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Paisani in anda pà a fiera di u Niolu. LC Canniccioni v 1910

25/07/17

Tin-tin

Dui ori di mani.
Ma comu mi sarà vinutu quistu in manu cù i sò: "Die hoffnung stirbt zuletzt*", (dì ô funghi, sterpu st'erba zù, lestru, lestru.) à sappè ciò ch'eddu t'aviva à dì ?
D'induva ch'eddu sarà vinutu ? Da ssi Prudi Urientali ? D'altrò ?
Ah certi cosi, vi dicu !
U m'eru trovu, quissu, in uni scorru di a "tranchée" 123b à manca, inzilittu e mortu da a paura, fucili in tarra e mani soppra à u capu. Cù li sò "Tin, tin" in bocca, tin-tin-tintacciu. Aghju capitu eiu chi Tin-tin era u sò nomi à eddu.

U purteddi indi u capitanu.
Tandu à Lejean, "Amenez-moi tout cela en prison, on verra demain, car ce soir j'ai sommeil, sergent, et demain il fera jour..."
U tipu era moru, barbacciutu, forti e maiori. M'assumigliava... m'assumigliava, mancu dà dì !"
Và tù à credala.

Tin-tin
(Da ECPAD)


*(À l'ultimu è a spiranza à mora)

23/07/17

Cher Sarratu

Cher Sarratu,

Quelle vie me promettez vous donc ?
Je suis en colère devant vos silences injustes. Je ne vous comprends pas quand vous cessez d'écrire. Que voulez vous me dire et que voulez vous me taire ? Où donc m'amenez-vous ?
Je vous ai promis mon amour, je ne puis me dédire. Je me promets à vous et vous, vous vous terrez.
Qui suis-je ? À quoi donc voulez-vous en venir ?
Je bous.
Et après, que deviendrais-je ?
Voulez-vous me promettre à un autre ?
Je défaille.
Je me noie.
Je vous aime.

Nustalgia

Tandu Lejean mi dissi :
"Tu sais Sarratu, Je vais te donner ce que je crois être la solution: la nostalgie est toujours en vente dans des magasins vides, tu comprends ?"



E ch'avivu da dì, eiu ?

Acqui e acqua

In fini, ci truvedimi infusi, trosci, ciangagliosi. L'acqua minuta, quidda chi nun è criduta, picchja i ciarbeddi indebuliti. I notti s'assumigliavani e i notti parivani ghjorni. 
Fusei, cannunati, tiri e altri, strappavani i veli di u celi. Si sintiva a tarra scatavultulata chjamà "Aiutu". 
Pò, falava u silenziu e s'inguttupava ssi locchi.
Tempu par l'omu di ripiglià soffiu. Dumandavami:
"Una minuta sola, aiò, pà piacè."
E pò stonda doppu baddava a caldianata.

Nostra vita cusigna. Dumani venarà... Quali è chi a sà ?



À Malù, suldatu tiragliori

E sò ghjunti cui sta sera
Chi battiva lu tam tam
E di ritmu in ritmu
Battiva a frenesia

Di l'occhji a frenesia
Di i mani a frenesia
A frenesia
Di sti pedi di petra
DIPOI
quanti MÈ MÈ MÈ
Si ni sò morti
Dipoi ch'eddi sò ghjunti sta sera
Battiva u
tam
tam
Battiva di
Ritmu in
Ritmu
A frenesia
Di l'occhji
Di i mani
A frenesia
Di sti pedi di petra

(Léon Gontran Damas, Pigments, Présence africaine, 1962)

Chère Hughette (2)

Chère Hughette,

Les coups pleuvent, comme d'habitude.
Comme d'habitude des hommes tombent et l'on peut imaginer au loin les plaintes de leurs épouses éplorées.
Oui, chère Huguette, les corps saignent en d'infinis, torrents livides. Heureusement car nos larmes se sont depuis longtemps taries et nos mots, eux, restent sagement figés.
On s'habitue donc à tout et sutout à la mort. La vie savait surprendre. La mort, elle, est une maîtresse facile et tellement prévisible dont, ici, personne n'a plus vraiment peur.
Bien sûr, il reste les: "Si je vis, je..." et suit alors la litanie de nos pauvres rêves épuisés.
Chère Hughette je vous livre mon "Si..." et vous laisse l'imaginer car, vous êtes seule à me connaître tant. Comme, au fond, je suis peut-être le seul à vraiment vous connaître, n'est-ce pas ?
Il y a tellement de temps que nous nous aimons.

21/07/17

Chère Hughette (1)

Hughette,

Votre silence gluant colle aux madriers de la tranchée 187. Et je me demande:
-Priez vous toujours ?
-Et pour nous, aussi ?




