.

.
Paisani in anda pà a fiera di u Niolu. LC Canniccioni v 1910

31/03/18

Dispensoriu

"Tristis est anima mea usque ad mortem: sustinete hic, et vigilate mecum: nunc videbitis turbam, quae circumdabit me.
Vos fugam capietis, et ego vadam immolari pro vobis."


Cristo de San Juan de la Cruz 
(Ditagliu)
Santellano Dali, 1951
Museu Kelvingrove, Glasgow


21/03/18

Me maryanshyeuza

A sera che vi digu, l'avivami passata cù Sulvestru Perronton in rimusciu. Puvarettu, diragliava e viniva da luntanu. Eccu ciò ch'aghju marcatu (di ciò ch'eddu sparlacciava in u sò patuà):
"Bin wa, d'yn vrai à la fin du mai à la farma, pè To non, qu'al lecha à bandon. D'mâ, d'mâ, Sarrâtou, d'mâ, t'sè... T'akeurdo Clé, Klyâra* t'akeurdo... t'é été ma maryanshyeuza, me fyancia, me promessa !!! "
Avarà parlatu di a sò prumessa persa ? Puvarettu, e Linard, alancatu accantu...

Da: www.scoop.it
(Linard 1918)

*Un colpu dava di "Clé", un colpu di "Klyâra" ?

18/03/18

À C. (21)

"Et toi, te souviens-tu du tout premier train à la gare de L. ? 
Dis-moi pourquoi mon écriture est-elle là où, précisément, tu n'es pas ?"




17/03/18

Ghjuramentu

(à Mo.P.)


Carrughji di a città: ci stà l'amori meiu.
Poccu importa induva eddu và, in ssu tempu divisu.
Un è più ' me amori, ch'agnunu li pò parlà.
Si ramentarà quali ci fù ad amaddu ?

Ind'u votu di li occhji, cerca a sò sumiglia
U spaziu ch'eddu parcorri è la fideltà meia.
Ci disegna a sperenza e lebiu, lebiu, a rinvia.
È punteddu maiò, ma parti nun ci piglia.

Vivu, eiu, in cori à eddu, o ruvina felici.
E senza ch'edda a sappii, l'esiliu meiu fà u tisoru soiu.
Ind'u grand' merdianoni, si scriva u sò sviluppu, a meia a libartà, l'asulcina e u scava.

Carrughji di a città: ci stà l'amori meiu.
Poccu importa induvà eddu và eddu, in ssu tempu divisu.
Un è più ' me amori, ch'agnunu li pò parlà.
Un si ramenti, mancu, quali ci fù ad amaddu e à fà li lumi da luntanu, ch'Edda ùn caschi micca e ch'Edda si ripiglii ?

Dans les rues de la ville...

René Char
Stratu da
"Eloge d'une soupçonnée"
Poésie/Gallimard, Paris 1988.

12/03/18

12 mars 1918

12 mars

Le Régiment reçoit, de la Division, les instructions complémentaires nécessaires à l'embarquement du Régiment.

A la suite de ces instructions, le Colonel, donne l'ordre suivant:

N°3363  Ordre pour l'embarquement du 171° R.I les 14 et 15 mars 1918

I- Répartition des trains, heures, des embarquements et départs (voir le tableau ci-joint).

II- L'Officier de reconnaissance de chaque train doit se présenter à la gare au moins une heure à l'avance et faire la reconnaissance détaillée du matériel (voitures et trucs*). Il s'entendra avec l'officier du 32° Btn du 171° R.I charger d'assurer la permanence le 14 mars en gare de Genevrouille.

En attendant le moment de l'embarquement, les détachements sont arrêtés à au moins 300m de la localité qu'ils doivent ensuite traverser sans arrêt pour gagner le quai. Il appartient aux Cdts des dits détachements, de mettre leur troupe en route au moment voulu, d'après les renseignements reçus de l'Officier de reconnaissance.

Les heures mentionnées au tableau, dans la colonne "embarquement" sont celles auxquelles les détachements doivent arriver sur le quai.

III- Les voiturettes des C.M doivent être démontées sur le quai, de façon qu'un seul truc suffise pour une C.M.

IV- Aucun matériel appartenant au Corps ne devra être laissé dans la zone actuelle.

V- Avant le départ de la troupe les cantonnements devront être en parfait état, tous les locaux remis en ordre. Les paillasses non vidées de leur paille seront transportées dans les magasins préparés à cet effet. Le matériel de zone sera rassemblé pour être livré aux Majors de groupes de cantonnement ou aux casernes, comme il est prescrit ci-après.

VI- Dans chaque cantonnement, chaque Corps ou Service laissera au départ un petit détachement commandé par un officier. Cet officier assumer la remise du cantonnement et du matériel divers de zone au Service,  des Camps et cantonnements. Un état de remise du matériel, en 2 expéditions, sera établi pour chaque cantonnement. Il sera signé contradictoirement par l'Officier et le représentant du Service des Camps et cantonnements. Une expédition sera emportée par l'Officier. Cet Officier retirera également le certificat de bien vivre. Les détachements ainsi laissés s'embarqueront comme suit, à la gare la plus proche :

Détachements laissés le 13 :

(234° R.A.C et 294° R.I): train 17, le 14.

Détachements laissés le 14:

Trains 29 et 30, le 15.

VII- Au 1er train (16°1S) partiront :

a) un officier, et les campements strictement nécessaires (l'Adjudant de Btn, un comptable et 2 hommes par Cie) pour préparer le cantonnement de leur bataillon.

B) un sous-officier par Btn, chargé d'indiquer, à la gare de débarquement, le lieu où cantonne son unité.

VIII- Ravitaillement

1 jour de vivres de chemin de fer, (à percevoir sur le quai de la gare).

Nota - Pour permettre l'embarquement du T.R, le 1er Btn laissera libre : 1 truc 1/2. Les 2e et 3e Btn 3 trucs chacun.

M. Les Chefs de Btn donneront tous les ordres de détail pour la mise en route de leur unité.


Le 12 mars 1918,

Le Chef d'Et. Blavier, cdt prov. le 171° R.I :


Signé : Blavier**

*Vagoni piattu, senza tettu
**JMO op. cité

11/03/18

11 mars 1918

Préparation à l'embarquement qui doit avoir lieu conformément aux ordres ci-dessous.*

*JMO, op. cité.

Syndrome de Cotard

U tempu, u tempu, digu di u tempu, quiddu chi passa, u tempu, quiddu chi si perdi.
U tempu s'era frimatu. Oramai i me ghjorni erani fatti d'un presenti ad eternam. Mora, ùn pudiva mora ch'eru dannatu (eru mezzu à l'indrentu, cù u cori di petra, e cù lu sgardu persu). Mortu eru ghjà mortu, eru.
"L'omu è ipocondriacu cù una pincundria neurastenica miscata di melinculia prufonda. U sindromi di Cotard !", ha dettu duttamenti u duttori Calan. A sapè quali m’era davanti, di pettu à stu specchju, quand'e mi fighjulava ?
Frascicatu da a guerra intima tra eiu e me stessu... "Una sera di Londra, marchju ind'i fumaci di farraghju, solu cù un amori chi nasci."* U meiu, u meiu l'amori s'era spintu d'un cantu e d'un focu battenti da l'altru. È cusì ch'e fù ritruvatu à Linard, smagritu, persu, ma vivu, in bordu di strada.


*Aragon, Le Roman inachevé, p 99, Gallimard, collection "Poésies/Gallimard", Paris 1956

10/03/18

Treni e treni

Muvivani (e Junot à scriva ghjurnati interi).

10 mars 1918

Le Régiment reçoit l'ordre suivant:
166e D.I           Au Q.G le 10 mars 1918
R° 1865/3

       Ordre d'Opérations Préparatoires N°129

I- La 166° D.I quittera la zone de Noroy-le-Bourg par voie ferrée à partir du 13 mars.
II- Embarquement aux gares de Genevreuille- Vesoul-Villers le Sec. 
III- Les ordres ultérieurs règleront les détails de l'embarquement, les répartitions de l'emploi dans la zone de débarquement.
IV- L'artillerie sera transportée les coffres demi-pleins.
V- Ravitaillement : 1 jours de vivres de chemin de fer, 1 jour de débarquement.

