.

.
Paisani in anda pà a fiera di u Niolu. LC Canniccioni v 1910

08/07/17

Octobre 16

Très cher Sarratu,

(Je reprends là un courrier où je l'avais laissé ce 30 octobre et vous le réadresse.)

Ma colère est presque retombée: c'était hier, j'étais sortie faire une course en bas de l'immeuble chez Monsieur Jardy. Je cherchais un flacon de pétrole pour nos lampes mais il n'en n'avait pas et comme je suis têtue, j'ai couru tout Paris pour trouver ce que je cherchais.
Chemin faisant j'ai croisé un groupe d'enfants dont le plus ancien n'avais pas plus de huit ans. Ils jouaient à la guerre. Oh, ce n'est pas leur jeu qui m'a ramené à vous, non, ce sont ces visages enfantins, obnubilés, nourris par l'instant, qui m'ont interpellée et fait penser à vous.
Oui, car je pense à vous tout le temps.
Oui votre défection m'a fait pleurer et mise très en colère. Mais ces regards m'ont dit, du moins, de ce que j'en ai compris, m'ont dit de revenir à vous.

Peste, j'aime les enfants, que voulez-vous !

Savez vous que ce 30 octobre j'ai eu 19 ans ? Je rêvais de passer cet instant avec vous.
J'ai du mal à vous pardonner mais, ne suis-je pas votre marraine? Alors cher Sarratu ne vous inquiétez pas. Je serai toujours là pour vous, toujours, retenez bien.
Écrivez-moi encore.
Puisse Dieu nous assister.

Huguette



(c) Musée Albert Khan