(Lettre publiée la première fois le 21 février 1916, soit plus d'un mois et demi après le dernier signe de vie d'Hughette depuis son arrivée en Normandie.
Un courrier précédent de Sarratu à Hughette était intitulée "Adieu Hughette"*. Il semble que les voeux de Sf, postés soigneusement le 31/12/1916, soient restés sans réponse, sans qu'on ne sache si cela venait de problèmes de distribution du courrier ou du véritable silence de l'être cher.
Quoiqu'il en soit, après 30 mois de guerre, d'instruction civile et militaire, de contacts avec les uns et les autres, Sf maîtrisait désormais parfaitement le français.)

*Voir Sarratu fora, parti (2)

Debii e lavureri

A ghjurnata sola un bastava. Era cusì dipoi sempri:
Mi tuccava avà, à traccià, rompa e cruccià.
Nostra vita cusigna, chi vuleti...

20/07/17

Ouistreham (1)

Ouistreham ce 29 décembre 1916

Très cher Sarratu,

Me voici donc, comme prévu, en Normandie... Nous sommes parties dimanche de Paris, Mme D du B tenant absolument "à passer son Noël presque comme si rien n'était".
Après un épouvantable voyage de 12 heures (métro puis train, diligence et calèche, ouf !) nous arrivâmes enfin à destination.
Le ciel m'est apparu immense, si haut. Je n'avais jamais vu de nuages si grands, si ronds, si gris, si bleu clair, si rose, si pourpre et à la fois azur et ainsi si tendus vers la voûte infinie du monde.
Je n'avais jamais vu la mer, j'ai pleuré comme pleure une enfant et j'ai alors pensé à vous. Un peu comme si vous étiez en chacune de mes larmes ???
Je me suis aussi souvenue de ce que vous m'aviez dit de ce que faisaient les hommes, chez vous, pour se protéger des balles au combat. Aussi je vous adresse cette médaille, puisse-t-elle vous protéger et vous porter bonheur. Puisse-t-elle encore veiller sur nous deux et sur notre avenir (...)
J'ai ri aussi près des parcs à huîtres en entendant des échanges entre marins faits de "heulà" et autres "che-che-che" chatoyants.
Alors je m'essaye au normand : "Ch'te matin chuis rarrivé qu'à sept heures du sè à Caen, et cha marchait pas vit'. !"
Me comprenez-vous ?

Votre Hughette.


Confiteor

Je revois, de ce corps, la puissance de l'être.
Et puis en un instant la volonté contraire,
Et d'un ultime assaut, une blessure profonde.
Ô vie, on me dit que c'est toi qui arbitre les choix ?
Et là, tu l'abandonnes.
Et là, en un instant, c'est la Mort en vainqueur qui traîne fièrement ses reliques en linceul:

La défaite est totale.

19/07/17

Noël 1916

Sunniatu aghju sta notti di Natali d'un visu fattu à quartoghju cusgitu cù pezzi neri e bianchi.
U mi l'aghju vulsutu tena, parò m'è scappatu quand'e mi sò discitatu.
Sarà statu forsi lu vostru, u voltu ?

16/07/17

Guerra

Chjamani "fini di i tempi", appuntu u ghjornu chi si mostra com'eddu è : esplusivu, affundevuli, accendivuli, comu diciarini "guerra", u ghjornu chi l'anima umana suivita u sò versu naturali."*

*Jean Giraudoux, Sodome et Gomorrhe, 1943.

15/07/17

À C (10)

Sogu eiu l'arrori chi ti è piaciutu à cummetta.

Malù

Malù est africain.
De ces troupes engagées très souvent sur le front, toujours en première ligne. Alors je lui demande s'il a peur de mourir, ce qui peut arriver. Sa réponse me plait, il dit : "On ne tue pas deux fois, crocodile déjà mort !"
Je lui demande alors : "Malù, mais qu'est-ce qu'un cocodrile ?" Et dans un rire sans fin, il me répond: "C'est toi !"

Voici l'aube. Sans doute, vas-tu me lire. Au loin un piano noir semble jouer des arpèges sans fin, je rêve. Je rêve. Le mot d'imprégnation, minable s'il en est, revient dans ma mémoire... il aura coûté cher.

Je ne dors plus, je rêve.
Je rêve que l'on se parle, je rêve que tu m'aimes, je rêve que tu reviens, je rêve que tu m'écris, je rêve que l'on se tient et que l'on vit ensemble, sans fin.

Impregnation, je t'aime.

Malu, sinigalesi e tiragliori, 1916

14/07/17

À noi (annoi)

O morte secca pianta,
Deh, veni o morte*
Et savoir enfin l'irresistible Eternitè**.
E stancià per sempri l'irreparevuli soffiu,
D'una prumessa à vena :
La nostra trista sorte,
D'u nostru amori loffiu.
Et cesser de penser: et,
Mourir d'abord et puis donner la mort.