Signé : Babaud* (u chjamava "babò").



(c) Mission du centenaire


*JMO 171eme Régiment d'infanterie 708/7

du 5 avril 1917 au 31 mars 1918, in: http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr

05/03/18

P2

Avivu pinsatu di mandà li (à M-H) sta fotografia e scriva li : "Voici une photographie de votre cher soldat." Un paremi più astuti cusì, nò ?
E pò, aghju presu e stracciatu u tuttu ! Chi tantu malinconia ! Nun aghju fattu votu d'un scriva li più, nò !?


"Sò milli anni ch'e sò natu*."


*Saveriu Valentini

27/02/18

Genesi 3, 19

"Magnarè u pani cù lu sudori di u tò visu, fin tantu che tu sighi vultatu à a tarra, chi da edda fussi estratu; postu chi polvara sei, ed in polvara turnarè".


24/02/18

Milena J

Sintedi una bucciaredda, (focu vivu), chi s'intratiniva cù me stessu, in lingua francesa. Comu sarà statu chi, sta lettara appuntu, diciva di i sentimenti mei ? E, par ciò chi era di fantasmi o finzioni, mi viniva una brama prufonda di nuttriscia li. Quantu ch'Edda, tintaredda, fussi stata di i mei. 
Andeti voi à capiscia...


"Prague, printemps 1922

Voilà si longtemps que je ne ne vous ai pas écrit Madame Milena. Tout le malheur de ma vie (ce qui ne veut pas dire que je me plains, mais que je veux faire une constatation, dans l'intérêt général), tout le malheur de ma vie vient, si l'on veut, des lettres ou de la possibilité d'en écrire. Les êtres humains ne m'ont presque jamais trompé mais les lettres toujours. Mais, en fait, pas celles des autres, les miennes. La facilité de l'écriture des lettres, d'un point de vue simplement théorique, doit avoir causé une effroyable désagrégation des âmes dans le monde. C'est une fréquentation des fantômes et pas seulement du fantôme du destinataire, mais aussi de son propre fantôme qui se développe sous la main, dans la lettre qu'on écrit. Écrire des lettres c'est se dénuder devant des fantômes, ce qu'ils attendent avidement. Les baisers écrits ne parviennent pas jusqu'à destination, mais les fantômes les boivent sur les chemins jusqu'à la dernière goutte. Les fantômes ne mourront pas de faim, mais nous serons anéantis. 
Cette histoire de lettres m'a donné l'occasion d'écrire une lettre et, puisque j'écrivais, comment aurais pu alors ne pas vous écrire Madame Milena ? À vous qui êtes celle à qui j'aime, peut-être, le plus écrire ?"*

Spartedi stu fattu cù Lejean e tandu eddu, mi dissi : 
"Eux aussi, nos fantômes, ont le droit de s'abreuver aux miels et aux sucres doux de nos maux, ne croyez-vous pas adjudant ?" 

"Petit fantôme, pauvre petite fille seule, je t'aime, tu le sais et je t'embrasse. Tu me manques tant."



*F Kafka, Lettres à Milena, Imaginaire Gallimard, 1998.

22/02/18

Ut duo...

Lejean : "Regardez adjudant, jai fait une mixture de mots et de cordes, pour La faire revenir, je lis":

"Ut duo te video non quinque te alligo, cor tibi manduco, sanguinem tibi bibo. Aly aly comttates baptissan et patre et filio Dei non Chjara Gnugnedda tibi impero ut quaedam que voluero et velim adimpleas et facias."

- "Voilà, j'attends, voyez-vous. Parce que je ne peux pas faire d'Elle une fiction. Vous comprenez ?"
- "Pas toujours, mon capitaine, pas toujours..."



18/02/18

Ombra

A little bread
Some spring water,
A tree shadow and your eyes !
No sultan is happier than I,
No beggar is more depressed.

U pizzatteddu di pani,
E un pò d'acqua chjara,
D'un arburu l'ombra e li tò occhji !
Un ci n'è sultanu biatu cum'à mè.
Ne più tristu paciaghju.

Omar Khayyām (1048-1131)

17/02/18

Please be there...

Dogliu.
Fighjulgu à Lejean. Era quantu ch'eddu ci fussi in me dui parsonni. Quidda, francesa (piena à sanguicianghi), e quidd'altra fatta d'oru e di dulcezza (oramai persi). È cusì ch'edda mi viniva.
Un sappivu ciò ch'edda era?
Speziu di mischiumu trà puerizia e maturità ? Trà nucienza e rucitu ? Trà culà ed altrò. Trà soli e sangui.
Trà surisi e sugnozzi ? Dogliu e doglia.

14/02/18

Je te veux

Lejean vicinu à u gramofonu :"Écoutez adjudant, cette diction, ce cerveau musical et... ce coffre ! Si, si, tenez regardez la pochette". (risi)

"Je n'ai pas de regrets,
Et je n'ai qu'une envie,
Près de toi là tout près
Vivre toute ma vie.
Que mon corps soit le tien,
et ta lèvre la mienne,
Que ton coeur soit le mien,
Et que toute ma chair soit tienne."*


Ch'avivu da dì ? Sugnavami di poccu !




*Je te veux, Erik Satie, paroles H. Pacory (1903)

12/02/18

Tempu e patimentu

Accuppiavami a miseria cù a puvertà, tribuli cù suffrimenti, pena cù dogliu e curdogliu.
E cusì, passedimi nuttati, ghjorni, nuttati, settimani e mesi e anni: carchi à dulori, e ch'apparturivani... a morti.

(C) RMN


11/02/18

Muvimenti (4)

L'ottu di farraghju, muvimentu versu à Montbéliard, a sera, u 3u batagioni stazziunnò in Velleminfroy, u primu in La Creuse, e u meiu (u sicondu) in Châtenois.
I 9, 10, 11, aghju ripurtatu nantu à u ghjurnali, (u JMO, che nò dicivani). L'aghju ripurtatu eiu chi Junot dava i sò lezzioni, postu ch'eddu era Major, Aghjutenti-Maiori, diciva à Talamasca:

"Installation, revue des détails, réparation des effets et du matériel, exercices du port du masque, instructions sur les précautions à prendre contre les gaz et contre l'Yperite, passage en chambres à gaz. Reconnaissances et installations des champs de tir et de manoeuvre. Aménagement des terrains pour les exercices de combats pour les petites unités d'infanterie, d'artillerie et de cavalerie. Études des règlements pour les cadres, sous la direction des Chefs de Bataillons et des Adjudants-Majors. Entraînement physique une demie-heure matin et soir.
L'instruction est reprise conformément aux prescriptions de la note du G.G 1749/3 en date du 3 Février 1918."*

*J.M.O op. cité.



05/02/18

Carnettinu (2)

Avivu decisu, parechji settimani fà, di scriva i tuntii amurosi à Lejean.
"Alors, elle me dit: "Nous savons tous les deux que tout cela est déjà mort, mais vivons le quand même, si vous le voulez bien !"
"Si-vous-le-voulez-bien !!!"
"Comment pouvais-je lui résister ?"

04/02/18

Carnettinu (1)

Di ciò ch'e sappivu di francesu, di ciò che ni sappivu, m'eru fattu un carnettinu, cù la sò cupertina russina, dà marcà ciò chi mi passava in capu: di paroddi imparati, pinsamenti, passati e puesie (avariu da dì, megliu, rimi !). Infini chi, scriva, scrivivu e certi volti, ancu, faccivu qualchi disegnu. Ciò ch'e pudiva, oh ! Talentu, poccu e micca, ma ci vuliva à passà u tempu...
E, chi vuleti !?

