Très cher Sarratu,
Me voici donc, comme prévu, en Normandie... Nous sommes parties dimanche de Paris, Mme D du B tenant absolument "à passer son Noël presque comme si rien n'était".
Après un épouvantable voyage de 12 heures (métro puis train, diligence et calèche, ouf !) nous arrivâmes enfin à destination.
Le ciel m'est apparu immense, si haut. Je n'avais jamais vu de nuages si grands, si ronds, si gris, si bleu clair, si rose, si pourpre et à la fois azur et ainsi si tendus vers la voûte infinie du monde.
Je n'avais jamais vu la mer, j'ai pleuré comme pleure une enfant et j'ai alors pensé à vous. Un peu comme si vous étiez en chacune de mes larmes ???
Je me suis aussi souvenue de ce que vous m'aviez dit de ce que faisaient les hommes, chez vous, pour se protéger des balles au combat. Aussi je vous adresse cette médaille, puisse-t-elle vous protéger et vous porter bonheur. Puisse-t-elle encore veiller sur nous deux et sur notre avenir (...)
J'ai ri aussi près des parcs à huîtres en entendant des échanges entre marins faits de "heulà" et autres "che-che-che" chatoyants.
Alors je m'essaye au normand : "Ch'te matin chuis rarrivé qu'à sept heures du sè à Caen, et cha marchait pas vit'. !"
Me comprenez-vous ?
Votre Hughette.