*Esposizioni, sonetto 54, Torquato Tasso.
** Lettres à Lou, novembre 1914, G Apollinaire.

Le 17 décembre 1916

Mon si cher Sarratu,

Vous me dites qu'il vous manque ce qui éclaire pour pouvoir mieux me lire.
Je n'arrive pas à croire qu'une chose pareille nous soit arrivée, alors que nous allions si bien ensemble. Cela n'aurait jamais dû se produire.
Je me sens perdue et victime de mon orgueil mal placé.
Je vous aime.
Hughette

Ps: Je me sens si seule.

12/07/17

Da Vinci-a o da perda ?

Stavami cuì, à corpi e animi martirizati.
I spiriti malagni accupati à spinzà punti di freccii murtali.
Nostra vita cusigna...
O San' Bastianu, aiò, prigheti par noi.

L. da Vinci, (c) Tajan

Ce 16 décembre 1916

Très chère Hughette,

J'ai reçu votre lettre mais ici, la lumière est si faible que j'ai du mal à lire.

Lejean, mon capitaine, m'a parlé des musées et des expositions et puis des hiéroglyphes, d'un certain Champollion et de ses découvertes : il est des mots obscures qui éclairent une vie, comme il peut exister de grands silences, clairs, pour assombrir les temps.
Ici, il pleut et ici déjà le froid s'en est pris à nos corps. Nous tenons.

Je vous aime: en français, en corse* et même en hiéroglyphes**.

*(Ti tengu caru)
**(Mrì``ì``țn)

Vae, và !

Vae victis, e basta.

11/07/17

Ghjeroglifi, chi sò scritti divini

Paris, le 15 décembre 1916

Cher Sarratu,

Que vous dire ?
Si, dimanche dernier notre logeuse nous a amenées, tante et moi au musée du Louvre. Le musée, qui est à moins d'une heure de la maison, est installé dans un ancien palais royal austère aux murs noirs et tristes, vraiment tristes.
Nous avons visité des salons très divers, dire que je ne savais pas ce qu'était un musée !
Ce qui m'a le plus impressionnée est, sans doute, la collection égyptienne. On y trouve, par exemple, la tête roi Didoufri (ce nom m'a fait rire...) tout récemment acquise par le musée. J'ai été interpellée par ses yeux profonds mais figés, gravés dans un bloc de grès rouge, si finement taillé.
Plus loin, on découvre des pierres couvertes de dessins. Mme du B. m'explique qu'il s'agit là de la première écriture que le monde ait connu des iè-rò-glifes. À chaque dessin correspond un mot ou une syllabe et le tout forme des phrases étonnantes. Sur une pierre, on peut ainsi lire: "Khéperkarê doté de vie et pouvoir comme Rê éternellement, aimé de Satet". 
Je n'ai pas tout compris mais j'ai retenu qu'il y a donc plus de 4 000 ans l'amour éternel existait déjà !
J'aimerais savoir déchiffrer ces rébus. Comprendre ces signes muets dont l'ordonnancement est aujourd'hui devenu inutile mais dont le sens persiste et qui a pu traverser les siècles.
Apprendre à écrire ces signes, pour ne pas être comprise.
Peut-être pour écrire à quelqu'un qui ne veut plus me lire ?
Oui, c'est ça, je crois que je voudrais écrire à une pierre qui ne puisse plus lire, plus me répondre, je vous aime.


Puvarettu

Povaru à eddu, povari à noi...

(C) ufunk.net

10/07/17

5 décembre 1916

Les jours semblent plus longs, avec eux, leur cortège de peines.
Je vous ai écrit hier, répondrez-vous jamais ?
Imaginez un instant si cette seule promesse de néant était la certitude qui compte ?