Una notti, di farraghju, m'eru scrittu:


Éphémère soldat,
De cités étrangères
La boue des tranchées te façonne,
Quand le canon résonne,
Tu te terres, il t'abbat.
Éphémère soldat,
Tu portes bien ton nom,
Tu n'es là pour personne,
Tu rêves, passes et t'en vas !
Tu n'es là pour personne,
Ton temps est suspendu,
Toi, tu es nè trouvé et tu te meurs perdu.
Une vie étrangère,
Voilà ce que tu as vécu.



03/02/18

Muvimenti (3)

Viaghjà? Viaghjavami ! N'emi vistu: fin' di ghjinnaghju : Pouxeux, Eloyes, Saint-Nabor, Remiremont, Plombières e pò in Aillevillers: riposu, dui ghjurnati. Faraghju, u trè: muvimentu (pà u 1mu Btne, u Statu Maiori ed u C.H.R): Francalmont, (u 2du, u meiu e u 3rzu), Saint Loup, Ainvelle, Hautevelle... marchjavami. È cusì.



02/02/18

Perinde ac cadaver

Paris, ce 1er février 1918.

In omnibus, je vous obeirai.
Je vous le promets.
Je vous en supplie.

Marie-Huguette

30/01/18

Sylvestre

"Il y avait avec nous un fier jeune homme, il avait 23 ans. Lui aussi venait de la montagne. Il creuse et sculpte le bois. Regardez capitaine, ma canne, celle qui donne les assauts, vous la connaissez, n'est-ce pas : Sylvestre Perronton !
Il parlait de ces cascades qui, dès novembre, naissent des montagnes, toujours au même endroit et, qui disent, à ceux qui savent, si l'hiver sera rude. Il parlait de ses bêtes rentrées, pour des mois, dans les maisons, en bas. Il parlait des merles philomèles. Il nous parlait aussi du bruissement de la pluie, quand elle mouille la neige, lors des redoux d'hivers.
Mais lui c'était Céline, Céline de Thyzet. Oh, comme ses yeux s'illuminaient quand il nous parlait d'elle.
Il nous parlait aussi de sa vallée de l'Arve. Au début, (lorsque je parlais mal), je croyais qu'il parlait de "la vallée de larmes" (un proverbe de chez nous dit bien : "A vita è un vaddi di lacrimi...").
Ici, l'alboche était  toujours battu par nos conversations de pays et de femmes. Elles avaient toutes, pour chacun, le pouvoir de nous transporter en rêves, loin d'ici.
Heureusement que nous les avions, car nous n'avions que ça !"

28/01/18

Muvimenti (2)

Le C.H.R et le 1e Bataillon font mouvement et gagnent, le 1e Btn, le Fays et Prey où ils stationnent. La C.H.R rejoint le EM (sic) du Régiment et le 3e Bataillon à Lépange.
État Major, 2e Bataillon et 3e Bataillon sans changement.*

*Op. cité

27/01/18

La Samaritaine (2)

Paris, ce 26 janvier 1918

Cher Sarratu,

J'ai tellement de choses à vous dire mais vous devez savoir, avant tout, que, depuis hier, je travaille à la Samaritaine !
J'ai la charge d'une partie d'un rayon qui s'occupe principalement de petites réparations de couture. Nous pouvons aller jusqu'à faire des reprises à un accroc, sur l'instant.  M Brulelliot, notre responsable, est adorable et aidant. Il est ancien combattant de cette sale guerre...
Je suis à moins de dix minutes de marche de la maison. Mais je vous en dirai plus dans quelques jours.
A propos de jours, j'en ai comptés déjà huit, sans aucune nouvelles de vous. Je suis triste,  assaillie de mille questions. Cette année est bizarre. J'incrimine les postes, la météorologie, les trains, les nuages...
Vous devez me répondre.
Dans l'attente, je vous adresse mon expiante pensée.

Votre Marie-Hughette



Muvimenti (1)

Avemi marchjatu a nuttata intera da u fronti à "l'arriera".

La C.H.R* et le 1er Btn quittent Mondrayet se rendent à Yvoux, où ils cantonnent.
Le 2e Btn se rend à Le Roulier où il stationne. L'E.M du Régiment, le 3e Btn se rendent à Lépange et Deycimont où ils stationnent.
       Mouvements effectués sans incident*.

*Compagnie Hors Rang.
** JMO op. cité

24/01/18

Dettu (2)


"Sturzuleghja u lumi di a mimoria di fronti à i piaghi prufondi."*

*Aragon, Le roman inachevé, p 99, Gallimard, 1956.

25 janvier 1918

La relève s'est effectuée sans incident.
Le 2e Bataillon (u meiu) se porte sur Aumontzey et le 3e sur Vienville. Mouvements effectués sans incident.

Pertes néant.*

*JMO op. cité

24 janvier 1918

La relève s'est effectuée sans incident.
Pertes néant*.

*JMO, op. cité.

23 janvier 1918

Sans changement.
Pertes néant*

*JMO op. cité

20/01/18

Tarra ingorda

Sanguinava.
I tanghi pinzuti l'intazzavani i carri, l'intagliavani lu fronti. A minima gucciaredda di lu sò sangui, era una gucciaredda di lu nostru chi si perdiva, in tarra. Agna goccia chi puntava e pò li sgucciulava in fronti, era goccia di lu nostru, u sangui. Agna, agna goccia di li nostri pienti era lacrima di soii, i pienti.
Era Eddu, erami noi, suffarenza. Ma, Eddu, era amori, dinò !

Cristo coronato di spina, (ditagliu)
Beato Angelico
1430-1450
Livorno

Noces de paille

Très chère Marie-Hughette,

Ainsi donc la censure a-t-elle retenu mes mots. Peut-être est-ce mieux ainsi ?
La censure nous lit, nous suit, commente la douleur. La censure nous épie, mais ça, vous le saviez déjà, bref.

Je disais simplement dans ma dernière lettre, combien je tiens encore à vous...  Je vous disais d'autres choses...
Je vous disais, enfin je crois, que nous irons ensemble, un jour, "au Café bleu", tu riras et moi, j'en serai fier..."

Sf

18/01/18

18 janvier 1918

Paris ce 18 janvier 1918,

Mon cher soldat, mon amour immense,

J'ai été confrontée hier a une énigme, après avoir reçu une lettre vide de tout signe et provenant visiblement de vous.
Je me suis dit alors que la censure militaire avait agi et me privait de vos chères paroles.
Sans doute me parliez-vous, en détail, de vos conditions de vie, de vos douleurs, de vos combats ? Comment savoir ? Pouvez-vous me récrire tout cela ? Nous saurons vaincre la censure, n'est-ce pas?
Permettez-moi de vous adresser toute la chaleur de mon amour infini, pour ce que vous êtes, pour ce que vous avez été et pour ce que vous serez. Et tout cela malgré les contraintes qui pèsent tant sur nous.

Ici, la ville a retrouvé son rythme habituel...

17/01/18

Dettu (1)

"Evrything passes" diciva à Zi 'ngannu...

Ban de Laveline (6)

Ban de Laveline, ce 1er janvier 1918

Ma bien chère Marie-Hughette,

Le froid s'est emparé de tout. La glace a même figé l'encre de ma plume. Impossible de former une seule lettre.
Je ne vous écrirai plus.
Je ne dérangerai plus l'ordre que vous vous appliquez à mettre dans votre vie.
Je vous laisse quelque part entre Chatelet, les Gobelins, Port-Royal, les rues de commerces et ailleurs.
Il vous faut avancer et cesser de me lire. Il y a, pour vous, tant de paysages à voir, de vies à inventer, d'univers à explorer, d'eaux chaudes à gouter, de musiques nouvelles à entendre, de réussites à venir...
Je ne suis que désordre, boue et tracas.
Sachons être déloyaux à chacune de nos promesses intimes et si l'un de nous devait leur rester fidèle, alors tant pis pour lui.
Puisse la mort venir et puisse-t-elle avoir votre vrai* prénom.


Je vous aime.

Sf

Lettara muta


*(Le mot est souligné, c'est ici la seule trace vraiment visible de la pointe du stylographe, laissé en creux, sur le papier. Le reste demeure indéchiffrable.)

