.

.
Paisani in anda pà a fiera di u Niolu. LC Canniccioni v 1910

10/06/17

Dilirium

Paris, Chatelet ce 27 9mbre 1916


Cher Sarratu,

Je suis mortifiée. 
Madame D du B m'a confié, hier, un ouvrage qui m'a tout de suite enivrée au point qu'il m'était devenu impossible d'en détourner mes yeux, jusqu'à ce passage que je vous livre :

"Je suis veuve... −  J'étais veuve... − mais oui, j'ai été bien sérieuse jadis, et je ne suis pas née pour devenir squelette !... −  Lui était presque un enfant... Ses délicatesses mystérieuses m'avaient séduite. J'ai oublié tout mon devoir humain pour le suivre. Quelle vie ! La vraie vie est absente. Nous ne sommes pas au monde. Je vais où il va, il le faut. Et souvent il s'emporte contre moi,  moi, la pauvre âme. Le Démon ! −  C'est un Démon, vous savez, ce n'est pas un homme."(1)

Cet extrait m'a glacée, je ne sais qu'en penser. Dites-moi vous, qui savez tant de choses ?
Oh si seulement je pouvais reposer ma tête sur votre épaule. 

Ch'avivu da dì, ni ?

Aghju presu e aghju tandu scrittu, eiu : " Hughette, ne croyez pas les écrivains. Non, la vraie vie est présente, nous sommes bien au monde ! La mort n'existe pas... Les Démons sont seulement là pour faire peur aux enfants ! Moi, "je ris parce que le siècle est noir"(2), mais, "je cherche l'or du temps"(3), celui que vous voudrez bien m'offrir."

Avivu da dì, eiu, ch'erami in infernu ? E chi, vita presenti, più nun ci n'era ?

"Wild is the wind"(4).

(1) A Rimbaut, Prologue abandonné
(2) B Brecht
(3) A Breton
(4) N Simone