09/07/17

Lettre à une absente

4 décembre 1916

Chère Huguette,

Le front est calme.
Votre lettre m'est enfin parvenue. Elle est datée du 23 novembre 1916.
Je ne sais que penser: est-elle la dernière que vous m'ayez envoyée ou les autres se sont elles perdues en route? Au ton que vous employez, il me semble que ce soit bien la première depuis des mois. Celle, en sorte, qui met fin, enfin, à ma punition.
Que vous dire d'abord ?
Que dés sa réception, un doux feu intense s'est emparé du profond de mon être. Les obus prussiens font moins de chaleur en moi, que ne peuvent faire chacune des lettres de chacun de vos mots.
Je vous ai trouvée distante, cassante.
Que dois-je dire pour enfin me justifier?
Que je sais être lâche ? Oui, oui, oui !
On peut, vous devez le savoir, réussir ses sorties de tranchées, s'époumoner au sifflet du "à l'attaque" et houspiller les hommes (surtout, les misérables, ceux qui réfléchissent et qui ont peur de la mort). Oui, on peut avoir ce courage là et se désespérer d'une absence, d'un silence, d'un mépris, et fuir, alors, alors qu'on veut rester.
Huguette, je-vous-aime, et cet aveu me coûte autant qu'il est sincère.
Je vous aime depuis notre rencontre, depuis avant même votre tout premier souffle. Et vous devez savoir que ce silence résonne en moi comme un immense vide au coeur d'une montagne qui s'en va s'effondrer.
De ce que je sais de vous, cet aveu ne touchera qu'une partie de vous même. Comme si vous étiez deux:
Comme j'aime la claire, je redoute la sombre: celle qui s'enferme et qui se persuade. C'est la sombre qui sort le plus souvent vainqueur de ce combat singulier qui se déroule en vous. Mes mots, mes pauvres mots touchent donc l'une, comme ces mêmes mots glissent sur la peau rugueuse de l'autre. Des mots qui ne sont surtout pas là pour vous toucher mais qui sont simplement là, pour vous dire.
Je vous aime et ce depuis toujours et avant notre rencontre, avant votre enfance même. Et alors ?
Vos mots ont guéri mes nuits noires et mes journées blanches, sans répit, et vous êtes à moi !
Votre silence, votre sévérité nourrissent mon désespoir, chacune de mes pauvres làchetés, source parfois de nos échecs et alors, là justement: je vous perds ou je fuis.
Pour ce qui est du reste, l'avenir l'écrira. Je vous en supplie, ne joignez pas votre encre noire à ce triste spectacle.
Huguette, vous l'avez donc compris: un mot, un seul mot de vous est une onction précieuse, pour un être affaibli par la pluie, le froid, le noir, la charogne, la gangraine qui nous touchent, pauvres hommes, déjà meurtris, déjà morts mais malheureusement, encore vivants.
Comprenez-vous cela ? Y répondrez-vous ? Faut-il que je déserte ?
Oui, j'ai besoin de vous voir pour rendre un sens à nos deux existences.
Je me noie au milieu de tranchées gorgées de boues très sales. Je me noie.
Comprenez-vous cela ?
Vous même chère Huguette, trouvez-vous le sommeil ?

Sf

08/07/17

Octobre 16

Très cher Sarratu,

(Je reprends là un courrier où je l'avais laissé ce 30 octobre et vous le réadresse.)

Ma colère est presque retombée: c'était hier, j'étais sortie faire une course en bas de l'immeuble chez Monsieur Jardy. Je cherchais un flacon de pétrole pour nos lampes mais il n'en n'avait pas et comme je suis têtue, j'ai couru tout Paris pour trouver ce que je cherchais.
Chemin faisant j'ai croisé un groupe d'enfants dont le plus ancien n'avais pas plus de huit ans. Ils jouaient à la guerre. Oh, ce n'est pas leur jeu qui m'a ramené à vous, non, ce sont ces visages enfantins, obnubilés, nourris par l'instant, qui m'ont interpellée et fait penser à vous.
Oui, car je pense à vous tout le temps.
Oui votre défection m'a fait pleurer et mise très en colère. Mais ces regards m'ont dit, du moins, de ce que j'en ai compris, m'ont dit de revenir à vous.

Peste, j'aime les enfants, que voulez-vous !

Savez vous que ce 30 octobre j'ai eu 19 ans ? Je rêvais de passer cet instant avec vous.
J'ai du mal à vous pardonner mais, ne suis-je pas votre marraine? Alors cher Sarratu ne vous inquiétez pas. Je serai toujours là pour vous, toujours, retenez bien.
Écrivez-moi encore.
Puisse Dieu nous assister.

Huguette



(c) Musée Albert Khan

3 décembre 1916

Et si l'éloignement nous rendait plus lucides ?
Ne meurs pas.

07/07/17

2 décembre 1916

Très chère Huguette,

Je voudrais vous visiter: quel est le nom de la prison qui vous enferme ?



Autant, in My-Art

04/07/17

Aspirazioni

O verità, lumen cordis mei, non tenebrae meae loquantur mihi ! Defluxi ad ista et obscuratus sum, sed hinc, etiam hinc adamavi te. Erravi et recordatus sum tui. Audivi vocem tuam post me, ut redirem, et vix audivi propter tumultus impacatorum. Et nunc ecce redeo aestuans et anhelans ad fontem tuum. Nemo meprohibeat: hunc bibam et hunc vivam. Non ego vita mea sim: male vixi ex me, mors mihi fui: in te revivesco. Tu me alloquere, tu mihi sermocinare. Credidi libris tuis, et verba eorum arcana valde.