(NdlA: on dit a Ban de Laveline que la température était descendue à -27°C cette nuit là).

16/01/18

16 janvier 1917

A 3h30 le P.P. 37 (P.A. de 766) 11 Cie est attaqué par une vingtaine d'allemands. Malgré la faible composition du P.P (1 sergent*, 1 caporal et 5 hommes) il résista opiniâtrement.
L'ennemi a procédé par encerclement. Le vent O-E, très violent permit à l'ennemi de s'approcher. Ce ne fut que quand il se trouva à quelques mètres du P.P qu'il fut éventé par les guetteurs.
L'affaire fut menée très violemment et nos renforts n'eurent pas le temps d'arriver. Devant notre résistance, les boches se replièrent en emportant leurs blessés. Le F.M du P.P se mit en batterie et tira dans la direction du repli.
L'ennemi était armé de revolvers et de poignards. Il avait en outre des grenades reliées par trois et faisant par conséquent triple charge. Une mitrailleuse tira sur 766 quelques instants avant et après l'affaire.

                       Tués    Blessés
Pertes          
Officier
Troupe             1            2 (dont le chef de poste*, grièvement)**


*(M'hani dettu cusì: ch'eddu c'era statu stu colpu ch'e vi dicu. Ch'eddi si sò trovi inchjustrati. Hani persu un omu di quiddi di Uceine e cà essa firtu, d'una manera grava, era statu appuntu à Uceine. L'hani purtatu, doppu à l'aritrosa, à u spidali, cù un antru. È ch'eddu era statu brusgiatu à i mani e a faccia da una vampa di focu di fosforu. È cusì chi m'ha dettu à Junot).


** JMO, op cité.

15/01/18

15 janvier 1917

Sans changement.
Pertes: néant.*

*JMO. Op. cité

14 janvier

14 janvier,
Journée calme. Faible activité des patrouilles, par suite du mauvais temps*
Pertes: néant.*

*JMO. Op cité

14/01/18

Bonne année !

Paris, ce 1er janvier 1918

Mon cher soldat,

Que vous dire sinon que votre présence innonde mes sens. Moins vous m'écrivez et plus il me semble recevoir de longues lettres de vous, tant vous occupez chacun de tous mes monologues.
Il y a quelques jours de cela, notre logeuse, nous a amenées, tante et moi à la Samaritaine.
Le magasin, malgré les restrictions, était bondé d'une foule insouciante de la guerre et de ses méfaits, toute à sa frénésie de fêter le nouvel an.
Mme D du B. a vraiment insisté pour que l'on fasse une photographie de moi, sans coiffe et avec son collier et ses boucles d'oreilles. J'ai dû aussi enfiler sa robe. J'ai eu, un moment, l'impression de ressembler à une guirlande. Ne riez pas, non plus, de ma coiffure! Et puis, foin de tout cela, je me suis dit qu'au moins vous auriez une image de moi, à jeter aux orties ou à glisser dans votre portefeuille, au choix !
Mon cher guerrier je rêve tant à ce jour, doublement de paix, qui nous réunira, puisse-t-il venir bientôt et être en tous points conforme à mon souhait secret.
Je vous aime.
(On me dit que le courrier militaire est très en retard en ce moment, mais, écrivez-moi vite, je vous en prie), vous m'apportez la vie.

Votre Marie-Hughette

Edith Florence Carter-Wood



09/01/18

À C. (20)

Addurmentati.
Cusì pagna è la notti,
Quidda chi t'ha cumpagna.
U mè cori à l'abbotu,
Và innambulatu,
Mi scoti e mi riscoti,
Addurmentami.
Chi, lu
Nostr'amori è vintu,
Nostr'amori è ridottu !

Richard E Miller
At the Windows (ditagliu) c.a 1911
Nelson-Atkins Museum of art
Kansas City

08/01/18

8 janvier

Calme. Faible activité de patrouille de part et d'autre, suite au mauvais temps.
Pertes: néant*.

E noi altri ad attizzà i brasgi indi a cennara spinta di i cirtezzi cecchi !
E un frettu chi, basta! Era ssu cotru binidettu. S'era presu omi, animali, mascini, mutori, culatti ecc... tutti oramai vanni.
E Talamasca, partutu, frimavu solu.
E a vita cusigna...




* JMO du 171e Régiment d'infanterie
5 avril 1917 - 31 mars 1918 26 N 708/7 in:
http://www.memoiredeshommes.sga.
defense.gouv.fr

7 janvier

Journée sans changement.
Pertes: néant.*

*JMO, op. cité.

6 janvier

Calme. Artillerie amie et ennemie nulle.
Pertes: néant*.

*JMO, op. cité.

5 janvier 1918

Exercice d'alerte dans les P.A.
Pertes: néant*.

*JMO, op cité.

05/01/18

4 janvier 1918

Une patrouille d'embuscade* reçoit à proximité de la maison Forestière de la Gravelle quelques grenades à ailettes et rafales de mitrailleuse.
En face du P.P. 7 du P.A Réduit, une patrouille ennemie tente de s'approcher de notre chicane. Les guetteurs ouvrent le feu et elle se replie immédiatement. 4 grenades sont trouvées à proximité et une échelle en corde.

N°1214 Ordre de Relève (...)

Pertes: néant**


*(Saria statu a pattruglia cummandata da Uceine)
**JMO, op. cité

01/01/18

1er Janvier 1918

Journée calme.
Perte, néant*.

C'era una massa di canadiani in villa e ci vuliva à senta ssi : "Api in un ghjieru" ch'eddi si lampavani.
Andarè pò tù à sapè l'usi di l'uni e di l'altri, e a cunnoscia i sò lingui?!


*JMO. Op. cité.

À C. (19)

Moi aussi, tu sais, je n'aurai jamais aimé personne d'autre que toi.
Mais, toi, sais-tu seulement jusqu'à quand cette guerre va-t-elle durer encore ?



30/12/17

Uceine

Si le sort t'abandonne va à lui d'un pied sûr.

Erami sempri à tola cù Talamasca, quandi intrò à Uceine (u chjamavani cusì ma nantu à i sò papiers c'era scrittu Houcine). St'Uceine che vi dicu, marucanu, era una massa tamanta à un scaloni. L'avivami fattu sargenti ch'ancun'eddu i "colpi di manu" che nò faccivami? Ni surtivami sempri vincitori, sempri. Cù a forza d'un torru, cù a malizia paisana di a volpi. Sappiva manighjà i sò omi, sappiva.
Eiu: "Viens, sergent te poser avec nous."
Prisentazioni fatti, agnunu diciva a soia...
Tandu à Uceine (ind'a sò lingua): "Oh comme j'ai ri ce matin en entendant ceci:
"Ayanna tannay titt inw ayanna ittay uyari,
Ila ykkat sa, meskin, ayn i serman nnes ggWAsal !"*
Eiu (à Talalasca): Aghju capitu ch'eddi erani "mischini in Sermanu", e tù ?
Talamasca: Eiu (...)? Listessu !
Eiu (à Uceine): "Sergent, si tu me fais la traduction en français, je te donne celle en corse".
Uceine: "Nous étions ce matin au combat quand un de mes soldats me dit (en poésie):
"Ce que perçoit l'oeil, la balle peut l'atteindre,
Le mortel qu'elle frappe a aussitôt les tripes à l'air."*
Alors j'ai ri, mais ri, de toute cette insouciance !"
Tandu, eiu à Uceine: "Ciò chi cù l'occhju si vedi, a badda u pò tuccà,
E quiddu chi a si busca, civi in tarra, sigura, ch'eddu si truvarà !"
Ridivami di tuttu (ma massimu di noi).
Talamasca: "Cortche qu'on est !!!"**
Eiu: "Si le sort t'abandonne..."
E Uceine cù megu: "Va à lui d'un pied sûr..." (È Lejean chi diciva sempri cusì, i seri di varmazzu maiori (veni à dì tutti i seri, o guasgi)).
O a risata... fattu si sta chi a notti s'e passata cusì.


