impara: Je savais le français !
Vicinu à noi, piuvivani bombi. Linard, occhji sciarpatti nun cissava.
Eiu : "Mais ça, Linard, c'était, au juste, quand ?" Tandu eddu :"Je ne m'en souviens plus."
Era toccu, era toccu.
*da suvità.