Ò verità, lumi di lu mè cori, nun lascia sti tenebri mei ad intratenami. Spapersu tra l'esseri di stu mondu, si è oscurata a mè vita. Ma cuì, puru cuì, culà, t'aghju tinuta cara à l'infinitu. Mi sbagliavu e tandu, di tè, mi sogu arricurdatu. Aghju intesu darretu à mè la tò boci chi mi diciva : volta ! Un è cà u rumori di i passioni umani ad avemi impeditu di sentati. Fighjulgu avali la tò santa fonti e à edda mi ni voltu, soffiu e sudu. Và ch'un ci sarà nimu à impedisciami ! Chi l'aghju da bia e n'aghju da campà. Un sogu la vita meia. Di mè vissi mali. Sogu statu eiu la mè morti: in tè rivivu : parlami, ammaestrami. In i santi libri toi, ci aghju cridutu eiu, ed à li sò verbi chi sò arcani maiori.

Santu Austinu, Confessioni, Libru XII, cap 10

Vérité. Lumière de mon coeur. Ne laisse pas ma part obscure me parler. Je me suis dispersé là-bas. Je suis obscure. Mais là, même là je t'ai aimé(e) à la folie. Je me suis perdu et je me suis souvenu de toi. J'ai entendu ta voix derrière moi. Reviens. J'ai mal entendu à cause du vacarme d'une impossible paix. 
Maintenant, regarde, je reviens à ta source. En feu. Le souffle coupé. 
Personne pour m'en empêcher. Je vais la boire. Je vais en vivre. Je ne suis pas ma vie. Je vis le mal de moi. J'ai été ma mort. En toi je revis. Parle-moi. Explique-moi. J'ai cru tes livres. Les violents mystères de leurs paroles. 

Saint Augustin, Livre XII, chapitre 10 (traduction de Frédéric Boyer)



02/07/17

À C (9)

"O medecin de mon être intime (...) Combien il y a t-il de choses dans la mémoire qui ne sont point entrées par le sens ?"

Saint Augustin, Confessions, Livre X , Ch. 10

(Medicu di lu mè essa prufondu (...) dimmi tù quant'eddi ci ni sarani cosi intruti ind'a mimoria mea e chi nun sò intruti da u sensu ?)

Quinine et bleu de méthylène

Camp de F. dans la Somme, 26 novembre du 1916

Bien chère Huguette,

L'impression me parcourt, il semble que cela fait des mois, des années, que je suis sans nouvelles.
Mais quelle faute, aujourd'hui donc, vengez-vous ?

Peut-être ne lisez-vous même pas cette bouteille à la mer.
J'ai donc tout raté et peut-être êtes-vous satisfaite, même, de ma plainte lassive?

Je ne sais que penser. Je trouve la punition sévère, mes mots semblent ne plus suffire. Alors, que voulez-vous? Voulez vous que je déserte ces lignes pour revenir vers vous ? Mais, comment ne pas vous déranger ? Dans votre dernier courrier, vous me disiez votre bonheur d'être à Paris, qu'y ferais-je moi même?
Or vous le voyez bien, mon chapelet à moi est fait de cent mille points de questionnement. Votre miséricorde, à vous, n'est-elle que ce silence ???

Le jeu n'est pas égal et ce n'est pas un jeu.
J'imagine vos traits, la chaleur de vos mains, et je vous sens si proche, là, et à portée de main. Je peux même mesurer la distance.

Je ne sais plus non plus où donc est le courage ?
Tout quitter et venir ? Rester ?
Et le votre de courage, en quoi consiste-t-il ? Vous cacher et vous taire, ou revenir vers moi?
Vous avez mon adresse, le nom du regiment.
Et puis, voyez-vous, nous n'avons qu'une vie, n'est-ce pas un argument, là, pour justement en commencer une autre ?

Il pleut.

Je me dis : chaque goutte de pluie qui rentre dans mon col est un baiser de vous, on dit qu'il va pleuvoir des jours... alors, je suis heureux.

J'entrevois des sourires et des blessures calmées, une douce harmonie et la paix et du sens à nouveau retrouvés.
Une réconciliation, celle, contre les coups injustes et rudes de notre pauvre vie. Nous étions des enfants, rappelez-vous. Et cette guerre là qui ne sait se finir.
Je m'épuise.

J'imagine, j'imagine un voyage.

J'imagine.

Je délire.

L'infirmière me sourit. Je lui demande à boire. Autour de moi, les cris de soldats suppliciés hantent mes oreilles.
Je prends de la quinine, du bleu de méthylène: les fièvres intermittentes (marcatu: batti u tardaveddu)
Parfois la maladie repart, elle me parle de vous, ou bien il arrive parfois, semble-il, au contraire, que c'est vous qui m'entretenez d'elle.

Seriez-vous donc soignante et serais-je assez fou pour mériter vos soins ? Sans doute.

Demain tout ira mieux, et pour vous ?

Je t'aime.

E a prima e a sola, sei sempri stata tù.