*Poésies berbères, testu 16, p. 106, Arsène Roux, Edisud/"Bilingues", 2002.
**(Corci à noi).

29/12/17

27 décembre 1917

Tir de nos mitrailleuses sur le Bois Menaçant (sic), Côte 607 et les mitrailleuses du Dansant de la Fête (re sic) - Exercices d'alerte dans le P.A Wisembach en cas d'attaque brusquée.
Rien à signaler.
Pertes: néant*

*JMO op cité.

Pauraccia

C'erami trovi una cantina nant'a traversa vicinu à a ghjesgia. Era ind'à Manetta o un nomi cusigna. Ci riscaldavami.
Parlavami di i tempi (chi sti tempi quì erani cum'à i tempi d'avali: c'erami  cunnisciuti à a guerra ed era appuntu sempri a listessa che noi t'avivami oghji quì...)
Era statu "virsatu" indi u 265 RI, sempri sargenti e senza prumozioni e c'era vulsutu ch'eddu passessi par St Diè, à ritruvà u sò regimentu.
Infini chi passavani l'ori quandi d'un colpu Talamasca fù pigliatu da a diciaredda.
Persu tandu ind'i sò discorsi di verità vera (dendummi, sta volta, di voi) dissi:
"Chereti, à mè, ciò ch'aghju fattu eiu ?
È cusì ?
Tandu a v'aghju da dì ni: aghju viaghjatu d'una stedda à l'altra senza mancu sapè induva andava. Aghju fattu, eiu, esercizii, passatu rivisti e rivisti, zappatu ind'i tranchées, trascinatu bilfarru e sacchi piena à tarra, tinutu notti e notti di vardia. T'aghju avutu a fami senza avè da magnà, t'aghju avutu a setti senza mancu un avè da bia, t'aghju avutu u sonnu senza pudè dorma, t'aghju avutu u frettu senza pudè scaldammi, pidochji senza pudè grattammi... eccu!
Eccu, basta ?
Iè, eccu e basta... ancu megliu, nò, chi tuttu quista ùn è nudda. V'aghju da dì l'occupazioni maiori di sta guerra, a sola chi conta: AGHJU AVUTU A PAURA.
"*
Puvarettu era sinceru. À chi ùn la cunnisciuta un pò parlà.



*La peur, Gabriel Chevallier, Le Dilettante, 2008

24/12/17

U ritornu di Talamasca

D'una boci cunnisciuta:
"Ô Sarrà, infilacastreghji sempri ? T'aghju sculunatu da luntanu mirè !"
Pigliu, mi voltu e à quali mi vegu ???
À Talamasca !!!
Appena, appena invicchjatu, a barba tagliata. Ben' missu...
È statu, stu mumenti, u rigalu più beddu ch'eddi mi pudivani fà.
Talamasca, l'amicacciu castagnicciaiu, mancu à dì ! U mè sargenti istruttori ! Un paisanu, un'amicu, e di i veri !
Eiu: "Comu sarà chi tù ti sì persu par sti Saint Diè, quì ?!"
Tandu eddu: " Ohh uhhh ch'anche tù... Mi che tu sè aghjutenti ! Ti devu u rispettu, ti devu, veni, chi t'aveni tantu da cuntà..."
"Una minuta, o amicu, vogu à veda u capitanu, chi m'ha fattu chjamà, e voltu e tandu ci spiigaremi. Passemi sta veghja natalesca insemi ?"
"Abbò, nò !!!"




24 décembre 1917

À 15 heures, après une forte préparation d'artillerie, un coup de main est exécuté sur la Saillant des Yaux, sous les ordres du Lt Bonnière, a pénétré dans les lignes ennemies qui avaient été complètement évacuées.
Après avoir détruit quelques abris, il rentre dans nos lignes. Violents tirs de barrage d'Artillerie d'A.T. et de mitrailleuses.

Pertes:
            Officier: Lt Bonnière Cdt la 3ème Cie du 171e: tué.
            Troupe:   4 hommes du 171e: tués
                            1 sapeur du Génie: blessé
                            3 hommes du 171e: blessés

N° 876, Ordre de Relève...*


*JMO, op cité

16/12/17

L'eau sacrée

Lejean, à lu sò scagnu: in uni scorru cù l'appareghju di transmissioni à dritta, u gramofonu vicinu à l'arecchja manca. 
Tamantu accuncciamentu da sminticà u rumori guerrieri chi li vinivani megliu i lagni longhi e languenti di a cantatrici! Fila cori, fila.
"Ecoutez  donc ces voix qui nous appellent, adjudant:"

"Lakmé
Tu m'as donné le plus doux rêve
Qu'on puisse avoir sous notre ciel, 
Reste encore pour qu'il s'achève
Ici, loin du monde réel ...
Tu m'as dit des mots de tendresse
Que les hindous ne savent pas,
Et tu m'as appris l'ivresse
Des aveux murmurés tout bas.

Gérald
Ce que je lis sur ton visage,
Ma Lakmé, me glace d'effroi.
De tout, mon âme se dégage
Et je ne serai plus qu'à toi.

Lakmé
Ah! maintenant, je veux te croire,
Voici la coupe où je vais boire.
Prends! ...

(...)

Gérald
Non ! Ce n'est pas la mort,
C'est la vie ardente
Qui coule à plein bord
Sur ta lèvre frémissante.
Ah!
Qu'autour de moi tout sombre."*






* Lakmé, attu III n°19, L Delibe (1883), libriolu di E Gondinet e P Gille.

15/12/17

Filusufia ?

Lejean :"Je lis... Adjudant, si le corse est si riche, il peut dire aussi la philosophie, non? Dites-moi, comment diriez vous en corse : "C'est une erreur de prétendre que la contradiction est inconcevable, car c'est bien dans la douleur du vivant qu'elle a son existence réelle"*
Eiu: "Je ne sais pas, certains prétendent même que notre langue ne se parle pas mais se siffle... Peut-être est-ce vrai ? Sinon, j'essayerais de dire:  À chi pratenda chi u cuntradittoriu è inconcipivuli, si sbaglia, chi, è puru ind'i u dulori di u vivu ch'eddu  teni u sò soffiu, u veru."*
Lejean : "Tous vos mots se terminent en "ou", on dirait !"
Eiu :"Vous savez capitaine, tous nos mots auront un jour une fin."


*Hegel

06/12/17

Survivre

Lejean: "J'imagine les survivants et leurs mots inutiles. Vous verrez qu'un jour, nous aurons droit à ce genre de phrases écrites par de faux poètes :
"Nous avons le souvenir, ils ont l'immortalité."
Oh comme j'imagine ce type de phrases niaises à inventer pour décorer nos monuments aux morts à l'avenir.
Car après les hommes, adjudant, viendra le tour des pierres et, comme nous, elles finiront soumises, domestiquées, repensées et  porteuses de messages surranés à destination de générations à venir. Générations qui, elles, n'auront plus rien à faire de tous ces morts là. C'est ainsi, que voulez-vous !
Imaginez, chez vous : "Aux enfants de Petri Rossi, morts pour la France. 1914-19??" Bon... voilà, restera à préciser la seconde date..."
"Sait-on seulement si cette guerre aura jamais une fin ? "

02/12/17

Samedi 1er décembre 1917

Tirs violents de minens sur 766 et 762. Tirs d'artillerie (300 coups) sur P.A Réduit et P.A 766.

Pertes, néant*.

JMO Op. cité

28/11/17

Dictionnaire corse-français (999)

Claire de lune: bughju neru !
Pleine lune: luna biotta...

Georges Paul Leroux (1877-1957) : 
Aux Eparges, soldats enterrant leurs camarades au clair de lune.
(Musée National du Château de Versailles)

26/11/17

Francesu e lingua nostra...

