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Paisani in anda pà a fiera di u Niolu. LC Canniccioni v 1910

08/06/17

La Samaritaine (1)

Paris, ce 22 septembre 2016,

Hier, notre logeuse Mme D du B a décidé de me sortir, me reprochant sans vraiment de pincettes cet air si profondément triste qui, dit-elle, "ruine mon visage". Nous sommes donc parties vers la rue de Rivoli en passant par la rue des Lavandières, direction la Samaritaine, le grand magasin du quartier, à l'assaut de la bonne humeur !
Inutile de vous dire d'abord mon grand étonnement devant un tel étalage de toute nature et de toute provenance. On aurait dit un magasin de poupées à notre dimension. Tout semblait si facilement accessible et le spectacle était encore plus dans la cohue que dans la profusion même de marchandises. Il y avait des femme seules, des femmes accompagnées de leurs maris, peut être de leurs amants. Elles avaient un point commun: l'avidité de leurs regards, comme si tout, tout d'un coup, devait impérativement leur appartenir.
Combien aurais-je donné de robes ou de jupes, de chapeaux, de redingotes, que sais-je... pour vous voir ne serait-ce qu'un instant à mes côtés.
Non, il semblait là que posséder un morçeau de tissu suffisait à effacer les misères de la guerre. Guerre auxquelles elles ne semblaient confrontées que de très loin.
Tout cela me donna le vertige et je ne me sentis vraiment bien qu'une fois fois sortie de ce bal de dupes. D du B me dit alors : "Vous semblez hors de portée, ma fille." Je n'ai pas vraiment compris cette remarque que j'ai trouvée vraiment sévère.
Sarratu, vous me manquez affreusement, si vous saviez.