30/06/17

Saturneanu

Lejean :" Voyez-vous sergent si j'étais au Ministère en charge du ravitaillement, plutôt que d'envoyer du vin en masse, aux hommes, j'imprimerais en millions d'exemplaires ce poème de Verlaine. Il ferait, j'en suis sûr, le plus grand bien aux troupes.
Oh, il n'est pas très vieux, il doit avoir trente ou quarante ans. Il a cela de particulier qu'il convient à chacun des rêves de chacun de nos hommes. Je vous le livre tel que.
Je me demande si nous ne sommes pas tous, ici, "des aimés que la Vie exila" ?

Il commence ainsi :

"Mon rêve familier,

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon cœur transparent
Pour elle seule, hélas ! Cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues."

Mon front blême est brulant. Et, de là où elle est exilée, voyez-vous, ses larmes me parviennent, rares mais riches, elles savent me parler, plus sans doute que l'éclat de sa voix. Et son nom il est blond, il est doux et sonore, légèrement claquant.
Je l'aime depuis toujours, voyez-vous !
Et vous sergent aimez-vous une femme ?
....

29/06/17

Pienti

Chère Huguette,

Je me perds, je suis perdu.
Il n'y a plus que les coups et les balles pour me faire réagir.
Je suis devenu pantin. Je vis aux ordres d'autres, au milieu de rien. J'ai abdiqué ("rinunziatu", marcatu).
Alors, je me répète. Comme si la répétition d'une tristesse agissait comme sa plus forte consolation ?
Alors je me console, ah oui, je me console, vous dis et redis mon amour d'une fidélité obsédante à l'être que vous êtes, aux faits.
Si vous saviez...
Mais vous savez, n'est-ce pas?

U destinu d'una sporta in falata, eccu oghji ciò chi toccu à mè.

24/06/17

I suldati

Sò vinuti da partutu,
Da ssi Francii e da l'Orienti,
À caccià for'u numicu,
Di a Pruddi à punenti
Fior' di l'omi ancu ziteddi,
Ghjuvanotti e vicchjateddi.
Tutti suldati valenti,
Pronti à lu cumbattimenti.
E sò frimati culà,
Tralalera e...

Black friday, bloody sunday

Cascavani l'omi, cume falani, d'uttrovi, i casci
S'impiivani d'omi i casci sottu à a falci uttubrina.
E, a vita, cusigna.

Bughjiconi

Hughetta, cara mea,

U mondu torra notti...*

*(Tout devient nuit: je m'invente une rencontre, j'essaye de former des images. Ma volonté cède le pas au pessimisme. Comment vivre sans nouvelles de vous ?)

Tisgimuntò

Ce 11 novembre 1916,

Très chère Huguette,

Depuis une semaine nous connaissons un peu de répit. Le regiment stationne en entier à F.
Notre journée fut (?) consacrée à l'installation, au nettoyage des armes, des effets et matériel, au rangement des munitions. Demain nous reprenons l'instruction spécialisée (à destination des artilleurs, grenadiers, mitrailleurs, sapeurs...)

Je dois vous dire que je suis touché, abbatu, meutri (marcatu) une lettre du village m'apprend le décès, au début de ce mois, de mon cher oncle maternel.
J'aimais tout chez cet homme qui a toujours pris soin de moi. Je revois son grand rire quand, enfant il me faisait manger de la farine de châtaigne crue et puis me chatouillait (marcatu), alors je m'étouffais, car la farine est fine et bouche les poumons. Ce jeu, son jeu, est comme d'autres jeux, celui des hommes corses. Les hommes enseignent aux enfants la méfiance, l'adversité, le dépassement, l'instinct, la bataille, la vie en sorte. Plus tard, pour m'appendre à nager il me pris comme on peut prendre un chat et me jeta au milieu d'un lac. L'instinct de survie fit le reste et c'est ainsi que j'appris à nager. Plus tard, il m'appris les armes, celles de la terre et celles de la poudre, et comment m'en servir. Sa mère, ma grand-mère, m'avait elle enseigné contre qui les porter.

Il était en 70 à Strasbourg, il connut la défaite. Heureusement, nous, enfants, neveux, petit enfants, nous étions devenus sa nouvelle victoire. Je lui dois beaucoup, vraiment, voyez-vous.

(...)


23/06/17

Donne-nous aujourd'hui (2)

Marcatu oghji ind'u mè carnè :
Pourriture (frascicumi), briquet (lima), écorchure (muca), prendre un raccourci (arruchjà), être aux fins fonds (essa à l'orli), pupilles (bucciuli), hérissé d'épines (impiuvicatu di pruni)...

À C (7)

Et aujourd'hui, encore,
Je me souviens du grain
de tes doux cheveux clairs.
M'arricordu sempri oghji,
E di tè, e di seta:
Lu dolci filu finu,
Di li capelli toi.
Je t'aime, rappelle-toi.