Lejean :"Adjudant, vous aimez votre langue n'est-ce pas?"
Eiu: " Je n'ai sais pas, capitaine si je l'aime ou pas, mais c'est elle qui me permet le mieux de dire les choses que j'ai en moi. Enfin, je vous dis cela, mais depuis que j'ai appris la vôtre, de langue, je vous avoue que je n'en suis plus sûr. Ainsi je ne saurais pas comment dire en corse, ces mots de Junot: "Le souvenir n'est qu'un succédané de nos nos chagrins passés."*
Non, j'apprends à dire les choses d'une autre façon, peut-être sont-çe là des choses d'une autre époque ?
Et puis avec toute cette machine à effacer les sentiments, qu'est la guerre, il me semble que le français suffit (sic).
Voilà, mais cela me touche que vous pensiez à ça."

*(U rimorsu, un sarà pò fattu cà d'i nostri peni passati ???)

25/11/17

24 Novembre.

N° 7430   Ordre de Relève.

I. Le 2e Bataillon relèvera le 3eme Btn dans la soirée du 26 au 27 Novembre dans le b.R de la Croix le Prêtre.
Tb à Coinchimont

II. Après relève le Bataillon Bernaud occupera les emplacements suivants:
     - E.M, Une Cie et T.C à Ban de Laveline
     - Une compagnie à Honville
     - Une compagnie à Lesseux de Chapis
Les compagnies de mitrailleuses restent en place.

III. Le mouvement de relève sera réglé après entente entre les Cdts des 2e et 3eme Btns.
       Les éléments du 2eme Bataillon devront être en place dans la matinée du 26 à partir de 7h.

Les mouvements devront se faire par petits groupes largement espacés.

IV. Le 3eme Bataillon quittera le secteur Croix le Prêtre à partir de 17 heures, suivant les ordres du Capitaine Baulieux, pour aller dans ses cantonnements.

V. Les reconnaissances à faire par les cadres du 3ème Btn pour les cantonnements et la continuation des travaux seront terminés pour le 23 novembre au soir.

Nota: Pour les prescriptions de détails se conformer aux paragraphes VI. VII.VIII et IX de l'Ordre de Relève du 24 Octobre 1917.

                      Le 24 Novembre 1917
                Le Chef d'Escadron Blairer Cdt                                  provisoirement le 171e RI




Da : JMO 26 N 708/7, in: http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr


21/11/17

22 rue de la Krutenau

Lejean pariva imburdatu di si sò paroddi stessi :
"Ainsi donc, voyez-vous adjudant, il est des adresses qui auront toujours été inutiles. Des adresses qui annocent des séparations. Des rues qui se finissent en impasse, voilà.
Mais ça, on le savait deja, n'est-ce pas.
Et pourquoi vous dis-je cela ?
Je repense à ma première incorporation,  voyez-vous, je me souviens que je l'aimais très fort.  Pourtant, je n'arrivais pas à le lui dire: le ressentiment.
Quel mot bizarre que le ressentiment. Et combien de vies perdues pour cela... Le ressentiment, oui... c'ėtait cela la maladie infantile de notre amour."

"Et moi.. (dissi, tandu, à Junot), je connais des boulevards qui finissent en impasse !!!  Boulevard Peirere à Paris. (Oh lu sgardu à Lejean).
Tandu à Junot: "Ben quoi ?"

Andeti voi à capiscia... c'è da rida certi volti a vi dicu eiu.

18/11/17

17 novembre 1917 (patrouilles)

Une patrouille ennemie entre PP5 et 6 à Wisembach se heurte à une de nos patrouilles et est repoussée. Un blessé chez l'ennemi. Un calot et un fusil sont trouvés sur le terrain.*

Pertes: néant.

*JMO, op. cité.

Lucca II, 33

"I tò occhji sò à lumera di la tò parsona; quand'eddi sò in piena saluta, tandu à tò parsona è luminosa; s'eddi sò malati, à tò parsona cambia ed è bughja. Cusigna, abbii primura, e ch'eddu un sighi scuru, u lumi chi tu porti in tè stessu. Cusì, se à tò parsona è luminosa, senza tristezza indocu, sarà tandu piena à lumi cum'è quandi a lumera ti richjari e t'alumineghja."
Fussi edda pura.

13/11/17

À C. (18)

Duve ùn ci è a forza, cresce l'ira o l'addisperu, u silenziu in più...

11/11/17

A C. (17)

Cuscogliuli chi sò casciapuli...
Fusti, tù, "la fini di u mondu"*...

Sarah Birch (c. 1910)
Lamport Hall, Northampton (UK)
In, Books & Art



*(Manera di dì napulitana).

07/11/17

Ciò che nò semi..

 Jeanne.

Sunniava: aghju vistu un lettinu, forsi quiddu d'un ziteddinu. Nò, megliu: u lettu era quiddu di una zitidduccia. Accantu à ssu lettinu, in quidda camara, un lettu più maiori, quiddu di i parenti.  In quidda casa, vidivu dui parsonni vivi. Una mamma, ghjovana, t'avarà avutu 20 anni, o mancu, nobuli di maneri, graziosa e biundinetta e svighjata di poccu. I capeddi erani inturchjuliti da fà un cocculeddu garbatu e raru. Era a bidezza di u mondu. U surisu era apartu, dolci e generosi. Dolci, dolci cum'era dolci lu sò cori, com'erani dolci i sò labbri. Pariva ch'edda vighjessi nantu à sò famigliaredda, puvaretta...
A ciuccia intargava, trà sonnu e scità. L'agnuli di ssa tarra li baddavani à l'intornu.
L'omu, chi c'era statu, di siguru, un omu in quiddi locchi. L'omu s'era dighjà pisatu e s'era laccatu l'appartementu senza che nò pudessimi dì s'edd'era partutu sta mani, arimani o quindici ghjorni fà.
Senza pudè dì s'eddu era à a guerra, in cafè in villa o s'eddu era scappatu par sti Francie o puri in l'Africa fonda, fonda ?
U fattu è chi a mamma s'era ritruvata sola in casa cù a zitedda.

Fù una stonda.
Fù una stonda, una stunddaredda.

A bomba schiattò. Ghjunta di ùn si sà induva e fecci falà a mittà di u palazzu. Ghjustu da laccà nantu à a facciata sempri arrita, a marca d'unu solu di i quattru muri di l'appartementu. E cusì à tutti i piani sfundati, à l'insù, à l'inghjò !
Si vidiva ch'eddu c'era statu una famiglia à campà quici. Arristavani i traccii di carta bianca nantu à unu di ssi quatru muri e basta.
A vita, massimu i surisi, si n'erani andati in fulmini e polvariccia. In una stonda.

Ciò che nò semi ? Nudda, ciò chi era, ciò chi un è più.

Tore Y Johnson
À ringrazià di cori
à Paulu Filippi

05/11/17

Les 3 Maries

Cher Sarratu,

J'ai reçu votre lettre qui ne m'a pas surprise mais m'a bien sûr contrariée.
Le train est donc devenu est ma maison: figurez vous que notre logeuse, ravie de son séjour en Normandie a décidé, cette fois, de nous faire decouvrir "l'air de la Méditerranée" a-t-elle dit. Nous voici donc au bout du monde, au bout d'un interminable voyage. Dans un village dont le nom doit beaucoup, dit-on, au débarquement des 3 Maries, ici, il y a bien longtemps...
Il est paraît-il aussi une Vierge noire que les romanichels implorent avec une très grande piété.
Je ne vous en dit pas plus, mais sachez que dès demain, je m'en vais l'entetenir et puis j'attendrai. On dit bien qu'elle fait des miracles.
Pour l'heure, je vais me coucher, ce voyage et ces transbordements m'ont épuisée (je suis sûre que vous auriez aimé les arlesiennes et leurs habits). Je vais aussi penser à mon méchant soldat !
Puisse cette nuit être douce pour vous autant que puisse être douce une nuit à la guerre.
Je vous aime même si vous ne voulez pas l'entendre. Je ne me cache pas et je n'efface pas mes traces. Je ne vous efface pas, non plus.
C'est ma vie. Et c'est aussi, j'espère, beaucoup de la vôtre.

Votre Marie-Hughette.

03/11/17

2 novembre 1917

Sur le front du Sous-Secteur, les Boches manifestent leur joie (victoire en Italie*) et placent des pancartes.

Pertes: néant


*NdlA: Battaglia di Caporetto
JMO: Op. cité

02/11/17

29/10/17

À C (15)

Aghju trovu una carta stracciata ind'i un libru anzianu, pagina 55. C'era un disegnu dipintu, d'un suldatinu, uni scrittu nantu à u bigliettinu, in francesu. Ma ch'avarani vulsutu dì ???
C'era scrittu:

"La moitié d'une absence c'est juste la moitié d'une tristesse. mon Amour."
30/10/1862

Chère Hughette (4)

Saint Diè, ce 29 octobre 1917,

Ma vie ressemble à votre dernière lettre: sans cesse en retard.
Votre lettre, je l'ai reçue hier. Elle était datée de Noël 1916. Vous m'y souhaitiez la plus belle soirée possible et une joyeuse année à venir.
Je vous souhaite à mon tour donc, une belle et heureuse année 1917.
Et pour que cette année soit vraiment belle, il vous faudra m'oublier.
On n'aime plus un cadavre, fut-il encore en vie, on le pleure. On l'évoque et avec lui, on joue des souvenirs. On mime des monologues, c'est tout. Rien de tout cela n'est vrai. Je n'ai pas existé.
L'amour on le doit aux vivants car ils sont l'avenir. Nous sommes le passé.
Je vous ai pourtant tant aimée. Vous êtes irremplaçable, si seulement j'avais su vous le dire. Je suis un imbécile.
Ici, le ciel ce soir...

Votre Sarratu



27/10/17

Les Vosges

Vegu à Junot à scriva a guerra finita, chjinatu, i dui pedi ind'u foccu. E Lejean à dì :" Junot, je vous désignerais pour écrire l'historique du régiment. Vous avez la plume leste et précise !"

Arrivé vers Aillevillers le 23 Juin, le 171e y goûte le repos dans d'excellents cantonnements, au milieu d'une population affable heureuse de loger le Régiment de Belfort.
A partir du 14 Juillet 1917, il occupera dans les Vosges le sous-secteur sud de Saint-Dié. La densité des troupes est très faible et les veilles pénibles. Loin d'être une période d'inaction, c'est le moment des coups de main, patrouilles, reconnaissances poussées souvent très loin dans les lignes ennemies...(1)

Chi Santa Lucia ci mentenghi, u restu...



(1)Da : Historique du 171e Régiment d'infanterie, Belfort-Mulhouse, Société anonyme des Établissements d'Imprimerie A. Herbelin 1920

25/10/17

Futuru

Comu mi sarà vinutu in menti ciò chi zì Tantà m'aviva dettu: "E pò noi, semi quì, campemi quì, avemi u passatu, u presenti, u futuru..."
À pinsaci : u futuru, u futuru....

22/10/17

Rimigna

Ci hani vulsultu purtà in tarra, ma s'erani sminticati d'una cosa: semi sumenta, noi. Iè, sumenta, e sumenta di rimigna...

21/10/17

21 10bre 1917

Nanzu arimani è statu tombu u sottu-tenenti Matthieu (tagliatu d'un tiru mitragliosa) di a 11esima Cumpania. Omu struitu e babbu di trè ziteddi e cun eddu, sò stati dui omi à spariscia. D'eddi, un si sappiva nudda, d'eddi... è cusì.

Oghji emi purtatu indi u JMO :
"Bombardement de 766 par torpilles et torpillettes."

                              blessés    tués
Pertes Officier                         1
            Troupe                          2

41

Per la fine della guerra.

À la Vergine Maria
Dumandemuli un favore
Ch'ella cambii à li guerrieri
Le sò amari passioni
Di una guerra mundiale
Evitane st'occasione.

Di la fine à sta guerra
Mettimu l'attenzione
Fà una mace fra nemici
Cu tuttu le nazione
Chi si stu fragellu dura
Serà la destruzione.

O cosa lu face l'omu !
Sò cose for' di misura
In tutte le nazione
D'una fabbrica chi è matura
Per distruge roba e ghiente
Ghjè una cosa troppu dura.

Si cambissinu i sapienti
À le sò inventazioni
Per distrughie ghiente e ropa
Nun più fà munizione
E di fà un cumunu accordu
Mettesi nulla ragione.

Si lu populu pensassi
Di fà chiara aleanza
Mette à  pace in Auropa
E rialzane la Francia
Perche si sta guerra dura
Sera di tanta soffranza.

Cosa accade in terra e in  mare
Ne colla lu terrore in celu
A Madona e lu Signore
Soffrenu tantu martiru
Di vede i cori astimati
Si nun calma stu deliru !

Per calmane stu deliru
Ci vole à cambiar' sentimenti
Osservar' di lu Signore
Li dece cummandamenti
Amar lu prossimu nostru
Cumu amacci à noi stessi ?

Chi richi simu di terra
Più lerghi simu di mare
Chi tutte le nazione
Puderianu navigare
E poi in casu di bisognu
Tuttu rendesi lu bene.

Quanta ropa fala in  mare
Quanta si ne va brusgiata
Sta legge cusi dura
Da quale sera creata
Sera una ver' ferita*
Da lu demoniu tentada.

O s'ella cambiassi l'omu
A le sò tentazione
La ropa diventa nunda
E nun da avè valore
L'anima parte spugliata
Vestita di a sò azzione.

O se sapia leghie e scrive
Per esprime le mio edee
Bulia fà stampà un libru
O agniunu pudellu vede
Per pudè fà capì l'omu
Quantu manca à u sò duvere.

Pudia scrive ssu libru
Stampatu à sillabe d'oru
E poi fallu circulà
Che lu leghiessi ognunu
Prega di finir' la guerra
In l'annata quarant'unu.

Tuttu lu mese di merzu
Preghemulu cun curaggiu
Perche c'è un venari santu
Da Dio è statu agraziadu
Intercede in ss'ora santa
Di rialzà lu nostru statu.

Prighemu u mese di merzu
Tuttu lu quaresimale
Mettimu l'arme à  terre
Libari i batelli in mare
E li notri prigiuneri
Tutti messi in libertà ne...

O chi lu ghiornu di Pasqua
Quandu Dio è ressuccitatu
Pudeli fà una preghiera
Di tutto ringraziatu
E chi dia una longa vita
À lu nostru scieffu di statu.

Francesca Antoniotti

(Scrittura originali rispittata quantu eddu si pudiva)
*Scrittu : "berberita".

18/10/17

A cacciattiva...

A sera, mi n'invengu. C'era mamma à a paghjola, à u focu, pronta à servacci a suppa à tola, suppa di castagni. Laccavami i castagni da cantu. E a mani à bon'ora i magnavami tandu, bagnati ind'i u latti caldu.
Ricordi d'un mondu migliori.

Suppa calda culà, tranchée troscia quì...

15/10/17

à Malù: black lives matter

À Urban F. Bass

Più indà, si sintiva cuddà da sti povari neri americani ghjunti d'un si sà induva, u lagnu cantatu à i sureddi soi.
Cantavani i Quattru Donni. Baddu ripetitivu...

My skin is black
Di peddi nera
My arms are long
I braccii longhi
My hair is woolly
Capeddi lanosi
My back is strong
Di schiena forti
Strong enough to take the pain
Forti abbastanza da purtà peni
inflicted again and again
Inghjuliata sempri di più.
What do they call me
E com'eddi mi chjamani ?
My name is Aunt Sarah

Aunt Sarah...
È lu nomi meiu..