22/06/17

Hooper

Chère Hughette,

Je vous vois confusément, c'est bien vous n'est-ce pas, l'indicible ?

Irma Haselberger
(Cù Paul Filipi e Angelise Flori,
à ringraziaddi)

18 novembre 1916

À Paul Marie Rodolphe, cascatu in Harbonnières (1914) 

Eri capitanu, fieru, sappii a puesia. 
Toccu à 42 anni, da la morti, scurtesia, 
Di 22esimu regimentu d'infantaria.
Sei mortu par nudda o mortu pà a Patria ?


L'ombre des arbres dans la rivière embrumée
Da l'arburi l'ombra, indi a fumaccia di u fiumi 
Meurt comme de la fumée,
Si ni mori cume facci lu fumi,
Tandis qu'en l'air, parmi les ramures réelles,
Mentri ch'in d'aria, mezu à reali ramulelli
Se plaignent les tourterelles.
Si lagnani i columbelli.

Combien, ô voyageur, ce paysage blême
Quantu, andarinu, ssu litturali scralatu 
Te mira blême toi-même
Ti mirarà, ancu tù sbiancatu
Et que tristes pleuraient dans les hautes feuillées,
E ch'affliti piignarani indi st'alti frundati
Tes espérances noyées.*
E li speranzi toi, annigati !

*Verlaine, Romances sans paroles, 1872


F Weston Benson


21/06/17

M.

"Mon bien aimé..."

(...)
Aghju pò pigliatu e stracciatu a lettara d'Hughetta (sic) chi m'era ghjunta sta mani.
Fatica, fatica, pizzica minica...

Amori à mora...

Aspittanza suspesa,
Cù ssu silenziu chi pesa :
Amori, caru amori,
Da cui ti mandu dui fiori:
Di nepita e puleghju,
Unu mali, l'altru peghju !

19/06/17

Esposizioni, sonnetto 54

"O Morte, secca pianta" diciva sempri à zi Aratrusta.

Vissi: e la prima etate Amore e Speme
Mi facean via piú bella e piú fiorita
Or la speranza manca, anzi la vista
Che di lei si nudria, s'estingue insieme.
Né quel desio che si nasconde e teme
Può dar conforto a la virtú smarrita;
E toccherei di morte a me gradita,
Se non posso d'amor, le mete estreme.

O Morte, o posa in ogni stato 
Secca pianta son io che fronda a' venti
Piú non dispiega e pur m'irrigo in vano.
Deh, vien, Morte soave, a' miei lamenti,
Vieni, o pietosa, e con pietosa mano
Copri questi occhi e queste membra algenti.

Il Tasso

18/06/17

À sfrascichera

Andava u ciarbeddu ingrunchjatu, da un puntu à un antru, biottu, disarmatu. U souvenir d'Hughetta pianu pianu si sfassava e laccava u sò visareddu satinatu, picchjulatu di tacchi giaddicci chi s'alargavani, da rendalu gummosu e da faddu spariscia in una tacca ancu più maiora, sopratuttu nera pecita.
A mani, à l'appeddu, mi lampedi à Lejean : "Allons sergent, du nerf, que diable ! Vous avez laissé vot'cervelle au bordel ou quoi ?"
L'avivu da saltà in cresta ?
L'aghju laccatu dì, viaghjatu a mè strada... M'è vinutu u gomitu in bocca.

Apocalissi (20,10):
E u diavuli, chi i s'ingannava, fù ghjittatu indi un stagnu di focu e di zofulu duve si tenani a bestia ed u falzu prufeta. Sarani tandu tribbulati ghjornu e notti, par seculi seculorum.

Priculu e curaghju

Certi pruverbii parini ghjusti, parò. Piglietimi à quistu : "Ùn c'è curaghju duve ùn c'è priculu." (à vaincre sans péril... )
Venaria à dì: "priculu fà curaghju e curaghjosi e micca di lingua ma di fatti", o qualcosa cusigna.
Dicu eiu :"Priculu fà priculu, l'omu à mezu: cum'eddu pò."