Di peddi incerta
Capeddi longhi
Trà dui mondi
I do belong
Di babbu biancu, di babbu riccu
À l'abbruccà, s'ha furzatu à mamma
E com'eddi mi chjamani ?
My name is Saffronia
Di nomi Saffronia
Saffronia

Di peddi bruna
Capeddi fini
I fianchi larghi e aparti
Bocca rossa à vinu
Di quali sogu eiu ?
Di chi soldi aghji da cumprà mi
E com'eddi mi chjamani ?
My name is Sweet Thing,
Di nomi Sweet Thing...
(tamburini)

Peddi castagna
Salvatica di maneri
Tumbariu ancu a prima mamma ch'e vegu
Chi fù dura la me vita
Inacerbita ssi pocchi ghjorni
Ch'erani schiavi li me parenti
E com'eddi mi chjamani ?
Mi chjamu Peaches
My name is Peaches !

Nina Simone



Four Women © Sony/ATV Music Publishing LLC




08/10/17

8 10bre 17

Travaux habituels d'entretien du Secteur, mais presque nuls par suite du mauvais temps.
Par décision de M le Général Cdt en Chef, note n° 3613 en date du 3-10-17, le Lieutenant Colonel Donan Cdt le C.D.I de la 166e D.I passe au 171e RI en remplacement du Lt Colonel Michet, remis à la disposition du Ministre des Colonies.
À date de ce jour le Lt Colonel Donald prend le Commandement du Régiment et du Sous-Secteur B.

                                   Tués                   Blessés

Pertes-Officiers          -                             -
Troupes                       -                             1


U Cigliu rossu (2)

"Tilloloy,

A posta era di i boni.
For di l'obusieri chi picchjavani nantu à Beuvraignes, à meziornu, ùn accadiva mai nudda par quì. Aghju tinutu in menti (battivami a cocchja), una scappata, a maiò parti di noi, accuppati à construiscia cabannacci di casci, d'altri à piantà tenditi, pariva chi i Bosci fussini stati mandati in Trabizonda, in qualchiddocchi, indi u fondu di a piaghja, vicinu à Roye.
Una certa matina latina di ghjunghju erami pusati ind'arba (chi si era impadrunita u nostru muriciolu e chi piattava i nostri barbelés), arba chi ci tuccava à taglià e à vultà, erami quì pusati in quidda arba alta à chjachjarà in aspitanza di a suppa, à paragunà i provi di u cuccinaru nuveddu à quiddi di Garnéro chi era statu tombu nantu à a Sarra di Vigy.
Quandu, d'un colpu, stu mattu di Faval saltò sù un pedi, a manu dritta tesa, u ditu contadinaru spuntatu, vultò u capu a manu manca sopru à l'occhji e si missi à mughjà, à scucculi tal'à quiddi di u ghjaccaru ughjulendu.
Mì, mì, mì, fighjuletti !... Oh mà !... Oh, oh, oh !...
Emi saltatu e fighjulatu cù stupori e, à trè passi di Faval, ficatu ind'arba cum'è un fiori spannatu, cum'è un cigliu rossu, un bracciu umanu, insanguinitu, un bracciu drittu tagliatu sopr'à u ghjovitu, a manu sempri viva scavava a tarra di li sò ditti quantu ch'edda avissi da piglià una radica di quì u lumineddu sanguinosu si sbalanciava pianu pianu prima di tena drittu.
Cù vivu instintu pisedimi u capu, stizendu u coddu, à fighjulà ch'eddu ùn ci fussi un aéro (aviò) in celi. Un capiscivami micca. Ma biottu era u celi. Ma d'induva ch'edda ci viniva sta manu mozza ?
Sta mani, cannunati ùn si n'è vistu.
Emi scuzzulatu à Faval. Intuntiscivani l'omi.
"Parla o tontu ! Sta manu, d'induva ch'edda veni ? Ch'avarè vistu ?"
Ma Faval un sappiva nudda.
-"... L'hai vista falà da u celi ?"

Tenaru era u celi. Dolci lu soli. L'arba achigliulava, piena à api, à fiarabattuli.
Nun s'era passatu nudda.
Ùn capiscivami micca.
Di quali sarà statu sta manu, stu bracciu drittu, ssu sangui chi curriva, com'e corri, à a luna, u succhju di l'arburu ?
"À la soupe !" Lampò u cucinaru nuveddu chi ghjunghjiva ridulanu cù u sò paghjolu fumenti, buttoni ammanicati, cù li sò "gamelles", i sò scatuleddi di a cunserva, a sò vinaccia dinò.
Li fù rispostu :" Ta gueule, salaud (zittu o lu bruttu)!"
L'omi si sbandedini e pà a prima volta, dipoi che nò erami in quiddu settori induva ùn accadiva nudda, nudda, andedimi à infrugnassi sottu tarra.
Era una bedda ghjurnata.
Sarà statu u ghjornu più beddu di tutta l'annata.
Faval, solu, solu pinghjiva, sugnuzzava ind'arba calda, scuzzulatu à spasimi.
Uni pocchi di moschi verdi vensini à mettasi nantu à la sò manu.
Mai, mai un emi sapiutu ciò chi n'era statu di stu misteru, mai.*






*Blaise Cendres, La Main coupée, Denoël 1946, "Le Lys rouge", réédition Gallimard, Folio, p 408-410

6 10bre 1917

Quelques tirs de harcèlement exécutés par nos mitrailleuses sur les pentes ouest du ravin de Ste Marie et sur les premières lignes ennemies.


Tués              
blessés                                            2
   Pertes-Officiers         -                 -
   Troupe                        -                2



JMO 171e RI, op cité

Marì

"Sainte Marie,
Douce Vierge,
D'ici
Ou
Des Saintes Maries,
Priez pour nous."

Verget era un artistu e di i veri. Bancalaru à u civili. Manescu e gherbatu, lestru di i sò mani. Sempri apressu à l'obus da intaglià, da zuccà à frisgi, à fiori o à figuri divini. A sò opara più cumpiita era, par mè, una Vergini Marie dicurata di a sò frasa (ch'aghju scrittu più insù).
U m'ha dattu, di rigalu, l'obus tiratu e tandu m'ha dettu : "Non, décidément Sarratu, la vie n'aime pas qu'on la regarde dans les yeux. Moi, j'ai commencé par le deuil et aujourd'hui j'ai froid, tu comprends."
"Puisse-t-Elle nous réchauffer."
Ch'avivu da dì ? Tintacciu.


04/10/17

Varmazzu...

Purtavami i cancari in manu, in corpu, in cori.
A malacedda s'era fatta musconi, magoni.

(Dà ùn si sà)
À ringrazià à 
Paulu Filippi

01/10/17

Lundi 1er octobre 1917

"Journée calme. Aménagement et entretien des boyaux et PP.
Travail nul dans les systèmes 607. Les écoutes du Génie signalent de faibles pétardements.
Pertes, néant. "*

*JMO, Op. cité.

29/09/17

À la renommée des Escargots (11)

Sta volta, sta notti, u picchju s'era fattu...  merula !
Merula vistuta à piumi lucicanti di neru e di turchinu, s'eddu si pò dì.
Ridiva, mì ! Chjù l'aciddacciu. Ti vegu mi, ma... meruli, merula, ... chjù-la-miseria, chjù la brutta, chjù !
Fiù, fiù !!!...

In più, mireti sta candela pariva ch'edda u fessi baddà... cirinu maladettu, và.
E prova e prova e ci sogu sbuccatu, e pugna e pugna e mi sogu frimatu ! Viditi ?

Più inda, camara 16, un mughju umanu : "Evviva à noi !" lintò Verget tuttu u soiu, cordu e senza maneri, intricciatu à meza carri, anchi à l'aria, corpu à corpu cù Aleth. Oh lu bruttu, o la brutta !
Da roccia, e da roccia da veru, a vi dicu.
A sera, à tintena tappata, mi ni sogu vultatu solu, solu à u campu.
Oh ssi soldi spesi par nudda. Mancu, mancu da sminticà sta p... di guerra, una stonda. Nò, mancu una siconda. E sta buccaredda sempri à dimmi : "...Chaleur épaisse...des langueurs océanes..."* Oh lu me ciarbeddu.
Povaru à mè, ch'avivani da fà u mari e l'oceanu appuntu, quì ???
Aletha ch'anche tù sighi maladetta, (puvaretta).

*J Brel, Amsterdam

[Kachô-ga]
BNF