17/06/17

À la Renommée des Escargots (10)

"Très chère Huguette,

Cette guerre est horrible. Vendredi pour rejoindre mon cantonnement, première étape vers votre gare du Nord, j'ai marché sur des cervelles humaines. J'ai glissė sur des lambeaux, de chairs déchiquetées, parsemés sur ce terrain qui me séparait de vous. J'ai serré dans mes mains une boule de terre contenant des phalanges et au bout d'une phalange, une alliance.
Cette boue infâme collait à mes souliers. Alors au moment du depart, j'ai renoncé. J'avais peur de salir vos tapis. Je craignais également que l'odeur de la mort, que portent mes habits, que je porte sur moi, ne dérange votre logeuse.
L'ivresse des alcools forts dont je me suis abreuvé largement lors de ma permission passée, masque à peine celle de la putrefaction des corps versés sur les pentes boueuses des trous d'obus, à la tête parfois noyée dans l'eau saumâtre.
Alors, pour 12 francs, les bras usés d'Aleth ont essuyé ma sueur. Les loupiotes rosées de l'alcôve ont apaisé mes tourments, un temps. L'haleine chaude du corps de cette pauvre femme a réchauffé, pour un temps, ma pauvre détresse. 
Comme s'il y avait peut-être des femmes saintes faites pour ça et d'autres pour donner la vie ???
Vous, vous êtes trop pure, pardon. 
Je reviendrais plus tard, peut-être...

Sf

L'avivu da mandà una lettara cù sti scritti cuì ? Aiò, aio !!! Un ci la facci. Tandu aghju mandatu ssi dui ligni:
"Chère Huguette, départ différé, sommes consignés avec le régiment. Suis en bonne santé. Mes hommages à Madame votre tante".
Megliu cusì, nò ?!

Sta volta u picchju era russinu, chi vuleti...



14/06/17

Ughetta

Mi truvava cù dui fronti cun chi scumbatta. Unu duru, quiddu di a guerra di i fruntieri. Quidd'altru ancu più duru, ma altru più dolci, era oramai quiddu di a guerra d'Ughetta.
Dolci pinseru.

Donne-nous aujourd'hui (1)

Paroddi imparati u 29 d'uttrovu 1916 e purtati indi u mè carnè u ghjornu stessu :

Bouffée de vent chaud (vampata), percer (tavunà, trafurà, trapanà, zirzà), gendarme prévôt militaire (sbirru), mutilation (mozzatura, struppiatura), et égratignure (sgranfignatura, gnerfica)...

Pinsedi : "Il fallait que le français abreuve mes sillons. Ces mots appris, plus la géométrie, plus ou moins Hughette, suffisaient momentanément à satisfaire mon bonheur quotidien. Le reste n'appartiendra qu'à chacun de mes cauchemars à venir". E cusì sia.

Train (1)

Cher Sarratu,

C'est ce matin en rentrant à la maison que j'ai découvert votre courrier m'apprenant que vous êtes en bonne forme.
Savez vous que je vous ai attendu deux jours durant à la gare, guettant chaque train venu du front du nord, jalouse de certaines étreintes et surtout triste, très triste et inquiète de voir tant de visages défaits, et inquiète, très inquiète de ne pas vous compter parmi eux ? Je vous avais apporté un portrait de moi que Mme D du B a crayonné avant-hier au soir. 
Je m'enerve, je me dis que vous êtes un méchant homme.
Je ne sais si c'est votre courage ou votre lâcheté qui vous ont dicté votre choix de ne pas monter dans ce train, mais le résultat est là.
Je vais maintenant, si vous me le permettez, me reposer et reprendre mes esprits.

Une fois rentrée à la maison, tante n'a rien dit.

Vous me peinez et me déshonorez à la fois. Comment lui expliquer, en effet, que cela fait deux jours que je garde d'hypothétiques trains débarquant des fantômes de guerriers et que justement, le mien de guerrier, a choisi lui notre défaite ?
Je suis abattue.
Je ne sais plus si je dois dire : "votre Huguette" ?
J'ai l'impression que j'ai tout dėsappris.
Je suis triste, fatiguée.




A Renoir (ditagliu)

Dimanche 12

Mon cher Sarratu,

Un dimanche de plus. Un dimanche de plus sans vous. Je vis dans votre silence comme, j'imagine, vous vivez dans les tourments de la guerre.
Je forme mille projets pour votre prochaine venue à Paris.
Mon regard a changé. Il m'importe désormais de capter le détail de chaque chose que je voudrais vous montrer, voir avec vous.
Tante, hier au soir, m'a gentiment parlé de vous. Peut-être m'a-t-elle aussi parlé de nous ?
Je suis bouleversée, vous me manquez tant, et ces heures qui ne semblent pas passer assez vite. Qu'en sera-t-il dimanche soir à l'heure de votre départ ?
Soyez fort pour deux, je vous en prie.

Votre Hughette

12/06/17

Metonimia

Paris, ce 9 novembre 1916,

Mon cher Sarratu,

Je pense à vous tout le temps, et c'est ainsi que vous me revenez.
Si vous saviez comme j'envie ce billet qui, même s'il ne contient rien qui compte, sera tenu bientôt entre vos chères mains.
Ce rien là, suffit cependant à me combler, car c'est à vous que je l'adresse.

Ici, l'automne...

(Doppu, mi sogu addurmintatu, a fatica, un aghju pussutu tena...)